MACCIUCCA. Voyez Vargas.
MACCLUER (Jean), navigateur anglais, était
parvenu par ses services au grade de capitaine
de vaisseau de la compagnie des Indes. Cette association
avait à s’acquitter d’une dette sacrée
envers le roi d’une petite île du grand Océan
(voy. Abba-Thulle). En 1783, ce chef avait recueilli
des Anglais échappés au naufrage du paquebot
l’Antélope. On verra à l’article Henri Wilson
que cette obligation fut remplie en 1790.
Au commencement de cette année, la compagnie
envoya des ordres à la présidence de Bombay
pour expédier des navires aux îles Peliou. Aussitôt
la Panthère et l’Endeavour furent armés. Le
commandement fut donné à Maccluer : il avait
sous ses ordres Wedgeborough et White, anciens
officiers de Wilson. Procter était capitaine de
l’Endeavour. Les présents envoyés à Abba-Thulle
consistaient en bestiaux et oiseaux domestiques,
en instruments d’agriculture et outils de différents
genres, en armes. C’étaient les plus convenables
aux besoins des insulaires. On partit de
Bombay au mois d’août ; la traversée fut très-heureuse.
On laissa tomber l’ancre dans un très-bon
port d’une île de l’Archipel, afin d’éviter le
récif de corail qui environne les Peliou à l’ouest.
Bientôt trois pirogues accostèrent la Panthère, plusieurs
insulaires reconnurent White et lui témoignèrent
leur joie de le revoir. Wedgeborough
reçut un accueil non moins amical. Ils demandèrent
des nouvelles de Libou, que le roi son
père avait confié à Wilson, et manifestèrent une
douleur calme en apprenant sa mort. Abba-Thulle
embrassa affectueusement les compagnons
de Wilson. Son visage, rayonnant de satisfaction,
devint tranquille et morne quand il fut
instruit que son fils n’était plus. Il exprima sa
douleur de la manière la plus touchante, interrompant
son discours par des intervalles de silence,
et mêlant à ses regrets des réflexions
pleines de sens et de témoignages d’intérêt pour
les Anglais. « Je n’ai jamais douté, dit-il, des bons sentiments du capitaine et de ses compagnons ; j’étais fermement persuadé qu’ils
auraient de l’amitié pour mon fils : et qu’ils en prendraient le plus grand soin. Leur retour me prouve que je ne me suis pas trompé. Après leur départ, je commençai à compter les lunes qui passaient, en défaisant à chaque nouvelle lune un nœud a une cordelette que j’avais préparée à cet effet. Lorsque j’eus défait le dernier, je désespérai de jamais revoir mon fils ni les Anglais. Je fis enterrer la cordelette, supposant que le bâtiment construit par les Anglais à Ouroulong n’avait pas été assez solide pour les transporter à la Chine. D’ailleurs, ils étaient partis avant la lune favorable. » Le roi fut reçu à bord de la Panthère avec tous les
égards qui lui étaient dus, et manifesta une vive émotion lorsque Maccluer lui eut adressé les remercîments de la compagnie et lui eût montré
les dons qu’elle le priait d’accepter. L’étonnement
des insulaires à la vue de tous ces objets
égala leur contentement. Après un assez long
séjour à Guroulong, Maccluer fit voile pour Canton,
laissant aux îles Peliou Proctor, afin de donner
aux habitants les instructions nécessaires
pour se servir des ustensiles et des outils et de
faire une reconnaissance complète de l’Archipel.
Quelques insulaires des deux sexes demandèrent
à Maccluer à s’embarquer avec lui : il y consentit.
Au mois de juin 1791, il revint avec eux.
Pendant son absence, la meilleure intelligence avait régné entre les Pelouans et leurs hôtes, qui leur avaient fourni des secours contre des ennemis. Maccluer ayant quitté momentanément ces îles pour explorer une partie de la côte septentrionale de la Nouvelle-Guinée, y reparut au commencement de 1793 afin de mettre à exécution un projet qu’il méditait depuis longtemps, et qui causa une surprise générale. La relation du naufrage de l’Antélope avait représenté sous des couleurs si favorables le caractère, les mœurs et les habitudes des Pelouans, que l’admiration conçue pour ces insulaires allait jusqu’à l’enthousiasme. Maccluer, déjà fortement incliné pour eux, fut au comble de la joie en apprenant sa nomination au commandement de la Panthère. Ses visites successives à Coroura le confirmèrent dans ses sentiments. Il résolut fermement de fixer son séjour dans cette île ; il résigna ses fonctions entre les mains de son lieutenant, en annonçant le parti qu’il avait pris. La Panthère
s’éloigna bientôt. Abba-Thulle combla Maccluer de marques de distinction ; il voulut même lui conserver un pouvoir que cet Européen eut la sagesse de refuser, se contentant d’un petit terrain qu’il cultiva. Il pouvait ainsi, par son exemple, donner aux insulaires le goût d’un travail suivi. Leur affection et leurs égards ne lui manquèrent jamais. Quant à lui, la vie uniforme qu’il menait au milieu d’un peuple simple ne pouvait lui convenir longtemps ; son esprit était trop vif, trop actif ; il ne trouva pas aux îles Peliou le bonheur qu’il avait rêvé ; il avait cru qu’il l’y rencontrerait plutôt que dans une société plus nombreuse, plus civilisée, plus corrompue ; il s’était abusé. L’ennui, le plus cruel ennemi de
l’homme capable de réfléchir, le désabusa. Après quinze mois passés chez les Pelouans, parmi lesquels il avait eu la ferme disposition de finir ses
jours en paix, il les quitta en 1794. Il s’embarqua dans une grande pirogue avec trois Malais et deux Pelouans. Son projet était d’aller à Ternate,
la plus septentrionale des Moluques, afin d’y apprendre des nouvelles d’Europe. Le mauvais temps qu’il éprouva, au sud de l’archipel des Peliou, lui fit préférer de prendre la route de la Chine. Il revint donc à Coroura, embarqua une provision de cocos, et, en dix jours, fut en vue des îles Bachi . Comme personne dans son équipage ne savait la langue des insulaires, il