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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 23.djvu/187

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semer ; et, tandis que ses confrères n’aperçoivent sur le corps de Mence aucune trace de mort violente, il leur démontre de quelle manière le vieillard a été assassiné. Cependant la disparition du jeune Mence le fit d’abord soupçonner ; mais les francs-maçons s’étant réunis en loge trouvèrent le cadavre en putréfaction, et alors on se rappela que l’infortuné Mence n’avait pas reparu depuis la nuit du bal. Ces indices éveillèrent la surveillance de la justice. Langlade, alarmé des bruits qui circulaient sur son compte, s’avisa tmp tard de prendre des précautions pour éloigner les preuves matérielles de ses crimes. Ses malles furent arrêtées aux portes de la ville, et l’on y trouva tous les objets qu’il avait volés dans la maison de l’horloger. Il fut arrêté le 20 février. On instruisit son procès, et, d’après ses propres aveux, il fut condamné, le 12 avril 1708, à être rompu vif, à expirer sur la roue, son corps à être brûlé, ses cendres jetées au vent, et sa tête à être exposée dans un lieu élevé, pour perpétuer le souvenir de ses forfaits. Conduit au supplice le lendemain dans un tombereau, à travers une foule immense, il saluait gracieusement à droite et à gauche toutes les personnes qu’il connaissait. Arrivé au pied de l’échafaud, il en franchit les marches avec légèreté, conserva son audace jusqu’au dernier moment, et reçut la mort avec beaucoup de courage et de fermeté. La tête de Langlade, réduite à des ossements blanchis par le temps, fut fixée par une grille de fer contre les remparts d’Avignon, près de la porte du Rhone, et elle y resta exposée durant vingt, quatre ans. ` A-r.


LANGLAND ou Loucumo (ltoaear), moine de Malvern, né, dit-on, à Cleobury Mortimer, dans le Shropshire, fut élevé, suivant Buchanan, à Aberdeen, et vivait vers l’an 1560. Langland, auquel on a aussi donné le nom de Guillaume, passe pour avoir composé un poëme célèbre intitulé la Vision de Piers le laboureur (the Vision of Piers Ploughman), dont deux éditions ont été données à Londres par M. Thom. Wright en 1842 (la 2° édition est de 1856, 2 vol. in-12). Toutefois il règne encore beaucoup d’incertitude sur le véritable auteur de ce livre singulier. Diverses allusions qu’on y rencontre montrent qu’il avait été écrit sur les frontières du pays de Galles et que son auteur résidait aux environs de Malvern-Hilles. Des allusions au traité de Brétigny, à la grande contagion de 1561 et 1562, en font porter la date à la fin de l’année 1562. La Vision de Piers Ploughman est un poëme allégorique qui appartient à la même classe d’ouvrages que le célèbre Roman de la Rose ; il respire les idées de réforme qui fermentaient déjà alors en Angleterre. On y trouve à chaque page des traits satiriques contre le clergé. La célébrité qu’il obtint flt bientôt adopter comme un type, par les partisans de la réforme, le nom de Piers Ploughman. On vit d’abord paraître le Credo de Piers Ploughman (the Creed of Piers Ploughman), qui est l’œuvre manifeste d’un Wicléfite et que Th. Wright a donné à la suite du premier ouvrage, d’après un manuscrit contemporain. Piers Ploughman est le modèle du paysan révolté des abus qui régnaient dans l’Église. Suivirent un grand nombre d’autres imitations, dont l’une a été insérée dans les œuvres de Chaucer sous le titre de Conte de Ploughman (Ploughman’s tale), et est antérieure à la première moitié du 15e siècle. On connaît deux manuscrits du Credo de Plouglman, l’un qui appartient au British Museum. l’autre à la bibliothèque de Trinity College, à Cambridge. La 1re édition de la Vision a été donnée en 1550 par Robert Crowley et la 1" du Credo fut publiée trois ans après par les soins de Reynold Wolfe. Ce fut seulement en 1815 que parut, grâce au docteur Whitaker, la 2° édition de la Vision, d’après un manuscrit appartenant à M. lléber. En 1814, on en donna une du Credo.

A. M-Y.


LANGLÉ (Jean), conseiller au parlement de Rennes, étudia le droit à Bourges, sous Alciat, et eut pour condisciple et ami le célèbre Douaren, de Moncontour. Député vers Charles IX, aux états généraux de 1560, il se concilia l’estime de ce prince, qui le retint quelque temps à Bordeaux, et lui permit de siéger au parlement de cette ville. Langlé, que Loyseau (Traité des officiers. liv.1, ch. 8, n° 55) appelle docte, était en outre éloquent, érudit et généreux. On lui doit un ouvrage composé dans ses moments de loisir pendant les vacances du parlement, dans lequel il s’occupe de la jurisprudence en général et de ce qui se passa de son temps au barreau de Rennes. Cet ouvrage, que Sauvageau, dans ses notes sur Dufail, qualifie d’excellent, a pour titre : Juni Langlæi, regii in senatu Britanniœ Celticœ consiliarii Otíum semestre. Rennes, 1577, in-fol. On ignore les lieux et les dates de sa naissance et de sa mort.

P. L-t.


LANGLE (Pierre de), évêque de Boulogne, naquit à Évreux en 1641, et, après y avoir fait ses premières études, vint les achever à Paris. Il entra dans la maison de Navarre ; mais c’est par erreur que Moréri dit que le jeune de Langle y eut Bossuet pour collègue. Bossuet avait dix-sept ans de plus que l’abbé de Langle, et il était sorti de Navarre bien avant que celui-ci y entrât. L’abbé de Langle eut, à la vérité, par la suite, des liaisons avec le célèbre évêque de Meaux. Reçu docteur en 1670, il devint chanoine d’Evreux, et remplit successivement les fonctions de pénitencier, d’official et de grand-vicaire du même diocèse. Louis XIV le choisit pour précepteur du comte de Toulouse, et lui donna l’abbaye de St-Lo, au diocèse de Coutance. Il fut nommé, en 1697 agent du clergé, et l’année suivante évêque de Boulogne. Les commencements de son épiscopat firent honneur à son zèle ; il visita son diocèse, dressa de nouveaux statuts, convoqua des synodes, établit des conférences ecclésiasti-