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sous le nom de qui il est souvent cité par les Pères. Cependant le concile de Laodicée, St. Cyrille de Jérusalem, St. Anathase, et autres, le distinguent, dans leurs catalogues, de la prophétie de Jérémie ; enfin le concile de Trente l’a inséré dans le canon des Écritures. Les Syriens lisent en leur langue une lettre assez longue, sous le nom de Baruch, qui est imprimée dans les Polyglottes de Paris et d’Angleterre ; elle est adressée aux dix tribus et demie d’au-delà de l ’Euphrate ; mais les critiques ont prouvé, par les propres caractères de cette lettre, qu’elle n’a pu être écrite que depuis la publication de l’Évangile. T-d.


BARUFFALDI (Jérôme), célèbre littérateur et poëte italien du 18e siècle, naquit à Ferrare, le 17 juillet 1675. S’étant destiné de bonne heure à l’état ecclésiastique, il fit de bonnes études en philosophie, en théologie, et en droit canon, après avoir fini les études grammaticales et littéraires qui emploient ordinairement les premières années de la jeunesse. Il reçut la prêtrise en 1700, et obtint, sept ans après, un bon bénéfice dans la cathédrale de Ferrare. Il était déjà de l’académie des Intrepidi de cette ville, et de plusieurs autres académies. Il avait suivi d’abord le mauvais goût qui régnait alors dans les vers et dans la prose, goût qu’il avait puisé dans la lecture des écrivains du siècle qui venait de finir, désignés depuis sous le nom de Seicentisti ; mais rappelé à de meilleurs principes par un bon vieillard, philosophe et poëte, nommé Alphonse Gioja, le seul peut-être qui y fut demeuré fidèle à Ferrare, il purgea son style de tous les défauts brillants qui l’avaient d’abord séduit. Il cultiva l’éloquence sacrée et prêcha souvent avec éclat, tant à Ferrare que dans d’autres villes. Sa réputation s’étendit dans l’Italie, et bientôt même en France, ou l’abbé Bignon, garde de la bibliothèque du roi, voulut l’attirer. Baruffaldi refusa, pour ne pas affliger son père. Il en fut séparé par des persécutions et des injustices. Son père, qui était un savant passionné surtout pour les antiquités de sa patrie, avait formé une collection considérable de manuscrits, de médailles et d’autres objets relatifs à ce genre d’étude ; le fils l’avait encore augmentée, surtout en manuscrits et en titres originaux. Il s’éleva alors un grand procès au sujet du domaine de Ferrare : des envieux dénoncèrent Baruffaldi comme pouvant faire, ou même ayant fait usage de ses livres contre les intérêts du souverain. Il fut condamné, sans préliminaire et sans être entendu, à être dépouillé de ses livres, et exilé de Ferrare et de tout l’État ecclésiastique. La sentence lui fut signifiée, et fut exécutée le 17 juillet 1711, jour anniversaire de sa naissance. Il lui fallut deux ans pour obtenir justice, mais il l’obtint enfin ; on lui rendit d’abord la liberté de retourner à Ferrare, ensuite sa bibliothèque. Son rappel lui fut annoncé par une lettre pontificale très-honorable ; mais le pape aurait mieux fait de ne se point mettre dans la nécessité de la lui écrire. L’innocence de Baruffaldi et la gaieté naturelle de son humeur l’aidèrent à supporter paisiblement cette disgrâce. Il prépara, pendant son exil, et acheva même plusieurs ouvrages, qu’il donna ensuite au public. Cette persécution augmenta encore la considération dont il jouissait dans sa patrie. On créa pour lui, dans l’uníversité, une chaire honoraire de théologie, qu’il occupa jusqu’à ce que celle de belles-lettres vint à vaquer. Celle-ci lui fut alors donnée, et il en ouvrit les cours en 1721. L’archevêque de Ravenne le nomma son vicaire général à Ferrare. Le chapitre de la cathédrale lui avait conféré, en 1721, un canonicat vacant ; mais cette collation fut attaquée par les tribunaux de Rome ; le chapitre et le nouveau chanoine perdirent leur procès. Il en fut bien dédommagé par l’archiprêtrise de l’église collégiale de Cento, qui lui fut offerte, en 1729, par les électeurs, et qu’après quelque résistance il se résolut enfin à accepter. Il avait établi chez lui, à Ferrare, une réunion d’amis, tous gens de lettres, qui devint une académie, sous le titre de la Vigna ; il y prit lui-même le nom académique d’Enante Vignajuolo, sous lequel ont paru plusieurs de ses ouvrages. Depuis sa nomination à l’archiprêtrise, il partagea son séjour entre Cento et Ferrare. Il fut frappé dans cette dernière ville, en 1755, d’une attaque d’apoplexie, dont il revint, mais avec la perte de presque toutes ses facultés, et ne pouvant plus ni parler ni écrire ; il succomba enfin, et mourut la nuit du dernier jour de mars au 1er d’avril 1755. Il nous serait commode de renvoyer nos lecteurs à la liste que Mazzuchelli a donnée des ouvrages de ce fécond et ingénieux écrivain ; mais le livre de Mazzuchelli (gli Scrittori d’Italia) étant fort rare en France, ils n’en seraient pas plus avancés. Cette liste contient plus de cent ouvrages, latins et italiens, en prose et en vers ; nous y choisirons ceux qui ont le plus d’importance, et qui ont donné à leur auteur la place distinguée qu’il occupe dans la littérature de son pays et de son siècle. 1° Dissertatio de poetis Ferrariensibus, Ferrare, 1698, in-4°, réimprimée dans let. 9, part. 8 du Thesaur. Antiquit. ital. de Grævius. 2° Dissertatio de prœficis ad illustrationem urnæ sepulchralis Fl. Quartillæ prœficæ, etc., Ferrare, 1715, in-8°, et insérée dans le t. 3 du Novus Thesaur. Antiquit. roman. de Sallengre. 5° Studiorum Ephemerides almæ Ferrariensis universitatis ejusque collegiorum, 6 petits vol. in-12, Ferrare, depuis 1725 jusqu’en 1750. 1° Della Storia di Ferrara lib. 9, etc., Ferrare, 1700, in-4°. Cette histoire, qui donne dans le plus grand détail les événements arrivés depuis 1655 jusqu’en 1700 même, et dans laquelle l’auteur s’exprimait trop librement sur des faits relatifs à l’affaire du domaine de Ferrare, qui s’agitait alors, fut la première cause de sa disgrâce. Il l’appelait dans la suite : Libro di veritá, non di prudenza. 5° Annotazioni sopra il trattato delle particelle e dei verbi della lingua italiana del Cinonio. Ces observations sont imprimées sous le seul nom d’un Accademico Intrepido, ou d’un membre de l’académie des Intrepidi, à la suite de l’ouvrage même de Cinonio, sur les particules, Ferrare, 1709 et 1711, in-1°. 6° Lettera difensiva di messer Antonio Tibaldeo di Ferrara al sig. dottore Lod. Ant. Muratori da Modena, 1709. Muratori avait traité peu favorablement, dans son livre della Perfetta Poesia, le Tibaldeo, poète ferrarais du 15e siècle. Baruffaldi, dans cette lettre,