Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 26.djvu/647

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brer de plus en plus. Les cortès législatives, qui avaient été ouvertes le 8 décembre 1838, ne portèrent aucun remède au malaise, et si la mort de Remechido, fusillé à Faro, détruisait les nouvelles espérances n’avaient conçues les miguélistes, les causes ge divisions intestines ne restèrent ni moins vivaces, ni moins profondes. Cet état de choses prépara une réaction chartiste que la reine appuyait secrètement. Elle avait trouvé dans M. Costa Cabral, depuis comte de Thomar, un allié puissant, qui fit une guerre acharnée au parti progressiste. Entré au ministère en 1841, il provoqua l’année suivante une insurrection à Coïmbre, approuvée, bien que non appuyée, par dona Maria ; ce fut le signal du retour au régime aboli par les septembristes. Bientôt la constitution fut retirée. Le nouveau ministère, dans lequel était entré le duc de Terceira, rétablit la charte de don Pedro. Puis, se prononçant davantage dans le sens monarchiágue, le parti cha rtiste, maître de la majorité des eux chambres, entra dans une voie qui tendait à l’absolutisme, et le Portugal se vit épouillé de plusieurs de ses libertés. Durant cette période dite de la díemmre, ce fut plutôt le comte de Thomar qui gouverna que la reine, et le duc de Terceira lui-même donna sa démission, quand il vit que son collègue aspirait à concentrer dans ses mains toute l’autorité. Le nouveau régime amena ses dangers et ses abus, comme le précédent, et une fois engagés dans la voie funeste des insurrections, les amis de la liberté s’y tournèrent une nouvelle fois pour le renverser. L’insurrection de 1846 fut plus terrible que celle de septembre, qui n’était réellement qu’un simple pronunciamento. Le comte de Thomar dut quitter l’Espagne, et la reine elle-même se vit sur le point d’être renversée. Le maréchal Saldanha, qui était exilé pendant le règne des septembristes, accourut prêter à dona Maria l’appui de son épée. Une lutte terrible et prolongée s’engagea, et le trône de la reine ne ut être consolidé que par l’intervention des puissances du dehors. Le Portugal était devenu le théâtre d’une déplorable guerre civile. Les miguélistes se montraient dans les provinces du Nord et obtenaient quelques succès. Oporto et plusieurs autres villes tenaient pour les septembristes, qui avaient à leur tête le général Sa da Bandeira, le comte de Bonfim et le comte das Antas. Ce parti annonçait ouvertement le projet de déclarer la déchéance de la reine. La province de Minho et une partie de celle de Tras os Montès étaient en leur pouvoir. Une des Açores, San-Miguel, se prononça pour eux et leur envoya 600 000 livres. Le corps e Saldanha faisait des efforts impuissants en faveur de dona Maria. l’intervention de l’Angleterre sauva la reine. La junte insurrectionnelle d’Oporto et son chef, le comte das Antas, qui avait été forcé de se rendre aux Anglais, durent se soumettre après bien des pourparlers et de vives résistances. Le maréchal Saldanha, devenu président du conseil, ne sut pas garder après la victoire une ligne de modération nécessaire, et la réaction contre les constitutionnels vaincus fut poussée au delà des bornes d’une simple répression. Les haines ne faisaient que s’envenimer, et dona Maria eut peut-être le tort de se prêter à des mesures odieuses qui prenaient une couleur d’autant plus défavorable aux yeux de la population, que c’était en faisant appel in l’étranger, à l’Angleterre, à la France, a l’Espagne, que les insurgés, soutenus par une partie notable e la population, avaient été soumis. Le triomphe du parti chartiste aux élections de 1848 ayant ramené en Portugal le comte de Thomar, celui-ci ne tarda pas à ressaisir le pouvoir. Grâce à sa présence aux affaires, le pays, d’ordinaire si agité, ne ressentit pas le contre-coup des révolutions qui remuaient alors la France et l’Allemagne. Les journées de février réveillèrent sans doute les espérances des progressistes et des miguélistes, mais le Portugal demeura calme. Le comte de Thomar crut se donner une nouvelle force en prenant pour allié le maréchal Saldanha, qu’il était si dangereux d’avoir pour adversaire ; il l’appela au ministère de l’intérieur, avec la présidence du conseil le 29 mars. Mais cette alliance ne fut pas de longue durée. Le maréchal et la plupart des principaux personnages du parti conservateur abandonnèrent successivement les portefeuilles qu’on leur avait donnés, s’étant aperçus que, sans faire partie du ministère, le comte de Thomar, investi de la confiance de dona Maria, cherchait à les dominer et à gouverner sous leur nom. Celui-ci rentra donc dans le cabinet et continua le système qu’il avait inauguré. Le vieux maréchal, se jetant alors dans les rangs des progressistes et désertant le parti de la cour, groupa autour de lui une opposition qui finit par amener la chute des c artistes. Quoique plusieurs des mesures prises par le comte de Thomar fussent excellentes, que son collègue, M. d’Avila, eût introduit plus d’ordre dans les finances, les intrigues du parti progressiste, qui s’a puyalt sur des griefs parfois fondés, ébranlaient le crédit du ministère. Le duc de Palmella s’était uni au maréchal Saldanha pour le combattre, et bien que le duc de Terceira leur refusât son concours, les moyens d’action de l’opposition étaient redoutables. La loi contre la presse, votée en 1849, avait irrité les journalistes qui faisaient la grande force de l’opposition. Enfin dans les derniers mois de 1850, une fraction considérable du parti chartiste s’étant unie aux progressistes, et le frère du comte de Thomar ayant passé lui-même sous leur bannière, le cabinet ut gravement menacé. Les partis opposants déconsidéraient la royauté ; une faction démocratique réclamait des institutions presque républicaines, et la reine commençait à ne soutenir que faiblement ses ministres. Un mouvement militaire qui éclata à Oporto le 25 avril 1851, aux