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BEA

bliées, en 1809, par les soins de Gudin de la Brenellerie, 7 vol. in-8° ; puis en 6 vol. du même format, à Paris, en 1827, par Furne. Cette édition est précédée d’une notice très-spirituelle, par M. St-Marc-Girardin. Quelques-uns des écrits de Beaumarchais, qui ont trait à la révolution, ont été reproduits dans la collection des Mémoires relatifs à la révolution, par MM. Berville et Barrière. On a retenu plusieurs de ses chansons, surtout celle-ci : Cœurs sensibles, cœurs fidèles. Ses airs valent mieux que ses vers, dont le défaut essentiel est la platitude.

D—R—R.


BEAUMEL, originaire du Rouergue, était capitaine au service de la république française, lorsqu’il

fut fait prisonnier par le général vendéen Charette, au combat de Legé. Il fut le seul de son parti à qui l’on fit quartier dans cette affaire, et il ne dut cette exception qu’à un de ses amis qui, figurant parmi les Vendéens, le reconnut et le sauva. Depuis cette époque, Beaumel s’attacha à Charette, devint un de ses principaux officiers, et même l’un de ses plus intimes amis ; il le servit avec une grande distinction, et fut blessé dans plusieurs occasions, notamment à l’attaque des Quatre-Chemins, ou il reçut une balle dans la poitrine. Après la défection de Prudent de la Boberie, Beaumel fut promu au commandement de la cavalerie de l’armée royale du bas Poitou. Il n’abandonna pas Charette, au moment où toute la Vendée recevait la loi des républicains : il se trouvait près de lui avec un parti de cent cinquante cavaliers seulement et de cinquante fantassins, lorsque l’adjudant général Travot, depuis plusieurs jours à la poursuite du général vendéen, l'atteignit et le surprit à Froidefond, avec des forces infiniment supérieures. La résistance des royalistes fut celle d’hommes désespérés, Beaumel surtout se battit avec un acharnement sans exemple, et ne parut que chercher à vendre sa vie le plus cher possible ; mais une balle l’étendit mort à côté de son général, qui échappa encore quelques jours aux poursuites de Travot. Beaumel était un bel homme, d’un caractère doux, et un bon officier ; il s’était acquis, quoique étranger, la confiance des Vendéens, et particulièrement celle de Charette, qui prenait plaisir, en signe d’amitié, à changer de vêtements avec lui. — Un frère de Beaumel, qui était venu le joindre parmi les royalistes du bas Poitou, déploya aussi beaucoup de bravoure dans diverses affaires, eut son cheval tué sous lui a l’affaire de l’Oie, contre des troupes venant d’Espagne, et perdit la vie peu de jours après dans un autre combat.

F—T—E.

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PAUMELLE (LAURENT ANGLIVIEL DE LA), naquit à Vallerangue, ville du bas Languedoc, le 28 janvier 1727. Il fut élevé dans la religion catholique, au collège de l’Enfance-de-Jésus, à Alais. Au sortir de ses études il passa quelques années à Genève, où il se fit distinguer par son esprit et son érudition. Il ne parait pas certain qu’il y ait prêché dans les temples des protestants, comme Voltaire l’a imprimé ; mais il n’est pas douteux qu’il fut attaché à leurs dogmes. En 1751, à l’âge de vingt-quatre ans, il fut appelé en Danemark pour y pro

fesser les belles-lettres françaises. Le désir de voir la cour de Prusse, et peut-être de s’y établir, à l’exemple de plusieurs littérateurs français, lui fit bientôt quitter Copenhague. Il demanda son congé au roi de Danemark, qui le lui accorda avec une gratification considérable, et la liberté de venir reprendre son poste quand il le jugerait à propos. Ce fut à Copenhague que la Beaumelle publia son premier ouvrage, intitulé : Mes Pensées. On y trouve (p. 38, édition in-18 de Berlin) le paragraphe suivant : « Qu’on parcoure l’histoire ancienne et moderne, on ne trouvera point d’exemple de prince qui ait donné 7,000 écus de pension à un homme de lettres à titre d’homme de lettres. ll y a eu de plus grands poëtes que Voltaire ; il n’y en eut jamais de si bien récompensés, parce que le goût ne met jamais de bornes à ses récompenses. Le roi de Prusse comble de bienfaits les hommes à talents, précisément par les mêmes raisons qui engagent un petit prince d’Allemagne à combler de bienfaits un bouffon ou un nain. » En arrivant à Berlin, la Beaumelle, qui avait déjà été en correspondance avec Voltaire, et qui savait qu’il était fort en crédit à la cour, alla lui rendre visite, et lui témoigna le désir de se lier avec lui. Voltaire lui demanda un exemplaire de ses Pensées ; la Beaumelle le lui prêta. Il est facile de deviner l’impression que firent sur l'homme de lettres pensionné de 7,000 écus les réflexions que l’on vient de citer. Elles furent l’origine d’une guerre de personnalités et d’injures qui dura jusqu’à la mort de la Beaumelle. La considération que ce dernier témoignait à Maupertuis accrut encore cette inimitié. Voltaire, loin de servir la Beaumelle auprès du roi, lui suscita des dégoûts sans nombre qui le déterminèrent à quitter Berlin, au mois de mai 1752, pour se rendre à Paris. Plusieurs réflexions hardies, contenues dans ses Pensées, lui attirèrent des ennemis. Le nombre en augmenta lorsqu’il eut donné ses Notes sur le siècle de Louis XIV, et à la suite de cette publication il fut arrêté, le 23 avril 1753, et mené à la Bastille : il en sortit au bout de six mois, et publia les Mémoires de madame de Maintenon, qui fournirent le motif d’une nouvelle détention de la Beaumelle dans cette prison royale. Il n’est pas permis de douter que Voltaire et ses nombreux partisans ne fussent les principaux instigateurs de ces persécutions. Rien n’est plus affligeant et plus préjudiciable à la gloire des lettres que ces querelles virulentes où les deux partis sortent également des bornes de la justice, de la modération et de l’honneur. Il serait impossible de déterminer lequel eut les premiers torts, de Voltaire ou de la Beaumelle ; tous les deux étaient nés avec un caractère ardent et passionné ; mais la Beaumelle eut incontestablement le tort de prétendre traiter d’égal a égal avec un homme tel que Voltaire. On trouve les preuves de cette ambition et de cet orgueil démesuré dans une lettre que la Beaumelle écrivit à Voltaire ; l’un venait de sortir de la Bastille, et l’autre avait été arrêté à Francfort, mais bientôt laissé en liberté, après avoir quitté la cour de Berlin : « Nous voilà libres,