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accompagna en France lorsqu’il fut appelé par Louis XV en 1731. Nommé commissaire des fontes d’artillerie à Lyon. Maritz perfectionna dans cette ville les procédés inventés par son père pour forer et tourner les canons, organisa ensuite les fonderies de Strasbourg et de Douai pour les canons en bronze, et passa enfin aux orges de Rochefort et de Ruelle, pour y appliquer les mêmes procédés aux canons en fonte destinés au service de la marine. Louis XV fut tellement satisfait des travaux de Maritz qu’il lui fit don en 1744 d’une pension de deux mille livres. Onze ans plus tard (1755), il fut nommé inspecteur général des fontes et forges de la marine, avec un traitement de quinze mille livres ; puis l’année suivante, le corps municipal de Paris le chargea de surveiller la fonte de la statue en bronze de Louis XV, dont le modèle avait été fait par Bouchardon. Maritz examina le moule et reconnut qu’il contenait assez d’humidité non-seulement pour compromettre la réussite de l’entreprise, mais encore pour mettre en danger la vie des ouvriers et des assistants. En conséquence, il fit retarder l’opération, qui eut dans la suite un plein succès, et la statue équestre du roi fut érigée en 1763 sur la place située à l’extrémité du jardin des Tuileries. Autorisé en 1765 il se rendre en Espagne, sur la demande de Charles III, pour y organiser des fonderies et y introduire sa méthode de fonte et de forage des canons, Jean Maritz commença par la fonderie de Barcelonne ; puis il établit celle de Séville et organisa en même temps les fonderies de la marine espagnole. Ce fut en qualité d’inspecteur général des fontes et forges d’artillerie de l’Espagne qu’il institua dans ce pays les magnifiques fonderies qui ont survécu aux dernières guerres de la Péninsule et où ses procédés sont encore en vigueur. Lorsqu’il fut présenté à Charles III en 1767, Maritz refusa les offres du roi, qui voulait le retenir en Espagne, et il se borna à accepter un don de trois cent vingt mille francs, avec le grade de maréchal de camp. À peine de retour dans sa patrie adoptive, Maritz fut invité par Catherine II à se rendre en Russie ; mais il refusa les offres de l’impératrice comme il avait refusé celles du roi d’Espagne, et Louis XV le récompensa en lui accordant en 1768 une pension de douze mille livres, « en considération de ses services pendant trente-quatre ans. » Ce célèbre fondeur, qui apporta une si grande perfection dans la confection des pièces d’artillerie, eut pu faire avec succès des démarches pour être admis à l’Académie des sciences ; mais sa modestie s’y refusa. Pendant quelques années encore, il continua à surveiller et à inspecter toutes les fonderies de la France ; mais, peu de temps après l’avènement de Louis XVI au trône, il se retira comblé d’honneurs et de richesses dans ses propriétés, près de Lyon, où il mourut le 12 mai 1790, à l’âge de 79 ans. Maritz n’eut qu’un fils qui devint officier d’artillerie ; mais il avait formé des neveux qui dirigèrent longtemps après sa mort plusieurs fonderies tant en France qu’à l’étranger.

E. d’A-c.


MARITZ (Samuel), fils aîné de Jean Maritz, naquit à Burgsdorf en 1705, fit ses premières études dans l’art de la fonderie sous son père, qu’il accompagne à Genève en 1723, et lui succéda vingt ans plus tard. En 1718, il fut chargé de la direction de la fonderie de Berne, et prit alors le titre de commissaire-fondeur des républiques de Berne et de Genève. Dix ans plus tard. l’empereur d’Allemagne l’ayant appelé auprès de lui, il alla organiser quelques fonderies de ce pays ; mais il refusa d’y rester et rentra dans sa patrie. Il mourut aveugle en 1786. De ses deux fils, l’aîné, Jean, né à Genève en 1738, suivit la même carrière. Après avoir passé guelques années à Strasbourg sous la direction son oncle, il suivit en Espagne cet oncle, qui lui confia l’administration de la fonderie de Barcelone ; puis il partit pour la Hollande. Il organisa alors a magnifique fonderie de la Haye, en y appliquant les inventions de son grand-père, et resta chargé de la direction de cet établissement, que ses deux fils, Louis et Jean, continuèrent d’administrer

après sa mort, arrivée en 1807.

E. d’A-c.


MARIUS (Caius), l’un des plus grands généraux de la république romaine, mais i après avoir sauvé l’État de l’invasion des barbares, en prépara la ruine par son ambition et sa cruauté, était né à Cerretinum, sur le territoire d’Arpino. patrie de Cicéron, de cultivateurs obscurs, dont il partagea les travaux dans sa première jermesse. Il suivit Scipion au siége de Numance (l’an 620 de Rome, 135 avant J.-C.), et se signala moins encore par sa valeur que par son respect pour la discipline. Plutarque rapporte que Scipion étant à table avec ses officiers, un des convives lui demanda s’il y avait alors à Rome un capitaine digne de lui succéder ; et que Scipion, ayant posé la main sur l’épaule de Marius, répondit : Ce pourrait bien être ce jeune homme-ci. Marius fut élu tribun l’an de Rome 635, par la protection de Cécil. Métellus, dont il se montra constamment dans la suite l’ennemi le plus implacable. Le premier usage qu’il fit de son autorité fut de proposer une loi qui tendait à diminuer l’influence des patriciens sur l’élection des magistrats. Le consul Cotta dénonça au sénat cette innovation, et fit décider que Marius serait mandé pour expliquer ses motifs. L’audacieux tribun, au lieu de se justifier, accusa Cotta d’avoir outre-passé les bornes de son autorité, et le menaça de le faire traîner en prison, s’il ne se rétractait il l’instant même. Cotta, faiblement défendu par son collègue Métellus, fut obligé de retirer sa dénonciation ; et Marius revint a l’assemblée du peuple, qui adopta la loi. Cette conduite fit juger qu’il serait le défenseur de toutes les prétentions des plébéiens ; mais on changea