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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 3.djvu/28

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BAQ — BAR

quelle physionomie il donnait à l’oncle du Dissipateur et à Perrin Dandin des Plaideurs, où il atteignait au nec plus ultra de la bouffonnerie. Baptiste cadet baragouinait plaisamment l’anglais, l’allemand, l’italien. Pour faire briller ce talent, assez facile du reste, il fit transporter sur le Théâtre-Français les Déguisements amoureux de Patrat, faible ouvrage à tiroirs du vieux théâtre des Variétés, et il soutint quelque temps cette bluette à côté des grands ouvrages : c’est tout ce qu’il pouvait faire. Plus tard il joua Jacques Spleen dans le Conteur, ou les Deux Postes : cela valait mieux. On peut reprocher à Baptiste cadet d’avoir borné son répertoire : en l’étendant il eût acquis encore plus de renommée de son vivant, et laissé plus de souvenirs après sa mort. Il est un rôle qui l’a longtemps désigné, bien que ce ne soit pas celui où il a déployé le plus de talent réel. Le Sourd, c’était Baptiste cadet. Il y excitait un rire inextinguible, il y provoquait la désopilation de la rate. Aussi l’appela-t-on longtemps Baptiste-d’Asnières. Dans les voyages du Théâtre-Français à Fontainebleau, sous l’empire, Baptiste cadet était toujours désigné par Napoléon comme l’acteur indispensable avec Talma. Trois ou quatre fois de suite il y joua le Parleur contrarié. Dans cette pièce oubliée, Baptiste cadet représentait un bègue qui contrariait le parleur sans jamais pouvoir placer un mot, le parleur gagnant toujours de vitesse sur l’infirmité du bègue. Ce n’était qu’après de longues scènes que ce dernier lâchait son mot en bégayant ; et c’étaient alors des éclats de rire universels, tant il y avait de joie et de contentement dans la physionomie de l’acteur. Baptiste cadet se retira de la Comédie-Française le 1er avril 1822, et il mourut à Paris, au mois de juin 1859. Après la révolution de 1850, le Théâtre Français eut à passer de mauvais jours. Alors on vit les deux frères Baptiste sortir de leur retraite, pour venir aider leurs camarades, comme avaient fait d’autres artistes retirés du théâtre à l’époque de la première révolution. Leurs représentations furent très-suivies ; et les deux frères rentrèrent dans le repos, après avoir couronné leur existence dramatique par une bonne action.


BAPTISTIN, ou BATISTIN (Jean-Baptiste Stuck), compositeur de musique et virtuose, Allemand d’origine, né à Florence, fit connaître en France le violoncelle, sur lequel il excellait. Il dut à son talent sur cet instrument, dont il joua le premier à l’opéra, une pension de Louis XIV. Baptistin composa la musique de trois opéras ; Méléagre, représenté en 1709 ; Manio la fée, en 1711 ; Polydore, en 1720. Il a composé et publié, à diverses époques, des cantates qui ont eu beaucoup de réputation. Ce musicien est mort à Paris, en 1745.

P-x.


BAQUOY (Pierre-Charles), né à Paris, en 1760, petit-fils et fils de graveurs distingués, fut lui-même un des artistes les plus habiles de son temps. Élève de son père (Jean Baquoy), qui était auteur de très-bonnes planches pour l’édition in-4° des Métamorphoses d’ovide, il se lit remarquer jeune encore par de belles gravures d’après Moreau jeune et Monsiau, pour la belle édition in-8° des Œuvres de Racine. Il grava ensuite, d’après les dessins de Myris, toutes les planches d’une Histoire Romaine, in-4°, composée d’abord pour l’éducation des enfants d’Orléans, et continuée, en 1795, par ordre du comité de salut public. (Voy. Myris.) Il a aussi gravé St. Vincent de Paul recueillant un enfant ; Fénélon secourant des soldats blessés, et quelques sujets pour le musée Robillard, entre autres Diane chasseresse et la Mort d’Adonis, d’après le Poussin. Son chef d’œuvre est une estampe encadrée du Martyrs de St. Gervais et de St. Protais, d’après Lesueur. Enfin il a gravé d’après Moreau, Monsiau et Myris, de fort jolies vignettes pour les Œuvres de Delille et celles de Berchoux. Cet excellent homme fut aimé de tous ceux qui le connurent. Il est mort à Paris, le 4 février 1829. — Ses deux filles, mesdames Couet et Coelino, qui furent ses élèves, ont aussi gravé au burin avec succés.

M-d j.


BAR (François de), né en 1558, à Seizencourt, près de St-Quentin, ayant embrassé l’état monastique, fut admis à l’abbaye d’Anchin, ordre de St-Benoît, sur la Scarpe ; il devint, en 1574, grand prieur de cette maison, qu’il gouverna jusqu’à la fin de sa vie. Il était, dit Foppens (Biblioth. Belg.), homme de grande vertu et de grande érudition. Il avait cultivé l’histoire ecclésiastique avec tant de soin et de réputation, que le fameux cardinal Baronius ne dédaignait pas de le consulter pour la rédaction de ses Annales. Les ouvrages de François de Bar n’ont pas été publiés. On les conservait manuscrits à la bibliothèque d’Anchin, d’où ils ont été transportés, lors de la révolution, dans la bibliothèque publique de Douai, qui les possède actuellement. Les treize volumes in-fol. dont Foppens a donné le détail ne contiennent pas toutes les productions de ce laborieux historiographe. Ici nous nous bornerons aux indications suivantes : 1° Epistolæ, petit in-4°. 2° Cosmographia, in-12. 5° Opera varia, petit in-4°. 1° Chronicon ab origine mundi ad annum 1575, in-fol. Cette chronique, commencée par Jean Tobœuf ou Dobœuf, promoteur de l’officialité d’Arras, sous l’évêque François Richardot, a été complétée et mise en ordre par de Bar, vers 1586. 5° Compendium Annalium ecclesiasticarum Cæsariis Baronii, in-fol. 6° Historia archiepiscopaius Cameracencis et cœnobiorum ejus, in-fol. 7° Historia épiscopaius Atrebatensis et cœnobiorum Artesiæ, in-fol. 8° Historia épiscopaius Tornacensis, item Audomarensis et Gandensis, in-fol. 9° De Ordinibus monasticis, in-fol. 10° Opus Ordinum monasticorum, in—4°. 11° Historia monastica, in-fol. 12° Historia monastica Franciæ, Italiæ et Hispaniæ, in-fol. 13° Historia Aquicinctensis Ecclesiæ, in-4°. 14° Electio et Gesta Warneri de Daure, abbatis Aquicinctini, in-fol. 15° Opera varia, in-fol. Fr. de Bar est souvent cité par les auteurs qui ont traité de l’histoire ecclésiastique des Pays-Bas. Ghesquière et Smet le mentionnent plusieurs fois dans leurs Acta Sanctorum Belgii. L’examen attentif du recueil de ses lettres fournirait assurément quelques notions nouvelles sur l’histoire littéraire de nos contrées du Nord. Fr. de Bar est mort le 25 mars 1606.

L. G.


BAR (Nicolas de), peintre célèbre, originaire