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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 28.djvu/382

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marcande et du Mawar-el-Nahr, y fut remplacé par son frère Khalil-Mirza, et reçut de Tamerlan, outre la Syrie et l’Anatolie, tous les États qui avaient été d’abord donnés à son père, et de plus les troupes et les émirs de ce dernier, ainsi que tous les attributs de la royauté. Cette préférence mit la désunion entre Abouhekr et Omar, et fut une des premières causes de la dissolution de la vaste monarchie de Tamerlan. Lorsque ce conquérant marcha contre la Chine, il permit a Miran-Schah d’aller demeurer à Bagdad avec son fils aîné. Tamerlan étant mort dans cette expédition, l’an 807 (1405), Omar, au mépris du testament de son aïeul, affecta l’indépendance dans les vastes provinces qui formaient son apanage. Aboubekr refusa d’abord de lui obéir ; mais se voyant abandonné par une partie de ses troupes, il se rendit avec son père à Sulthanieh pour se soumettre à Omar, qui aussitôt s’assura de sa personne et fit piller ses équipages. Miran-Schah, effrayé de l’arrestation de l'un de ses fils et de l’ambition de l’autre, alla en 808 chercher un asile dans le Khoraçan, où régnait son frère Schah-Rokh. Quelques chefs de rebelles, vaincus par les généraux de ce (prince, étant venus alors se jeter entre les bras e Miran-Schah, il eut la lâcheté de les livrer aux ambassadeurs de son frère, afin de le rassurer sur les motifs de son arrivée sur ses frontières. Cependant Aboubekr, renfermé dans le château de Sulthanieh, gagna ses gardes, tua les assassins qui venaient lui ôter la vie, s’empara de la ville, des trésors, des arsenaux qu’elle renfermait ; échappa par des prodiges de valeur aux poursuites d’Omar ; se rendit auprès de son père, lui reprocha d’avoir violé les lois de l’hospitalité et lui persuada de revenir dans l’Irak-Adjem. Ses forces s’étant considérablement accrues par la jonction d’une foule de militaires errants, il reprit Sulthanieh, et distribua entre ses partisans les femmes d’Omar et de ses émirs. Il fit ensuite construire un trône d’or, y plaça Miran-Schah, lui fit prêter serment de fidélité par toute son armée, et marcha vers l’Adzerbaïdjan. Omar, trahi par la plus grande partie de ses troupes, rassembla un corps de Turcomans. Tauriz lui ayant fermé ses portes, il alla réclamer le secours de ses cousins Pir-Mohammed, Roustam et Iskander, qui gouvernaient le Farsistan et l’Irak-Adjem comme lieutenants de Schah-Rokh. Alors Aboubekr, maître de Tauriz et aveuglé par la prospérité, détrôna son père et lprit le titre de roi, au mois de djoumady II. ln ormé de la marche des princes coalisés, il s’avança contre eux, les vainquit près de Derghezyn après une bataille sanglante qui dura deux jours, assiégea vainement Ispahan, et fut obligé de décamper pour voler à la défense de l’Adzerbaïdjan, envahi successivement par le prince du Chyrwan et parle sultan Ahmed-Djelaïr qui, mettant à profit les divisions des petits-fils de Tamerlan, avait repris Bagdad et s’efforçait de recouvrer tous ses États héréditaires (voy. Avéis II). Aboubekr entra dans Tauriz en 809 ; mais ses injustices et ses extorsions lui aliénèrent tous les cœurs. Une conspiration se forma pour rétablir Miran-Schah sur le trône. Aboubekr en fit périr les chefs ; et quoique son (père n’y eût pris aucune part, il le relégua ans une prison. Mais tandis qu’il n’était occupé qu’à réåprimer des révoltes sans cesse renaissantes, et faire dans les pays voisins des incursions plus dignes d’un rigand que d’un roi, Cara-Yousouf, qui s’était sauvé de l’Égypte après la mort de Tamerlan, reprenait la Mésopotamie, subjuguait l’Arménie et envahissait l’Adzerbaïdjan (voy. Cara-Yousouf). Aboubekr lui livra bataille près de Serderoud en 810 (1408) : il fut vaincu complétement, et son père y perdit la vie dans la 42’ année de son âge. Un soldat, avant coupé la tète de Miran-Schah, la porta au vainqueur qui, au lieu de le récompenser, ordonna qu’on le mit à mort. Cara-Yousouf déplora le sort de ce prince, lui fit rendre les honneurs funèbres, consentit que son corps fût porté dans la Transoxane pour être enterré auprès de Tamerlan, et il épousa une de ses filles qui s’était trouvée au nombre des captifs. Aboubekr, après sa défaite, ne pouvant se maintenir dans l’Adzerbaïdjan ni dans l’Irak, prit la route du Kerman, où régnait Avéis-Beras, dont le père Idekou en avait reçu de Tamerlan la souveraineté. Jaloux de la puissance de ce prince, Aboubekr complota contre lui, et se rendit tellement suspect qu’il fut obligé de gagner le Séistan. Il y rassembla une armée, revint attaquer le prince du Kerman, et périt dans le combat en 811 (décembre 1408), âgé de 27 ans. Omar, second fils de Miran-Schah, depuis ses revers, s’était retiré dans le Khoraçan, où son oncle Schah-Rokh l’accueillit comme un fils, et lui céda les provinces d’Esterabad et de Mazanderan qu’il venait d’enlever aux Toga-Tymourides. Mais l’ingrat fondit sur le Khoraçan et osa se mesurer avec son bienfaiteur. Abandonné du plus grand nombre de ses soldats, il fut vaincu presque sans combattre près de Djam (17 avril 1407), et s’enfuit vers le Djyhoun dans l’espoir de se rendre à Samarcande auprès de son frère Khalil. Attaqué près de Mograb par les troupes de Schah-Rokh et blessé dangereusement, il fut arrêté, enchaîné sur un cheval et amené à ce prince, qui ordonna qu’on prit soin de ses jours. Mais Omar, avant d’arriver à Hérat, expira (3 mai), à l’âge de 24 ans. Nassir eddyn Khalil-Mirza, troisième fils de Miran-Schah, avait accompagné Tamerlan dans sa dernière campagne. Comme, à la mort de ce conquérant, de tous les princes de sa famille en âge de régner Khalil était le plus à proximité, les émirs qu’il commandait le reconnurent pour souverain, malgré le testament de son aïeul qui avait désigné pour son héritier Pir-Mohammed Djehanghyr, le plus âgé de ses petits-fils et le seul issu de la