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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 28.djvu/617

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Robert). Ce comédien fut frappé d’apoplexie en jouant le rôle d’Hérode. Il ne mourut pas sur la scène, mais, paralysé longtemps de la langue et d’une partie du corps, il ne put y reparaître et se retira dans une maison qu’il avait près d’Orléans. Le cardinal le fit revenir pour jouer dans l’Aveugle de Smyrne, tragi-comédie à laquelle l’éminence avait eu part. Mondory ne put achever que deux actes et retourna dans sa retraite, où il mourut vers 1646, riche de huit à dix mille francs de rente que lui faisaient le ministre et quelques grands seigneurs. Il était l’orateur de sa troupe et composait les discours d’annonces et les compliments d’ouverture et de clôture, dont l’usage, aboli par la révolution, avait au moins l’utilité de maintenir les acteurs dans la dépendance du public et dans le respect qu’ils lui doivent. Mondory joignait au talent de la parole l’art de faire des vers, comme on peut en juger par deux pièces qu’il adressa à Scudéry. Il laissa de vifs regrets et de longs souvenirs que Baron seul put effacer. Le père Rapin, l’abbé de Marolles, Scudéry, le grand Corneille lui ont donné des éloges, et Tristan, dans sa préface de la tragédie de Penthée, où il attribue le peu de succès de cette pièce à l’absence de Mondory, donne une juste idée du talent de cet acteur, qui n’exprimait pas moins les sentiments de l’âme par le jeu de sa physionomie

que par son geste et sa déclamation.

A-t.

MONESTIER (Benoît), conventionnel, était chanoine de St-Pierre, à Clermont en Auvergne, à l’époque de la révolution. Il en adopta les principes sans réserve ; et la faction des jacobins n’eut pas de partisan plus déterminé. Nommé député la convention par les clubistes du Puy-de-Dôme, il y garda le silence jusqu’au jugement de Louis XVI, dans lequel il vota pour la mort et contre le sursis. Lors de la question de l’appel au peuple, il s’exprima ainsi : « Comme une « grande partie de mes combattants ont fait « passer a la convention nationale plusieurs « adresses, par lesquelles ils vous expriment « qu’ils désirent que vous jugiez sans appeler au « peuple, je dis mm. » Après ce procès, Monestier attaqua avec force les girondins. À l’époque du 31 mai 1793, il s'opposa à ce qu’on lùt la réclamation de Vergniau contre le parti qui venait de le proscrire. Peu de temps après, il fut envoyé avec Pinet aîné en qualité de représentant du peuple à l’armée des Pyrénées occidentales. Il remplit obscurément sa mission et revint bientôt à Paris. La révolution du 9 thermidor an 2 (27 juillet 1 794) ne changea point son système, et il continua de faire cause commune avec les terroristes, s’opposant à la mise en liberté des détenus pour opinions politiques. Assez timide dans la convention, il parlait souvent au club des jacobins, où il avait une grande influence. Le 8 septembre 1794, il appuya, renouvela même, la motion qui avait été faite de remettre en activité la loi des suspects et de réincarcérer ceux qu’on avait mis en liberté. Monestier présidait ce club lorsque, à l’époque du procès de Carrier, on prit des mesures pour le fermer et disperser les sociétaires. L’alarme était dans le camp ; le président, la tête coiffée d’un bonnet rouge, s’agitait sur son fauteuil, disant qu’il était en insurrection, et il invitait ses frères à en faire autant, à agir en conséquence. Après avoir vainement défendu Collot-d’Herbois, Monestier fut lui-même décrété d’arrestation, le 1er juin 1795, « comme « accusé de s’être entendu avec un agent des « fourrages de l’armée pour dilapider en commun, pour avoir fait verser le sang des citoyens, « de concert avec Pinet aîné, enfin pour avoir « pris part à la révolte des 1er et 2 (prairial contre « a convention. » Il fut compris ans l’amnistie lors de l’établissement de la constitution de 1795 et nommé président du tribunal criminel du Puyde-Dôme, à Clermont, puis président du tribunal de première instance à Issoire, place qu’il occupait encore en 1815. En 1816, il dut sortir de France comme régicide et mourut peu après dans l’exil. — Monestier (Pierre-Laurent), né à Séverac, le 25 septembre 1755, était homme de loi à Moissac lorsqu’il fut député par le département de la Lozère à l’assemblée législative. Dans la séance du 8 juillet 1792, il dénonça Mallet-Dupan (voy. ce nom) comme prêchant, dans le Mercure de France, l’avilissement du pouvoir législatif et sollicita contre lui un décret d’accusation. Réélu à la convention nationale, il y vota la mort de Louis XVI, mais en demandant que cette peine ne fût appliquée qu’à la paix. Après la session, il fut employé dans son département en qualité de commissaire du directoire. B-u.


MONET (Philibert), jésuite savoisien, né en 1566 à Bonneville, entra dans la société à l’âge de vingt-quatre ans, et ne tarda pas in se faire remarquer par ses connaissances approfondies dans la langue latine. Il fonda le collége de Thonon en 1597, et fut très-utile à St-François de Sales dans la mission du Chablais. Il enseigna les humanités pendant cinq ans dans le collège de la Trinité à Lyon, où il fut vingt-deux ans préfet des études ; il professa aussi la théologie morale dans la même ville, .et y mourut en 1643. Quelques-uns de ses nombreux écrits, très-estimés dans le temps, méritent encore d’être cités. Son Delectus latinitatis a fait dire au P. de Colonia (Hist. littér. de Lyon) que personne ne connut mieux que le P. Monet la propriété et la force des mots latins, sans excepter même les Alde-Manuce, les Mafïei, les Scioppius, etc. Voici le catalogue le plus complet des œuvres de ce savant jésuite : 1° Veterum nummorum ad récentes francicos proportio, une feuille in-fol., Lyon, 1617 ; 2° Abacus Romanonun rationum, h. e. de nummaríís, de mensurarum panderumque notís, etc., ibid., 1618, in-8° ; 3° Annuæ : litteræ Indiarum, années 1612-1614, ibid., 1618. in-8°. Ce fut le P. Monet qui traduisit ces lettres en latin.