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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 25.djvu/390

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LOY

cution jusqu’au jour de Noël. Déjà depuis trois mois Loyauté affrontait tous les dangers dans la ville de Strasbourg au milieu d’un grand nombre d’officiers et d’agents royalistes, entre autres MM. de St-Paul, lieutenant du roi de la ville de Strasbourg ; le comte de la Tour, colonel de Royal-Liégeois ; le vicomte de Foucault, lieutenant-colonel des carabiniers ; le baron de Paravicini, lieutenant-colonel du régiment de Vigier-Suisse ; Cappi, commandant des chasseurs bretons ; le chevalier de Colonge, capitaine d’artillerie, puis général de cette arme en Bavière ; le vicomte de Corn, capitaine au régiment de Bourbonnais ; le chevalier de Silly, du même régiment ; Salins, agent des royalistes, etc. Loyauté fut arrèté le 12 décembre 1791 par ordre du directoire du département du Bas-Rhin, et décrété d’accusation le 16 du même mois par l’assemblée nationale pour être transféré dans les prisons de la haute cour nationale, à Orléans. Neuf mois après, traîne à Versailles, il se trouva au massacre du 9 septembre 1792, où il reçut cinq blesmres graves, entre MM. de Brissac et de Lessart. Échappé miraculeusement, à peine convalescent, il se sauva en Angleterre, où il saisit encore toutes les occasions de servir la cause royale. En 1794, il inventa une machine propre à lancer des grenades à la grande portée du fusil, dont il fit des expériences avec un succès extraordinaire, le 16 février, en présence du prince de Galles. Son Altesse Royale la nomma bombardière royale. En 1795, Loyauté fut un des 136 volontaires émigrés qui devaient suivre lord Moira à Quiberon. L’année suivante, le gouvernement britannique le fit colonel d’un régiment d’artillerie créé pour servir à St-Domingue, et, quelques mois après, inspecteur général de l’artillerie de cette colonie, que les troupes anglaises furent bientôt obligées d’évacuer. En 1799, à l’époque des succès de Suwarow, il présenta à Monsieur, frère du roi, le plan d’une descente à la suite de laquelle on devait opérer une marche rapide sur Paris. Ce prince lui fit témoigner sa satisfaction de ce travail. En 1802, il vint en France avec un passeport anglais ; mais, arrêté plusieurs fois et enfin enfermé au Temple en 1804, sa famille ne put obtenir sa liberté qu’à condition qu’il resterait sous la surveillance de la police. Comme chevalier de St-Louis, il se refusa il tout service militaire. Cependant, en 1812, poursuivi par une affreuse misère, il accepta un emploi supérieur dans l’administration de l’armée, et se trouva ainsi à Moscou, où il fut fait prisonnier et conduit sur les confins de la Sibérie. En 1814, revenant dans sa patrie et arrivé à Bialistock, il fut témoin du déplorable état des prisonniers français abandonnés de toutes parts, et il s’empressa de faire un rapport à ce sujet qu’il adressa au ministre de la guerre Dupont, ainsi qu’à l’ambassadeur de France à Berlin, le comte de Caraman. Ce dernier lui ayant proposé de distribuer au nom de Louis XVIII des secours à ces malheureux, il se dévoua pendant quatre mois à ce service, oubliant que sa famille et ses intérêts personnels le rappelaient à Paris. On trouve dans le Moniteur du 26 janvier 1815 une lettre écrite par trois de ces prisonniers qui publièrent dans journaux français et étrangers tout ce qu’ils devaient au zèle de Loyauté. De retour en France, cet officier reçut du ministre l’accueil le plus flatteur et l’assurance d’un témoignage de la satisfaction royale, mais ce témoignage fut long à venir, et ce ne fut qu’en 1825 que Loyauté obtint enfin un emploi de professeur dans une école militaire, qu’il ne conserva que peu de temps. Il mourut vers 1830, dans la retraite et dans un profond dénûment.


LOYER (Pierre le), sieur de la Brosse, fameux démonographe, né le 24 novembre 1550 à Huillé, village de l’Anjou, près de Durtal, après avoir terminé ses premières études, alla à Paris faire son cours de droit. Il y demeura cinq ans, et se rendit ensuite à Toulouse pour prendre ses grades. Il avait du goût pour la poésie et il adressa en 1572 à l’académie des jeux Floraux une idylle qui lui valut le prix de l’églantine. De retour dans sa province, il fut pourvu d’une charge de conseiller au présidial d’Angers ; mais il négligea ses devoirs pour s’appliquer à l’étude des langues orientales ; il apprit l’hébreu, le chaldéen et l’arabe, et il se passionna tellement pour les étymologies qu’il ne vit plus dans les langues modernes que des dérivés de l’hébreu. Il mourut à Angers, en 1634, âgé de 84 ans, laissant deux fils, dont l’aîné, qui avait comme lui le nom de Pierre, lui succéda dans la charge de conseiller. Le Loyer était un prodige d’érudition, mais il n’avait ni goût ni jugement ; et cet homme qui se piquait de ne rien ignorer des moindres usages des peuples anciens, ne savait pas les coutumes de la province d’après lesquelles il était appelé tous les jours à prononcer. On a de lui : 1° Érotopegnie ou Passe-temps d’amour ; ensemble une comédie du Muet insensé, Paris, 1576, in-8o ; rare et recherché. La comédie du Muet est écrite en vers de huit syllabes : il y a des détails plaisants, mais beaucoup trop licencieux. 2° Œuvres et mélanges poétiques, ibid., 1579, in-12. C’est une réimpression du recueil précédent, avec de nombreuses additions. On y trouve les Amours de Flore ; des Idylles ; les Bocages de l’art d’aimer, imités d’Ovide ; des Sonnets ; des Épigramnmes ; le Muet insensé ; la Néphélococugie, comédie sans distinction d’actes ; les Folatries et Ébats de jeunesse et enfin quelques pièces en grec et en latin. La Néphélococugie est une imitation des Nuées d’Aristophane ; elle a été attribuée par erreur à P. Larrivey. Il y a de l’invention et des scènes fort plaisantes dans cette pièce, mais on y rencontre aussi des grossièretés capables de révolter le lecteur le moins délicat. 3° Quatre livre des spectres ou Apparitions et visions d’esprits, anges et