Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 23.djvu/622

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nymes qui l’invitaient personnellement à poignarder Robespierre. C’était à cette époque qu’une jeune fille, nommée Renaud, avait péri sur l’échafaud, accusée de s’être introduite chez le député d’Arras pour l’assassiner. « La main du crime s’écria Legendre, à cette occasion, s’était levée pour frapper la vertu ; mais le Dieu de la nature n’a pas souffert que le crime fût consommé.» Cependant Robespierre ne fut pas dupe de toutes ces cajoleries ; et Legendre était désigné parmi ceux qu’il allait frapper, lorsque la révolution du 9 thermidor arriva : voyant ce tyran abattu, celui qui avait célébré sa puissance et son civisme, deux ou trois jours auparavant, fit un portrait hideux de sa tyrannie. On le vit s’élancer aux jacobins pour brûler la cervelle au nommé Vivien, leur président, faire fermer leur club, et en apporter les clefs à la convention. Ainsi fut détruit ce foyer de désordres par celui-là même qui les avait provoqués avec le plus de fureur. Depuis cette époque, Legendre se montra thermidorien très-prononcé. Parlant sans cesse contre ses anciens amis, il eut la plus grande part à leur dispersion ; et on l’entendit s’écrier qu’il fallait purger l’atmosphère des vapeurs du crime. Ce fut lui qui, pour leurrer les bandes insurgées qui assiégèrent la convention, le 20 mai 1795, fit décréter que les comités s’occuperaient sans délai des lois organiques de la constitution de 1795. Il est remarquable que ces lois organiques, imaginées par un tel homme, soient devenues le système de tous les législateurs qui lui ont succédé. Voyant néanmoins que la réaction allait plus loin qu’il ne voulait, et qu’il était lui-même sur le point d’être compromis, Legendre essaya, comme les autres thermidoriens, d’y opposer une digue : mais il n’agit pas dans cette nouvelle carrière avec sa violence accoutumée ; et on ne l’a point compté parmi les proscripteurs de vendémiaire. Lors de l’établissement de la constitution directoriale, il devint membre du conseil des Anciens, où il parla peu. Seulement, le 17 février 1796, il lança quelques anathèmes contre les émigrés, qu’il accusa d’égorger les républicains ; osa un instant combattre son collègue Portalis, qui parlait en leur faveur, et menaça de détruire ses sophismes avec la hache de la raison ; mais alors son plus grand feu s’était éteint : il n’eut point de part à la proscription du 18 fructidor. Ses forces et sa santé l’avaient abandonné, et il mourut à Paris le 15 décembre 1797. Comme Legendre appartenait à un parti dont les chefs ont eu pour but principal de s’enrichir, on a dit qu’il avait acquis de grands biens ; mais il ne laissa réellement qu’un très-mince patrimoine à sa fille unique. Par son testament, il légua son corps à l’école de chirurgie, afin, y est-il dit, d’être utile aux hommes, même après sa mort.


LEGENDRE-HERAL(.........), sculpteur français, né à Lyon vers 1795, s’annonça de bonne heure par d’heureuses dispositions pour le dessin et devint professeur à l’école des beaux-arts de sa ville natale. Dès 1817, il exposait au Louvre un Narcisse se mirant dans l’eau et une Hébé. En 1819, un Jeune Lutteur, les bustes de Gall et de la Princesse de Neufchâtel. En 1822, paraissait à l’exposition son Eurydice piquée par un serpent, qui fut acquise par l’État et donnée plus tard au musée de Bordeaux. Classé dès lors parmi les bons sculpteurs français, Legendre-Héral eut fréquemment des commandes de l’État ; il fut chargé en 1825, par la maison du roi, d’exécuter le buste du sculpteur Couzlou ; en 1855, il fit, pour la ville de Lyon, le buste de Bernard de Jussieu ; en 1840, il donna le modèle de la statue d’Antoine-Laurent de Jussieu, qui est aujourd’hui un des plus beaux ornements de la galerie de botanique au muséum d’histoire naturelle. En 1845, il exécuta la statue de Turgot, pour la chambre des pairs. Fixé à Paris, Legendre-Héral fut décoré de la Légion d’honneur. Il mourut en 1852, dans une de ses propriétés aux environs de Meaux. Nous citerons encore de cet artiste distingué : Othryadas blessé, un Silène ivre (1824) Prométhée attaché sur le rocher (1841), l’Éveil de l’âme (1842), les bustes du Duc d’orléans et de Gresset (18-15), et Psyché

Z.

LEGENTIL. Voyez Lebarbinais.


LEGENTIL. Voyez Paroy.


LEGENTIL (Charles), économiste français, né à Rouen le 5 mars 1788. Legentil, issu d’une famille médiocre, obtint une bourse au lycée de sa ville natale. Il s’y fit remarquer par ses heureuses dispositions, et les succès qu’il y obtint lui valurent un prix spécial, fondé parle comte Beugnot, alors préfet du département, et plus tard l’exemption du service militaire. Legentil vint à Paris étudier le droit, avec l’intention d’embrasser ensuite le notariat. Il entra pendant quelque temps dans une étude d’avoué où il arriva jusqu’au grade de maitre clerc. Maïs son aptitude pour les affaires commerciales lui fit bientôt préférer le négoce ; il se fit admettre en qualité de commis dans la maison d’un riche négociant de Paris, M. Cheuvreux-Aubertot, dont il devint plus tard l’associé. La grande intelligence de Legentil pour les affaires et pour les questions économiques frappèrent de bonne heure l’autorité. Legentil avait publié en 1824 une brochure sur la question des laines, dans laquelle il combattait les lois de 1820, 1821 et 1822 qui, en élevant à un taux prohibitif les droits d’entrée sur les laines, avaient produit les plus fâcheux résultats. M. de Saint-Cricq, placé sous la restauration à la tête de l’administration supérieure du commerce, appela plusieurs fois près de lui Legentil, pour avoir son avis touchant les questions qui ressortissaient à son département. Le 21 mars 1829, Legentil fut appelé à faire partie du comité consultatif des arts et manufactures, et à dater de cette époque on l’a vu figurer dans tous les conseils et toutes