Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 29.djvu/66

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MON. guerre. Il rentra en tti !6 dans la Silésie, et ayant opéré sa éonctlon avec l’armée de Jean de Werlh, il reg : aussitôt l’olTensive, et chassant toujours les édols devant lui, les obligea presque sans combattre à évacuer entièrement la Bohème. La pal : de Westphalie lui laissa des loisirs qu’il mit I pmlit pour son instruction : il visita la Suède, où sa réputation lui mérita l’accueil le plus distingué, et il fit ensuite un voyage à alodène pour voir ses parents. Son séjour en cette ville fut marqué par un événement déplorable : dans un carrouse qui eut lieu pour les noces du duc, il tua le comte Manzani, son ami, d’un coup de lanœ. Le chagrin qu’il en ressentit hala son retour en Allemagne. Il fut élevé en lt}57 au grade de maréchal de camp, et envoyé au secours de Jean-Casimir, roi de Pologne, que le prince Ragotzky et les Suédois venaient de chasser de sa capitale. Il reprit sur-le-champ Cracovie, ct. favorisé par une diversion que le roi de Danemarclt opéra en déclarant la guerre aux Suédois, il les obligea d’abandonner successivement toutes les villes dont ils s’étaient emparés. Il vole ensuite à la défense du roi de Danemarck assiégé dans Copenhague. chasse les Suédois du Jutland et leur enlève l’tle de Flonic. La mort de Charles-Gustave, roi de Suède, ayant rétabli la paix dans le Nord, llontecucculi fut envoyé en Hongrie en ttitit pour s’opposer aux progrès des Turcs, qui avaient déclare la guerre il llagotzkv : avec des forces tt·ès-inférieures, il obtint différents avantages : déjoua, par l’habileté de ses tnouvcments, tous les projets du grand vizir, et, aidé des Français, il remporta une victoire signalée sur les Turcs à St-Gothard, le 10 août ltitit. Cette victoire amena la paix, et l’Empereur récompensa Montecucculi de ses services en l’élevant aux plus hautes dignités militaires. Il reçut en t673 l’ordre de conduire des secours aux Hollandais attaqués par la France, et, malgré les savantes manœuvres de Turenne, qui passa le Rhin pour l’arrêter dans sa marche. il parvint a opérer sa jonction avec le prince d’Orange sans avoir été obligé de livrer bataille. L’électeur de Brandebourg ayant été nommé général en chel de l’armée impériale, Montecucculi se retira ; mais il fut rappelé en 1675 comme le seul capitaine digne d’être opposé à Turenne. Tous deux, dit Voltaire (Siècle de Louis.’li’), avaient réduit la guerre en art : ils passèrent quatre mois à se suivre et à s’observer dans des marches et dans des campements plus estimés quo des victoires par les otticiers à Iemands et trançais. L’un et l’antre jugeaient de ce que son adversaire allait tenter par les marches que lui-même eût voulu faire à sa place. et ils ne se trompèrent famats. Ils opposaient l’un à l’autre la patience, a ruse et l’activité. Les deux armées étaient en dans un pays épuisé de vivres et de ourrages, et une bataille allait décider entre Turenne et ltoutecucculi, lorsqu’un

MON 61 boulet de canon priva la France d’un de ses plus illustres défenseurs (voy. Totaux :). En apprenant la mort de ce grand homme, Montccucculi oublia qu’il était son ennemi. « Je ne puis assez regretter, répétait-il, un homme au-dessus de l’homme, un homme qui ûnisait ¤ honneur il la nature humaine. » Cependant l’armée française, privée de son chet’, repassa le Rhin, et Montecuccull la suivit en Alsace, où il lit investir llaguenau et Saverne. Condé, envoyé sur le Rhin, le torça de lever le siège d’llagucnau, et Montecucculi reçut l’ordre de quitter l’Alsace pour aller assiéger Philipsbourg. Cette campagne fut la dernière de Montecucculi, et il la regardait comme la plus glorieuse de sa vie, non qu’il eût été vainqueur, mais parce qu’il n’avait pas été vaincu, avant en in combattre Turenne et Condé. Comblé d’honneurs, il passa sa vieillesse dans un repos honorable, et mourut à Lintz le tt} octobre l68t, âgé de 72 ans. Il aimait les lettres et les arts, favorisait les savants, et il contribua à l’établissement de l’académie des curieux de la nature (I). On lui a reproché de n’être pas assez entreprenant ; mais, oin de chercher à se justifier de ce défaut, il se glorifiait d’avoir pris I-’abius pour modèle et souhaitait de mériter connue lui dans la postérité le surnom de Generator. Il sentait la nécessité pour un général d’avoir carte blanche : il lit toute une campagne sans lire les rescrits du conseil de guerre. Il les rendait à l’Empereur en revenant a ’ienne, et lorsque ce prince lui demandait pourquoi il avait négligé les ordres qui lui étaient donnés de sa part ; il lui disait : « Sire, je les ai mis dans ma cassette, et jc vous les rapporte (i, . » Il a laissé des Mémoires sur la guerre, qui ont été publiés en latin (Commeutarii belliri), Vienne, 1718, in-fol., fig. Henri de lluysen avait publié à Cologne en 1704, in-lil, les Mémoires de Montecucculi, en italien ; c’est sur un manuscrit que le prince de Conti rapporla de tlongrie qu’ils ont été traduits en français par Jacques Adam, de l’Académie française. Cette traduction, qui a été souvent réimprimée, est divisée en tt-ois livres : De l’art militaire en grinéral, De la guerre contre les Turcs. et Relation de la campagne de ititil. Turpitl de Ci’l§Sé, qui tt donné un excellent commentaire sur les Mémoires de Montecucculi, Paris, 1769, 3 vol. in-t°. l’a surnommé le lïgère moderne (toy. Tcnrix ni ; Crussxë, . Pour son Traité de l’art de régner, moins connu que ses Mémoires militaires, voyez le Journal de lertlun de mai 17(15. p. 190. Les Œuvres de Montecucculi ont été publiées en italien. avec des notes d’t’go Foscolo, Milan, t807·t808, 2 vol. grand iu-fol. Cette édition

l· Montecucculi était membre du l'académie de Crescenti, établie à Vienne pour l'encouragement de la littvntnxo italienne, et l'on trouve de lui des rime dans le recueil de cette société, Bruxelles. 1656.

intïz Voy. les (Bona du prince de Ligne, t. 2, p. 76, ¢dit-ion