Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 32.djvu/514

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et sculpteurs. Ils aidèrent enfin Mohedano dans les fresques dont il a décoré le sanctuaire de Cordoue et le couvent de Séville. — Étienne Perola, parent des précédents et leur contemporain, naquit également à Almagro, et se fit un nom comme architecte. On lui doit les dessins et les plans du couvent de St-François de Séville, dont la première pierre fut posée en 1623.


PÈRON (François), naturaliste et voyageur, naquit à Cérilly, petite ville du département de l’Allier, le 29 août 1775. Son père exerçait la modeste profession de sellier. Sa mère, restée veuve avec trois enfants, Péron et ses deux sœurs, sans fortune, ne pouvait avoir de hautes prétentions pour son fils, et désirait qu’il apprit quelque métier lucratif. Mais l’enfant manifestait les plus vives dispositions pour l’étude. Il passait une partie de ses nuits à lire, à travailler à l’insu de ses parents, qui lui retiraient la lumière. Il montait la nuit sur le toit de la maison paternelle, et il lisait au clair de la lune ; plus tard il perdit un œil par suite des fatigues causées par cette excessive passion de lecture. En présence d’une vocation qui éclatait de la sorte, le curé de Cérilly avait bien voulu lui donner les premiers éléments de français et de latin. Il suivit ensuite les cours du collége de Cérilly ; enfin, après les études du collége, en 1791, on le retrouve de nouveau entre les mains du vénérable précepteur de son enfance, qui lui apprend la philosophie et la théologie. Mais la révolution venait d’éclater. Exalté par un ardent patriotisme, le jeune Péron s’enrôla en août 1792 dans le second bataillon des volontaires de l’Allier, qui fut organisé définitivement à Moulins le 17 septembre suivant. Il fut nommé caporal de la compagnie de Cérilly, n°7, puis, peu de temps après, sergent. Le bataillon fut envoyé à l’armée du Rhin et de là à Landau, assiégé par les Prussiens. Après la levée du blocus, il fut cantonné dans les environs de Spire. Péron, toujours avide de lecture, devançait par ses instances la distribution que le vaguemestre faisait des journaux et imprimés de circonstance que le gouvernement de l’époque envoyait aux armées ; il avait réuni une soixantaine de volumes des meilleurs écrivains français, provenant du pillage de l’évêché de Spire et dispersés dans les villages. Il est incontestable que les lectures de l’éloquence parlementaire du temps, grandiose mais un peu emphatique, ont eu une influence notoire sur le style de Péron, tant pour ses grandes qualités que pour quelques défauts. Péron rejoignit l’armée qui combattait les troupes prussiennes. Le 26 décembre 1793, dans la déroute qui suivit la bataille de Kayserslautern, Péron, fait prisonnier en cherchant à dégager un camarade qui, renversé sur le dos, avait en travers de son corps un cheval prussien tué, et de plus était blessé d’un coup de sabre au bras, fut eenduit a Mayence, puis Wesel, et enfin dans la citadelle de Magdebourg. C’est à la suite des privations de la captivité que Péron avait perdu l’œil droit, sur lequel une taie existait auparavant et qui était fort affaibli. À la fin de 1794 il y eut un échange de prisonniers ; et comme infirmité de Péron était un cas de réforme, il était de retour à Cérilly le 30 août 1795. Le jeune soldat sans ressources fut d’abord secrétaire de la mairie. C’est alors qu’on le présenta à M. Petitjean, notaire à Cérilly, homme plein de savoir et d’érudition, et dont a générosité permit à Péron le séjour de Paris, où il obtint du ministère de l’Intérieur, en juillet 1797, une place d’élève à l’école de médecine. Outre les cours de l’école, Péron suivit avec assiduité pendant trois ans les cours du muséum, et il s’était surtout passionné “pour les études d’anthropologie, cette science si difficile, à peine ébauchée alors par Blumenbach. Au moment où le doctorat allait être le prix de ses études médicales, une expédition ordonnée par le gouvernement se préparait à faire voile pour la Nouvelle-Hollande. Deux vaisseaux, le Géographe et le Naturaliste (voy. Baudin), attendaient au Havre les dernières instructions du ministre. Péron demanda à être employé ; mais le nombre des savants était complet, il ne put d’abord se faire accueillir. À la suite d’un mémoire lu a l’Institut sur la nécessité d’adjoindre aux savants de l’expédition un médecin anthropologique, et grâce a l’appui de Jussieu et de Lacépède, le ministre signa sa nomination à une place de zoologiste. Après quelques moments donnés à sa famille, Péron s’embarqua au Havre le 19 octobre 1800 sur le Géographe. Aussitôt il se lie avec la plupart de ceux que l’amour des sciences a portés à courir les mêmes dangers, notamment avec Henri et Louis Freycinet, officiers de marine, Leschenault, botaniste, Bernier, astronome, Depuch, minéralogiste, et surtout avec le dessinateur Lesueur, à qui il apprend la zoologie, et qui devient son collaborateur et son ami dévoué. Après une relâche aux Canaries et a l’île de France, l’expédition atteint les côtes occidentales de la Nouvelle-Hollande, explore les terres de Leuwin, d’Endracht, de Witt, et enfin aborde à l’île de Timor le 18 avril 1801. Péron montrait une facilité singulière à se faire comprendre, par le geste et le regard, des peuplades australiennes ou malaises dont il ignorait la langue, et put ainsi recueillir les documents les plus précieux. Une grande presqu’île de la terre d’Endracht, la plus aride de ces côtes désolées, et que Dampier avait prise pour une île, reçut le nom de presqu’île de Péron, qui lui a été conservé. Une épidémie terrible de dysenterie et de scorbut moissonne la plupart des savants de l’expédition et des hommes de l’équipage. C’est sous les atteintes du fléau qu’on parvient, le 13 janvier 1809, au cap sud de la terre de Diémen, dont on explore pendant trois mois la partie sud et la