Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 25.djvu/662

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


HAC (t807), la société écossaise de Londres a complété les travaux de celle d’Édimbourg. Des notes trouvées dans les papiers de Macpherson ayant indiqué en quelles mains il avait fait le dépôt des originaux, cette savante société a élevé à Ossian un monument solennel, C’est une magnifique édition du texte gallique, accompagné d’une version latine littérale et précédé d’une nouvelle dissertation sur l’as :Imui¢ité des poésies d’Ossion (1). L’auteur, sir John Sinclair, y rapporte dans le plus grand détail un fait qui jette une vive lumière sur ce singulier procès. Il apprit que Cameron, évêque catholique d’Édimbourg, avait eu connaissance d’un manuscrit gallique qui se trouvait, avant la révolution de France, dans la bibliothèque du collège écossais de Douai. Sir John pria ce prélat de lui fournir à ce sujet des renseignements précis. Uévêque le satlsüt complètement dans des lettres qui existent encore ; il lui atîirma que les chefs et les professeurs du collège cité avaient vu cent fois ce recueil manuscrit de poésies galliques, lesquelles se trouvaient presque toutes cet es qui, depuis, furent traduites en anglais par Maopherson. Le prélat ajoutait même que tous les savants qui étaient en état délire le texte original pensaient que Macpherson lui faisait perdre souvent une partie de sa force et de sa beauté. « Il n’y a donc point dans l’histoire, dit sir John Sinc air, de ait plus avéré que celui de l’existence du manuscrit ossianique de Douai, antérieurement à la traduction de Macpherson, ni rien qui prouve ¤ mieux que les poëmescguil a donnés pour authentiques le sont en et. s ll ne reste plus maintenant qu’une seule objection qui demande réponse. Si Maopherson travailla réellement sur des pièces originales, qui l’empêchait de les publier et de fermer ainsi la bouche à ses détracteurs ? Ses amis ont cité comme des obstacles à Pscoomplissement de sa bonne volonté à cet égard ses longs voyages outre-mer, et les frais immenses quîeùt entraînés cette édition dans une langue à peu près inconnue. Il nous semble qu’à ces motifs (purement matériels, il serait possible d’ajouter es considérations morales beaucoup plus puissantes. Toutes les personnes qui ont connu Macpherson le représentent comme singulièrement vaniteux et par conséquent très-irritable. Sa réponse à la première interpellation de Johnson en est une preuve éclatante. Que l’on juge donc de ce qu’il en eût couté à son orgueil de venir humblement exposer aux yeux des juges prévenus les fragments et quelquefois même les ambeaux dont, à l’aide d’intercalations plus ou moins heureuses, il construisait les poèmes qu’il annonçait comme entièrement originaux ! Queli’l..É"§£”.%T’«$s°t§, “}Z.â’â Ti’lIl¥i’.’3È £%¥.§î ;.f’§£:.1î1“ls ?·$j 3 vol. in-8o. On trouve encore dans cette édition une traduction libre des poésies d’ossian, par Rob. Mac-Farlanc, et la traduction du Mémoire de Céenrotti. XXV.

NAC 657 que innocents que pussent être les artifices de sa composition, ne lui étaitnil pas permis de croire gwen les dévoilant à tous les regards, il s’interisait à l’avenir les moyens et même le droit d’être cru quand il publierait un ouvrage réellement original et authentique ? Il est, enfin, un dernier argument en faveur de Macpherson, et nous le puisons dans le défaut même de son caractère que nous venons de rappeler. Quelle que soit aujourd’hui l’opinion d’un grand nombre de gens de goût sur le mérite réel des poésies d’Ossian, peut-·on nier qu’à l’époque où elles virent le jour elles ne jetèrent un éclat extraordinaire ? De nombreux enthousiastes, et Césarotti à leur tète, n’allèrent-ils pas jusqu’à donner hautement la préférence au fils de Fingal sur le chantre de l’Iliadc lui-même ? Quel scrupule eût donc empêché ce Macpherson, si vaniteux, si avide de renommée, de revendiquer à la face du monde littéraire les honneurs du triomphe que l’on décernait à ce barde mystérieux, dont il se donnait modestement pour le simple interprète ? Il a survécu trente- ’ six ans à la première publication des poëmes galliques ; et ni l’enivrement des louanges les plus pompeuses, ni le ressentiment des critiques es p us véhémentes, n’ont pu, dans ce long espace de temps, lui arracher un seul mot qui permit de douter de sa bonne foi. Letourneur a donné (en prose) Ossian, fis de Fingal, barde du 3’siècle, poésies galliques, traduites sur l’anglais de Macpherson, Paris, 1777, 2 vol. in-8o ou in-4o ; ibid., 1799 ; ibid., édition augmentée et précédée d’une notice sur l’état actuel de la question relative à l’authenticité des poëmes d’ossian, par Ginguené, 1800, 2 vol. in-8o. Baour-Lormian a publié une imitation de ces poésies en vers français, Paris, 1801 ; fr édit., 1818, in-18. Avant la version de Letourneur, plusieurs de ces poëmes avaient déjà paru en français dans divers recueils : le premier qui ait été imprimé séparément est Carthon, traduit de l’anglais par madame*** (la duchesse d’Aiguillon), Londres, 1 762, in-12. Marin eut aussi part à cette traduction (soy. Dame). (Voy. sur l’authenticité des poésies d’ossîan l’Histoire de lapoésic scandinave de M. Edelestand du Meril (Paris, 1839, in-8o*), t. 1°*, Protégomèncs, p. 428 (note). S—v-s.

MACQUART (Jacques-Henri), médecin, naquit à Reims, en 1726, de parents assez mal partagés des biens de la fortune. Levesque de Pouilly lui fournit les moyens d’achever ses études, et par reconnaissance Macquart se chargea de l'éducation du fils de son bienfaiteur. Il vint ensuite à Paris, fut nommé médecin de la Charité, et remplit cette place avec un zèle et une activité dignes des plus grands éloges. Il succéda, en 1760, au docteur Barthez comme rédacteur du Journal des savants; et il y inséra un grand nombre d’extraits et d’analyses qui donnent une idée avantageuse de ses talents. Macquart fut tour a tour le partisan et l’adversaire de la 83