dix-sept ans, et après avoir régenté dans différents colléges, vint à Paris, où il se fit une réputation par son talent pour la chaire. Il sollicita de ses supérieurs la permission de se consacrer aux missions, et s’embarqua vers la fin de 1639 sur un bâtiment qui se rendait à la Martinique. Il visita les différentes missions que les jésuites possédaient dans les îles françaises, et passa ensuite dans le Mexique, où il espérait trouver plus d’occasions-d’exercer son zèle pour la propagation de la foi. Il y demeura onze ans, occupé à instruire les habitants du pays, dont il s’était fait chérir par sa douceur ; et il mourut, au milieu de ses travaux apostoliques, à Puebla de los Angeles, au Mexique, le 21 avril 1667. On a de lui : 1° Prolusiones oratoriæ, Paris, 1644, in-8°. C’est le second recueil des discours qu’il avait prononcés dans des circonstances d’éclat. 2° Relation des missions des jésuites dans les îles et dans la terre ferme de l’Amérique méridionale, ibid., 1655, in-8° ; 3° Introduction à la langue du Golibis, sauvages de l’Amérique méridionale, ibid., 1655, in-8°. Cet opuscule est rare et recherché. Boyer publia, quelques années après, l’essai d’un dictionnaire de la même langue (voy. Buren).
PELLERIN (Joseph), célèbre numismate, né à
Marly-le-Roi, près de Versailles, le 27 avril
1684, fit ses études à Paris. Au sortir de ses
classes de philosophie, il apprit l’hébreu, le
syriaque et l’arabe sous Pinsonnat, Henrion et
Pétis de la Croix, tous habiles professeurs au
collège royal. Indépendamment de ces langues
savantes, qui, avec le grec et le latin, avaient
fait la base de ses premières études, Pellerin
avait aussi appris l’italien, l’anglais et l’espagnol. Ce fut même principalement à la connaissance de ces trois langues modernes qu’il dut son entrée en 1706 dans les bureaux de la marine, où il fut aussitôt employé à faire les traductions et les extraits de toute la correspondance du ministère dans ces trois langues. Une frégate du roi ayant, en 1709, enlevé de nuit à l’abordage une frégate espagnole venant de Barcelone et destinée pour Gênes, où elle devait débarquer l’archiduc d’Autriche, on saisit à bord plusieurs lettres chiffrées qui contenaient des choses secrètes fort importantes. Quoiqu’il semblât au premier instant que ces lettres ne fussent pas déchiffrables sans la clef du chiffre, Pellerin parvint à les lire en peu de jours. Les unes, en français, étaient pour la cour de Turin ; les autres, en italien, étaient pour la cour de Naples. Torcy, alors ministre des affaires étrangères, à qui l’on rendit compte de cet effort de pénétration du jeune employé, voulut le voir et l’entretenir en particulier, non-seulement pour lui témoigner sa
satisfaction, mais encore pour savoir comment
et par quel procédé il avait pu opérer ce déchiffrement, ainsi que pour avoir des éclaircissements sur quelques endroits un peu obscurs des lettres italiennes. Le jeune Pellerin satisfit pleinement le ministre sur tous ces points. Dès lors, Pontchartrain, secrétaire d’État de la marine, jeta les yeux sur lui pour en faire son secrétaire de cabinet, place qu’i occupait lorsque à la mort de Louis XIV la marine fut administrée par un conseil. Le comte de Toulouse, grand amiral de France, en étant devenu le chef, Pellerin, qui était resté attaché au secrétariat de ce conseil, eut, dans l’exercice de ses fonctions, le bonheur de plaire à ce prince, qui le fit commissaire de la marine en 1718, l’envoya servir dans les grands ports, et le destina en 1723 à aller faire l’inspection générale des classes de matelots dans tous les ports du royaume. Pellerin se disposait à partir pour cette mission, lorsque les conseils de la régence furent supprimés. Alors Maurepas remplaça Morville au département de la marine. Le nouveau ministre, qui avait besoin de s’entourer d’hommes de mérite, garda près de lui Pellerin et le fit commissaire général. Il fut plus tard nommé premier commis de la marine, sous le
ministère de Machault. Les talents, l’activité, la
fermeté, et tout à la fois l’obligeance qu’il montra dans sa carrière administrative, lui avaient
concilié l’estime générale. En 1715, les infirmités
commençant à l’assaillir, il demanda et obtint une honorable retraite. Son fils, qui avait servi dans les grands ports de France, et qui avait fait plusieurs campagnes sur les vaisseaux du roi, fut admis à lui succéder dans le même emploi. Ce fut alors que, rentré dans la vie privée, et pour charmer ses loisirs autant que pour faire diversion à ses souffrances, Pellerin songea à lire, à expliquer, à mettre en ordre et à classer méthodiquement plusieurs médailles que sa place
et ses relations pendant quarante ans avec les
marins l’avaient mis à portée d’acquérir, d’abord
par curiosité, ensuite par goût pour les monuments
antiques. Des médailles samaritaines et
phéniciennes, s’étant trouvées parmi celles qu’il
avait recueillies, lui rappelèrent ses anciennes
études des langues orientales ; il fut enchanté
d’avoir cette occasion de s’y livrer de nouveau ;
il se remit également à l’étude du grec et du
latin, pour pouvoir consulter les auteurs anciens
dans leur propre langue et autant que possible
sur les textes originaux. Tels furent l’origine et
le motif de la magnifique collection de médailles
qu’il forma pendant les quarante années in peu
près qu’il vécut encore après s’être retiré des
affaires. Les explications qu’il donna de ces médailles et les commentaires, la plupart très-lumineux, dont il accompagne ses descriptions,
forment le fond et la matière de l’ouvrage qu’il
publia, de l’an 1762 à l’an 1778, à Paris, sous le
titre de Recueils de médailles de rois, peuples et villes. etc., en 10 volumes in-4°, y compris les Suppléments, lettres et additions[1]. Avant Pelle-
- ↑ On y joint quelquefois les Observations sur quelques médailles du cabinet de Pellerin, par l’abbé Leblond, Paris, 1771, in-4°.