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cipaux chefs, faire fusiller à l’instant ceux qui tomberaient dans ses mains, démolir les maisons, briser les cloches, enlever des otages, etc. L’histoire doit reconnaître qu’il fut loin de se livrer à de pareilles cruautés. Après avoir publié une proclamation par laquelle il excitait les peuples de la Vendée à abandonner ceux dont la présence leur fut toujours funeste, il obligea tous les parents des Vendéens qui se trouvaient à Angers de s’éloigner de cette ville. Il écrivit ensuite franchement, le 9 juin, avant de passer la Loire, aux chefs de l’armée royale, qu’il ne rougirait par de leur demander la paix, parce que dans les guerres civiles la seule gloire est de les terminer, que l’aspect d’un champ de bataille où l’on ne voyoit que des Français lui déchirait l’âme, etc. Il ne manœuvra ensuite qu’avec beaucoup de lenteur et de circonspection, ménageant évidemment les personnes et les propriétés, et ne faisant exécuter aucun des ordres rigoureux qu’il avait reçus. Après quelques combats de peu d’importance, si ce n’est celui des Nattes, où périt Louis de la Rochejaquelein, et celui de la Roche-Servière, où il eut affaire à la plus grande partie des forces vendéennes, il amena la plupart des chefs, et notamment Sapinaud, qui avait le commandement général, à signer un traité de paix auquel d’autres chefs refusèrent de se soumettre, mais qui cependant fut le dernier événement de cette guerre. La crainte trop fondée de voir les étrangers profiter de nos dissensions pour opprimer et partager la France porta dans ce temps-là quelques royalistes à une proposition très›honorable, et qui, bien que reçue avec empressement par Lamarque, n’eut aucun résultat : c’était de se réunir à lui et de se placer sous ses ordres pour combattre ensemble les ennemis de la France. Si cette généreuse proposition n’eut aucune suite, ce n’est pas Lamarque qu’il faut en accuser. Dès que l’autorité du roi fut rétablie, ce général s’empressa de s’y soumettre, et il fit prendra la cocarde blanche à son armée. Cependant cette guerre lui avait fait près du trône des ennemis puissants. Placé sur la liste de proscription du 24 juillet 1815, il fut obligé de se réfugier dans les Pays-Bas. C’est là qu’ayant lu un mémoire dans lequel le général Canuel blâmait sa conduite dans la dernière campagne vendéenne, Il y fit, tous le titre de Lettre du général Lamarque au général Carmel, une réponse fort ingénieuse et tout à fait écrasante pour son adversaire. « Une diction piquante, satirique, un style vigoureux et élevé, a dit un biographe, rappellent au lecteur les Mémoires de Beaumarchais et les Lettres de Port-Royal… » Dans le même temps Lamarque adressait au roi un mémoire fort pressant, et cependant très-respectueux, pour obtenir la fin de son exil ; mais il ne l’obtint qu’en 1820. Alors Il vint habiter la capitale, et parut ne s’y occuper que d’objets littéraires. Le parti de l’opposition libérale s’efforça à plusieurs reprises de le faire nommer député, mais il ne put y réussir qu’en 1829. Lamarque siégea à l’extrème gauche de la chambre. Réélu après la révolution de 1830, qu’il avait complétement approuvée et secondée, il fut encore une fois envoyé par le nouveau gouvernement dans les départements de l’ouest, où l’on craignait un soulèvement de la part des royalistes. Ce soulèvement n’ayant pas eu lieu, La* marque revint siéger à la chambre des députés, où il prit plusieurs fois la parole sur des questions militaires, entre autres pour les membres de la Légion d’honneur, et où il continua de voter avec la majorité jusqu’à sa mort, qui eut lieu le 1er juin 1858, des suites de l’épidémie cholérique. Ses funérailles au cimetière de l’Est attirèrent un nombreux concours. Deux partis s’y étant trouvés en présence, il en résulta une lutte sanglants qui dura plusieurs jours, et qui ne fut terminée que par un déploiement de forces considérables et la présence du roi Louis-Philippe dans le quartier Saint-Martin, au plus fort du combat. On a encore de Lamarqua : 1° Nécessité dans armée permanente et projet d’une organisation d’infanterie économique, Paris, 1820, in-8° ; 2° De l’esprit militaire en France, des causes qui contribuent à l’étendre, de la nécessité et des moyens de le ranimer, 1826, in«8° ; 3° Mémoire sur les avantages d’un canal de navigation parallèle à l’Adour, considéré sous le rapport agricole, commercial et militaire, Paris, 1825, in-8° ; 4° Notice sur la vie de Bastarêche, des Basses-Pyrénées, imprimée en tête d’un Choix de discours de ce député. Paris, 1828. On a publié, en 1855, un ouvrage posthume, sous le titre de Souvenirs, mémoires et lettres’ du général Maximilien Lamarque, Paris, 5 vol. in-8°, où l’on a été étonné de ne trouver que des diatribes rebattues contre la restauration, et point de cette élévation, de cette générosité d’opinion que l’on avait quelquefois remarquée dans ses écrits et dans ses discours à la tribune. — Lamarque d’Arronzat (le baron Jean-Baptiste-Isidore), maréchal de camp, né à Drazon (Basses-Pyrénées), s’enrôla aussi dès l’année 1791 dans un bataillon de volontaires du département des Landes, où il fut nommé capitaine, et fit avec distinction dans ce corps les guerres d’Espagne, d’Italie et d’Égypte ; Devenu colonel du 5e régiment d’infanterie légère, il se signala particulièrement aux batailles d’Essling, de Wagram, et reçut pour récompense les titres de baron, d’officier de la Légion d’honneur, et une dotation. Étant passé en Espagne l’année suivante, il s’y distingua parla défense de Figuières avec trois bataillons contre quinze mille Espagnols, et à la bataille d’Alla-Fualla, où il fit quinze cents prisonniers. Le général Decaen demanda pour lui à cette occasion le grade de maréchal de camp, qu’il obtint au mois de mai 1812. Chargé en cette qualité du commandement de Lérida, et se trouvant séparé depuis plusieurs mois de l’armée de Suchet, Lamarque tomba dans un piége du baron d’Éroles, qui lui envoya un émissaire avec un faux ordre du maréchal d’é-