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Bertrand, Valence, 1625, traduite en latin par le P. Jacques Bacci, Rome, 1645, in-4°, et par le P. Jérôme Bernabe. Cette vie, restée d’abord inédite, a été publiée à la suite de celle de Gallonio, dans les Acta sanctorum, mai, t. 5, avec des notes de Papebroch. (Voy. aussi l’art. Manni). Il existe encore une Vie de St-Philippe, par M. Consciencia, Lisbonne, 1738, 2-vol. in-fol. ; une autre par 11. Paul Guerin, Lyon, 1852, in-8° ; une autre par l’abbé Prau, Tournai, 1853, in-12.


NERI (Antoine), l’un des premiers chimistes qui aient écrit sur la fabrication du verre, était né à Florence vers le milieu du 16e siècle. Il embrassa l’état ecclésiastique, mais refusa constamment les emplois ou les bénéfices qui lui furent offerts, afin de pouvoir se livrer entièrement à son goût pour les sciences qu’on nommait alors occultes. Il visita la plus grande partie de l’Europe, s’arrêtant dans les principales villes, et habita longtemps Anvers. Partout il travaillait comme simple manipulateur dans les laboratoires des chimistes, quand il n’avait pas d’autre moyen de connaître leurs secrets. De cette manière, il fut témoin d’une foule d’expériences dont il se proposait de faire part au public ; mais la mort prévint sans doute l’effet de ses intentions ; car le seul ouvrage que l’on ait de lui est le Traité de la verrerie. Il est intitulé : l’Arte vetraria distinta in libri sette ; ne’ quali si scoprono maravigliosi effeti e s’insegnano segreti bellissimi del vetro nel fuoco, ed altra cose curiose, Florence, Giunti, 1612, in-4°. Cette édition est plus rare que recherchée. L’ouvrage de Neri a été reproduit à Venise en 1663, in-12, et en 1678, in-8°. Il a été traduit en anglais par Merret et en allemand par Kunckel ; il en existe une traduction latine, imprimée en Hollande en 1668, avec les observations de Merret ; mais la meilleure de toutes est sans contredit celle qu’a donnée d’Holbach en français, avec les remarques de Merret et de Kunckel, et de nouvelles additions (voy. Merret et Holbach). Dans le premier livre, on traite de l’extraction des sels qui entrent dans la composition du cristal et du verre commun ; dans les trois suivants, de l’art de donner au verre toutes sortes de couleurs ; dans le cinquième, de l’imitation des pierres précieuses ; et enfin dans le sixième, de la préparation des émaux. Quoique tous les arts dépendant de la chimie aient fait, surtout dans les dernières années du 18e siècle, d’immenses progrès, le traité de Neri mérite encore d’être lu, avec les remarques de ses différents traducteurs, qui confirment ou détruisent ses observations.


NÉRICAULT. Voyez Destouches.


NERLI (Philippe), historien, né en 1485, à Florence, d’une famille patricienne, se disposa, par des études sérieuses, à remplir d’une manière convenable les fonctions auxquelles l’appelait sa naissance. Il mérita l’estime du grand-duc Cosme Ier, qui l’éleva au rang de sénateur et le députa en 1550 vers le pape Jules III, pour le complimenter sur son avènement à la chaire de St-Pierre. Nerli mourut en 1556. Il laissa en manuscrit : Commentarii de’ fatti civili occorsi nella città di Firenze dall anno 1215 al 1537. Cet ouvrage, après être resté grès de deux siècles enseveli dans la poussière des bibliothèques, a enfin été publié Florence sous la rubrique d’Augsbourg, en 1728, in-fol. L’éditeur l’a fait précéder d’une courte Notice sur Nerli, et y a joint des notes marginales et une table pour faciliter les recherches. Nerli s’était proposé de recueillir les événements dont il avait été le témoin ; mais, afin d’éclaircir les faits qu’il avait à raconter, il a cru devoir remonter à l’origine des factions des guelfes et des gibelins, qui ont divisé si longtemps l’Italie. Son histoire peut être divisée en deux parties.

Les trois premiers livres, qui finissent à l’année 1494, ne sont qu’un abrégé de l’histoire générale de l’Italie, tiré des meilleurs écrivains. Dans les neuf derniers, Nerli se borne à raconter ce qui s’est passé à Florence, et il descend à des détails minutieux, tant il paraît craindre d’omettre rien d’essentiel. On lui a reproché de manquer de sincérité ; c’est le défaut des historiens contemporains. Cependant son ouvrage est fort estimé en Italie, et il est souvent cité comme autorité.


NERO, NEGRO, NIGER (Andalone del), célèbre astronome, était né vers 1270, à Gènes. Dans sa jeunesse, il visita la plupart des pays connus pour observer l’aspect des astres dans les divers climats et aux différentes époques de l’année. Doué d’une éloquence remarquable, il y joignait beaucoup d’érudition et toutes les qualités qui donnent un nouveau lustre au talent. Il était à Rome lorsque Hugues IV, roi de Chypre[1], vint y chercher dans le commerce des savants des connaissances dont il sentait tout le prix. Ce prince, ayant suivi les leçons d’Andalone, conçut pour lui la plus tendre affection, dont il ne cessa de lui donner des marques. Plus tard, Andalone enseigna l’astronomie à Naples, et compta parmi ses disciples Boccace, qui le nomme dans plusieurs de ses ouvrages de la manière la plus honorable. Un long fragment de sa Genealogia deorum (l. 15, c. 6), qui contient presque tout ce que nous savons de positif sur Andalone, a été traduit par Tiraboschi, dans la Storia della letteratura ital., t. 5, p. 215. Pour y donner une idée des talents de son maître, Boccace dit qu’il était pour l’astronomie ce que Cicéron est pour l’art oratoire et Virgile pour la poésie. Il rapporte, dans le prologue du 3’ livre De Casibus illustr. virorum, une fable ingénieuse qu’il tenait de la bouche d’Andalone. C’est le combat de la Pauvreté contre la Fortune. Le but de cette fable

  1. C’est à ce prince que Boccace a dédié son ouvrage De genealogia deorum.