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!l.ZAitl) (Au.usn), homme ardent et reveur,
l’un des fondateurs du carbonarisme en France, et l’un des deux premiers Pères surfîmes de la religion saint-simonicnne, naquit vers l’an 1792, quand le trône et l’autel s’écroulaient ensemble. Son berceau touche à celui de la république, son enfance se ruttache au consulat., son adolescence à l’empire, son âge mûr a la restauration, et la grande reveric de son apostolat à la révolution de 1850. Un des évangélistes de la religion nouvelle, M. Emile Barrault, nous apprend que Bazard et Enfantin eurent dans tilinde Rodrigues un précurseur qui les baptisa dans les eaux de St-Simon, qui les annonça au monde, les éleva, et, trop modeste, se mit ensuite à l’ombre de leurs nutcls : à De St-Simon, Olinde Rodrigues avait apit pris à croire aux destinées de l’humanité, et il avait « enseigné ces destinées à notre Pere et ai Bazard... « Cet héritage de St-Simon, notre Père le nnçtrr de a Rodrigues. a (Dernier numéro du Globe, 20 avril
- 18 ?š2.) - Nous ne prétendons pas donner ici un
exposé complet de la doctrine des nouveaux évangélistes, qui, d’aillt-urs, auraient entre eux besoin d’un peu de concordance ; nous pensons, comme M. Léon IIalevy, qui, parlant de St-Simon, a fort bien dit :
Il fondait une école et non pas une église. Nous n’examinerons donc pas si M. Barrault a eu raison de dire que St-Simon ne /it point la cône, et légua son œuvre ei un docteur ; qu’il eut tort de ne point appeler la femme à régner avec lui ; que, pour cette raison, il n’a été que Lt- : Msirun, et a laissé a un autre la gloire d’être LE Pana, LE M1- : ssm nt- : Dieu 1- :*r LE Bot nas Nartotvs. Quand il s’agit de précurseur, de nouveau Messie, de nouveau Verbe incarné, de transformation de la propriété, de religion nouvelle, de politique nouvelle, il convient de traiter gravement la matière, et de ne pas aller pren. dre des armes offensives dans l’arsenal des incrédules détracteurs ; nous nous bornerons donc à citer les œuvres du Père ou de ses apôtres, appliquant ainsi à eux-mêmes, afin qu’ils n’aient point à se plaindre de nous, leur grand axiome, á chacun selon ses œuvres. Au mois d’octobre 1850, Bazard et lšnfantin tirent imprimer sous le titre de : Religion saint-simonienne, une Lettre á M. le président de la ehambre des tleputes. lis commencent par rappeler qu’a la séance du 29 septembre, M. Maugnin, en signalant l’existence d’une secte demi-religieuse, demi-philosophique, tt l’avait représentée, dans une « vnc très-bienveillante, comme enseignant la communauté des biens, » et que, dans la séance du leg.. demain, M. Dupin, en parlant de la même société, avait reproduit l’assertion de son collègue, ajoutant que les saint-simonies demandaient encore une autre communauté, celle des femmes. Ensuite les deux pontifes de la religion nouvelle cherchent à se justifier, et repoussent comme fausse, mais en tertues bien singuliers, la double assertion des deux députés : « Oui, sans doute, disent-ils, les saint-simonies professent, sur l’avenir de la propriété et a sur l’avenir des femmes, des idées qui leur sont I
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particulières, et qui se rattachent a des vues toutes particulières aussi et toutes nouvelles, sur la religion, sur la politique, sur le pouvoir, sur la liberté..... mais il s’en faut de beaucoup que ces idées soient celles qu’on leur attribue. » Bazard et Enfantin déclarent donc qu’ils repoussent le partage égal de la propriété ; que ce partage égal serait une violence grande ; mais, comme ils croient à l’inégalité naturelle des hommes, ils veulent qu’a l’avenir chacun soit placé selon sa capacité et rétribué selon ses œuvres. En conséquence, ils se bornent donc, disent-ils, à poursuivre la destruction de Vhéritage. a Ils demandent que tous les instruments du travail, e les terres et les capitaux, qui forment aujourd’hui a le fonds morcelé des propriétés particulières, soient « réunis en un fonds social, et que ce fonds soit exploité par association et hiérarchiquement, de manière a ce que la tache de chacun soit l’expression « de sa capacité, et sa richesse, la mesure de ses « œuvres. » La propriété ne doit pas consacrer le privilège impur de l’oisiveté, c’esl-á-dire celui de vivre du travail d’autrui. C’est ainsi que Bazard et son compère entendaient respecter le droit de propriété, en faisant de toutes les terres et de tous les capitaux du globe un fonds social. Suivant ce premier tlogme fondamental de la religion saint-simonienne, les pères n’étaient dépouillés que dans leurs enfants ; c’est pour leurs enfants qu’ils avaient élevé et soigné leur fortune, et ils ne pouvaient, à leur mort, leur léguer un centime ; en sorte que, par exemple, si les enfants d’un millionnaire étaient aveugles, rachitiques ou imbéciles, ils ne devaient plus être rétribués sur le fonds social, où leur grande fortune se serait engloutie, que selon leur capacité ou selon leurs œuvres, c’est-lt-dire beaucoup moins que
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..... ces honnêtes enfants
Qui de Savoie arrivent tous les ans, Et dont la main légèrement essuie
Ces longs canaux engorgés par la suie. Ce n’était pas la loi agraire, c’était pis encore ; ce n’était pas l’égalité, mais l’inégalité et Paristocratic dans la misère. Et quant au mode de répartition du fonds social dans toute la famille humaine, se composant d’environ 800 millions d’individus répartis dans le monde, depuis le cap de Bonne-Espcrance jusqu’au Spitzberg, depuis la terre de Feu jusqu’au Groenland, et embrassant non-seulement l’Europe, l’Asie, l’Afrique, mais aussi l’Amérique et l’Océanie, MM. Bazard et lšufantin devaient se charger de ce petit travail dont l’exécution ne leur paraissait ni impossible ni difficile, nonobstant les 5,064 langues qui, selon Adelung sont parlées sur le globe ; nonobstant le nombre si considérable de religions diverses, et les usages, les coutumes et les préjugés bien plus diversement nombreux encore. Quant aux femmes, Bazard et Enlhntin déclarent a la chambre des députés ne vouloir que leur compléte émancipation, mais 88118 prétendre abolir la sainte loi du mariage, proclamée par le elu-istiauîsnu~. attendu qu’ils sont venus pour le [ter-