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de le terre Van-Diemen, où l’on ne put faire ni de l’eau ni du bois. Enfin, après avoir longé pendant onze jours la côte septentrionale de la Nouvelle-Zélande, Marion mouilla le 4 avril dans la baie des Îles. Bien accueilli par les insulaires, il forma dans cette baie un établissement pour ses malades et ses ateliers. L’intimité paraissait si bien établie que plusieurs hommes de l’équipage faisaient des courses assez avant dans les terres, et revenaient pendant la nuit accompagnés par les insulaires, qui les portaient pour passer les rivières ou lorsqu’ils se sentaient fatigués. On ignorait que Cook avait trouvé des anthropophages dans cette contrée ; mais on aurait dû se souvenir que Tasman avait nommé baie des Assassins la première qu’il y découvrit, et qu’il fallait se défier des habitants. Le 12 juin, Marion descendit à terre dans son canot avec douze matelots et quatre autres personnes. Le soir, on n’en vit reparaître aucun. Le lendemain, une chaloupe fut envoyée à terre pour faire de l’eau et du bois. Quatre heures après son départ, on aperçut un homme qui nageait vers le vaisseau. C’était un matelot : il s’était sauvé seul du massacre de tous ses camarades assommés au nombre de onze par les insulaires, et bientôt l’on apprit que Marion et tous les gens de sa suite avaient éprouvé le même sort. Après avoir ramené heureusement les malades et le poste des ouvriers à bord, un détachement armé se rendit à terre et trouva des débris sanglants qui prouvaient que les insulaires avaient dévoré leurs victimes. On mit le feu à deux villages de ces anthropophages, on en tua plusieurs, on ravagea les environs, et le 14 juillet, on quitta la baie de la Trahison. Il paraît que le châtiment infligé à insulaire qui avait dérobe un sabre dans la sainte-barbe causa les événements tragiques que l’on vient de lire. Après la mort de Marion, commandement de l’expédition fut dévolu à Duclesmeur, capitaine du Castries. Le 6 août, il eut connaissance d’une chaîne d’îlots au nord des îles de Rotterdam et d’Amsterdam. Le 20 septembre, on atterit à l’île de Guam ; on alla ensuite se reposer in Manille, et l’on rentra en 1773 au port de l’île de France, sans avoir rapporté de ce long voyage les productions nouvelles dont Poivre avait voulu enrichir la colonie confiée à ses soins. Rochon rédigea la relation de cette malheureuse expédition d’après les journaux de Crozet, un des officiers, et la publia sous ce titre : Nouveau voyage à la mer du Sud, commencé sous les ordres de M. Marion et achevé sous ceux de M. Duclesmeur : on y a joint un extrait de celui de M. de Surville dans les mêmes parages. Paris, 1783, 1 vol. in-8°, avec des plans et des figures. On trouve dans ce livre des détails sur les mœurs des insulaires de la Nouvelle-Zélande, des Mariannes et des Philippines, ainsi que sur la nature et les productions de ces îles.

E-s

MARIOTTE (Edme), célèbre physicien, était né en Bourgogne dans le 17e siècle ; il habita du moins Dijon une partie de sa vie, et c’est de cette ville que sont datés ses premiers écrits. Il avait embrassé l’état ecclésiastique, et il fut pourvu du prieuré de St-Martin-sous-Beaune, bénéfice médiocre, mais dont le revenu suffisait à ses goûts. Il fut admis à l’Académie des sciences lors de sa formation, et mourut le 18 mai 1681. Mariotte est l’un des premiers philosophes français qui se soient appliqués à la physique expérimentale, et s’il n’a pas fait de découvertes nouvelles très-importantes, il a confirmé, par des expériences multipliées, la théorie du mouvement des corps, trouvée par Galilée, et celle de l’hydrostatique ou de la science de l’équilibre des liqueurs, que le même Galilée et Pascal venaient de ressusciter. Le Traité du mouvement des eaux, par Mariotte, mis au jour par Ph. de la Hire, Paris, 1786, in-12, a été effacé par les ouvrages que d’Alembert, Bossut, etc., ont publiés sur la même matière ; mais l’honneur lui reste d’avoir démontré que l’application de la géométrie aux sciences physiques était le seul moyen de parvenir à des résultats vraiment importants. Son Discours sur l'air, qui parut en 1679, renferme une suite d’expériences intéressantes, alors absolument neuves. Le recueil de ses ouvrages a été publié à Leyde, 1717, et à la Haye, 1740, 2 tomes in-4°. Il renferme : Traité de la percussion ou choc des corps. - Essais de physique, De la végétation des plantes, De la nature de l’air, Du chaud et du froid, De la nature des couleurs ; - Traité du mouvement des eaux ; — Règles pour les jets d’eau ; — Nouvelle découverte touchant la vue ; — Traité de nivellement ; — Traité du mouvement du pendules; — Expériences touchant les couleurs et la congélation de l’eau ; - Essai de logique. Ce dernier ouvrage, dit Condorcet, « est un exposé vrai de la méthode qu’il avait suivie dans ses recherches, et il est intéressant de pouvoir observer de si près la démarche d'un des meilleurs esprits dont l’histoire des sciences fasse mention. » Fontenelle n’ayant commencé les éloges des membres de l’Académie des sciences que depuis 1699, époque du renouvellement de cette compagnie, n’avait point donné celui de

Mariotte ; Condorcet a réparé cette omission en publiant les Éloges des académiciens morts depuis 1666.

W-s

MARITI (Jean), voyageur, était né à Florence vers 1730. Il embrassa l’état ecclésiastique, et s’embarqua à Livourne en janvier 1760 pour l’île de Chypre, où il arriva 8 février. Il parcourut cette île, et fit aussi des voyages en Syrie et en Palestine. Il mourut dans sa patrie vers la fin du 18e siècle. Rotermund place sa mort à l’an 1795 ; mais il est certain que l’abbé Mariti vivait encore en 1797. On a de lui, en italien : 1° Voyage dans l’ile de Chypre, la Syrie et la Palestine, Lucques et Florence, 1769 à 1776, 9 vol. in-8°, fig. Les quatre premiers volumes sont consacrés à la