Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 26.djvu/690

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presque entièrement à Catulus, qui soutint seul ongtemps le choc des Cimbres (voy. Clvrutus), la gloire n’en resta pas moins tout entière àbtarius, que le peuple, dans son ivresse, nommait le troisième fondateur de Rome, estimant qu’il avait délivré cette ville d’un péril non moins grand que celui dont Camille l’avait sauvée en chassant les Gaulois (1). Il triomphe avec Catulus ; et quelques mois après, il brigua son sixième consulat, qu’il obtint par des voies honteuses. Il avait eu pour concurrent Métellus, son bienfaiteur ; et aidé du tribun Saturninus, il obllgea de s’éloigner de Rome un citoyen respectable dont la vue lui rappelait son ingratitude (voy. Márantus). Il cherchait à regagner la confiance des patriciens par quelques mesures vigoureuses contre les factieux ; mais il continua de soutenir ceux-ci en secret, et il ne les abandonna que lorsque leur complot ayant éclaté, il fut forcé de se prononcer pour eux ou (pour le sénat. Il n’osa pas demander la place e censeur, dans la crainte d’éprouver un alïront ; et Métellus ayant été rappelé de son exil, il s’absenta sous le prétexte d’accomplir un vœu à la mère des dieux. Il visita les côtes de l’Asie, se rendit à la cour de Mithridate, et mit tout en œuvre pour exciter la haine de ce prince contre les Romains, persuadé qu’une nouvelle guerre lui rendrait l’autorité qu’il voyait s’échapper à regret. Il fut employé avec Sylla dans la guerre des alliés ou Marsique, et ne soutint que faiblement sa réputation. La fortune favorisa plus particulièrement son jeune rival, et la haine qu’ils se portaient déjà tous les deux s’en augmenta encore. Lorsqu’il fut décidé qu’on ferait la guerre à Mithridate (l’an 666), Marius, accablé (Yinfirmités, mais toujours dévoré d’ambition, brigua le commandement de l’armée ; le sénat décida en faveur de Sylla, qui avait le suffrage des troulpes. Mais Marius, ayant excité une sédition, se à élire ar la populace ; et il se disposait à aller remplacer Sylla, déjà sorti de Rome, lorsque celui-ci, informé de ce qui se passait, y rentra avec l’armée, dont le dévouement pour lui s’était accru par la crainte de le perdre. Marius, abandonné de ses partisans, s’enuit à Ostie, et s’y embarqua, résolu de passer


tl) l’approche de ces änples redoutables avait répandu une telle consternation dana me, quedongtemps après un éy appelait encore une grande fraïeur cimbracus terror ; un butin norme, oíasbflen puedo : des er a etfrayanta, stltnlolas eùabricus. La pseudo-Plutarquo rapporte que Marius ayant d’abord éprouvé quelques désavantages, tut averti en songe d’immoler sa fille Calparate, et qu’tl se soumit a ce barbare sacrttlee. MAR 685

en Afrique : mais lesvents contraires l’obligèrent d’aborder dans le voisinage de Minturnes (t), et de se cacher dans un marais pour échapper aux assassins eîjvoyés à så poursuite. Il y fut découvert ; et ce ui qui naguère avait été proclamé le sauveur de Home, fut amené à Minturnes, la corde au cou, et tout couvert de fange, comme le dernier des criminels. il fut confié à la garde d’une femme nommée Fannia, qu’il avait autrefois condamnée à une amende pour adultère, et que par cette raison on avait lieu de croire son ennemie. Cette femme se sentit émue de pitié en voyant dans cet état d’abjection le vainqueur des Cimbres : loin de le maltraiter, elle lui offrit quelque nourriture, et le laissa seul dans sa chambre pour re oser. Cependant les magistrats chargèrent un sofdat cimbre, réfugié dans leur ville, d’exécuter l’ordre du sénat : il entra l’épée nue à la main, dans la chambre ou Marius était resté ; mais cet illustre proscrit, lançant sur lui un regard terrible, s’écria : u Soldat, oseraiss tu bien tuer Caius Marius ? » Frappé de terreur, le Cimbre laissa tomber son épée, et jura qu’il n’attenterait point aux jours de ce grand capitaine. Les magistrats se rappelant alors les services que Marius avait rendus à l’Italie, lui procurèrent les moyens de fuir cette terre inhospitalière. On lui fournit un vaisseau, sur lequel il aborda dans l’île d’Enarie (lschia), où il trouva quelques-uns de ses amis qlui l’accompagnèrent en A rique. À peine y était-i descendu que Sextilius, préteur de Libye, lui fit signifier l’ordre de quitter cette province ; et comme le messager demandait une réponse : s Tu annonceras, dit-il, « à Sextilius, que tu as vu Caïus Marius, banni « et fugitif, assis sur les ruines de Carthage. » il se retira donc dans l’île de Cercina (l(erkeni) ; là il apprit que les deux consuls, divisés d’opinion, en étant venus aux armes, Cinna avait été chassé de Rome par son collègue : il résolut d’offrir le secours de son bras au vaincu, rassemble promptement tous les exilés, et vint aborder avec eux dans l’Etrurie, où il fut accueilli avec joie par le peuple qui regrettait son absence. Aussitôt il dépècha un messager à Cinna, dpour lui annoncer son arrivée ; celui-ci, flatté e cette marque de déférence, voulut partager avec lui la dignité consulaire, et lui envoya les licteurs avec les faisceaux. Marius les refusa, et continua de laisser croître sa barbe et ses cheveux, afin d’exciter davantage la compassion du peuple. Cependant il prit des mesures pour empécher l’arrivée des vivres ù Rome ; et ayant remonté le Tibre, il se présenta devant cette ville, dont le sénat se håta de lui faire ouvrir les portes ; mais il ne voulut point y rentrer que le décret de son bannissement n’eût été révoqué. Il ne garda pas longtemps cette feinte douceur. Maitre (ll Minturnes est un bourg de la Campanie, situé d l’embouelmre du Ltrls, aujourd’hui la Garlgliano.