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parvient à des couches plus profondes. Les observations météorologiques, les premières connues sur le continent australien, sont exposées dans le chapitre du Voyage intitulé Séjour à Port-Jackson (t. I, p. 368). Contrairement à l’opinion des savants de l’époque, Pérou avait prédit, d’après la sécheresse des vents venant des terres, qu’il n’existait pas une vaste mer à l’intérieur de l’Australie ; ce que les expéditions modernes ont vérifié. La mortalité effrayante qui décima les équipages inspira à Péron sa Notice sur quelques applications de la météorologie à l’hygiène navale (Bulletin des sciences médicales, avril, 1808, t. 2, p. 30} et dans le Mémoire sur la dysenterie des pays chauds à l’usage du bètel (Journal de médecine de Corvisart, t. 9, p. 57, et Voyage aux terres australes, t. 2, p. 398). la sagacité du médecin naturaliste a su reconnaître à Timor que l’emploi du bétel prévient l’atonie du système digestif causée par un climat chaud et humide, et c’est a l’usage de ce masticatoire que Péron attribue la conservation de sa santé au milieu de ses compagnons atteints par l’épidémie. Par un contraste habituel à ce talent flexible, le Tableau général des colonies anglaises aux terres australes en 1802 (Voyage, t. 2, p. 398) est un mémoire d’économie politique d’un intérêt puissant pour ceux qui s’occupent des colonies pénitentiaires. Nous terminerons par la liste des éloges, discours ou livres qui traitent de la vie et des travaux de Péron : Éloge de Péron, par Deleuze, Voyage aux terres australes, t. 2, p. 434 ; Éloge de Péron, par Alard, Mémoires de la société médicale d’émulation, 1811, t. 7 ; article de la Biographie médicale, d’une inspiration assez malheureuse ; Discours commémoratif sur Fr. Péron, par M. Dufour, Cérilly, 8 juin 1812, Enaut fils ; Discours de M. l’abbé Charles, curé de Cërilly (Industriel de Moulins, 15 juin 1842, n’ 9) ; François Péron, sa vie, ses voyages et ses ouvrages, par L. Audiat, Moulins, Enaut, 1855, in-12 ; François Péron, naturaliste voyageur aux terres australes, par Girard (Maurice), Paris, 1857, in-8°, ouvrage couronné par la société d’émulation de l’Allier à la suite d’un concours ouvert par elle, et publié sous ses auspices. Dans ce livre on a cherché à présenter une sorte de programme de ce qu’aurait offert aux études scientifiques le 4e volume du Voyage, on a rassemblé tout ce qu’on a pu retrouver dans les auteurs et dans collection du muséum des objets nouveaux dus aux recherches de Péron.


PEROTTI (Nicolas), célèbre grammairien, était né en 1430 à Sassoferrato, petite ville sur les confins de l’Ombrie et de la Marche d’Ancône, d’une famille qui se prétendait alliée à la maison de Levis, Envoyée dans sa jeunesse à l’académie de Bologne, il reçut des leçons de Nicolas Volpe, de Vittorino de Feltre ; et il fit de rapides progrès sous ces habiles maîtres. Le défaut de fortune l’obligea d’accepter une chaire dans cette même académie qui venait d’être témoin de ses premiers succès. Il y professa la rhétorique et la poésie[1]d’une manière si brillante que le sénat de Bologne le choisit en 1452 pour haranguer l’empereur Frédéric III à son passage dans cette ville. La jeunesse de l’orateur et ses talents précoces intéressèrent Frédéric, qui l’honora de la couronne poétique et lui fit expédier des lettres de conseiller impérial. Perotti adressa la même année au pape Nicolas V la traduction des cinq premiers livres de Polybe, les seuls que l’on connût alors, et le pontife lui accorda une gratification pour l’encourager à continuer ce genre de travail. Ce fut peu de temps après qu’il se rendit à Rome ; il y fut accueilli par le savant Bessarion, qui le combla de témoignages d’affection et contribua beaucoup à son avancement. Apostolo Zeno prétend que Perotti ne vint à Rome qu’en 1458 ; mais un bref du pape Calixte III du 8 juillet 1456 [2]prouve qu’à cette époque il remplissait les fonctions de secrétaire apostolique et que ses services lui avaient déjà valu le titre de comte du palais de Latran. Les devoirs que lui imposait cette place n’empêchèrent pas Perotti de donner des leçons publiques sur la langue latine. Il prit Martial pour sujet, moins pour éclaircir les passages obscurs de cet auteur que pour avoir l’occasion de contredire Domit. Calderino, dont le caractère lui avait déplu (voy. Alexand. ab Alexandro, lib. 4, 21). Il fut nommé en 1458 archevêque de Siponto ou de Manfredonia, dans la Pouille ; mais ses talents le rendaient nécessaire à Rome, et il fut autorisé à se reposer sur un vicaire de l’administration de son diocèse. Perotti eut part à toutes les affaires importantes traitées de son temps ; il fut pourvu en 1465 du gouvernement de l’Ombrie et en 1474 de celui de Pérouse. Mais les hautes fonctions dont il était revêtu ne ralentirent point son ardeur pour les lettres. Il passait tous les moments qu’il pouvait dérober aux affaires dans la petite île de Centipera, près de Sassoferrato, qu’il s’était plu à embellir et à laquelle il avait donné le nom de Fugicura. Il y avait formé une bibliothèque, qu’il orna des bustes des hommes les plus célèbres, et donna ainsi à Paul Jove l’idée de sa galerie (voy. Giovio). Ce fut dans cette retraite que Perotti mourut, le 13 décembre 1480. Torquato Perotti, qui se flattait d’une origine commune avec l’archevêque de Manfredonia, lui fit élever en 1623 un monument dans la principale église de Sassoferrato, avec une inscription très honorable, mais qui manque d’exactitude[3]. On a répété, d’après

  1. Suivant Apostolo Zeno, Perotti professa non-seulement la rhétorique et la poésie, mais encore la philosophie, et même la médecine, à l’université de Bologne, de 1451 à 1458. On a démontré qu’il n’était plus à Bologne en 1456 ; et il est peu vraisemblable qu’il y ait jamais professé la médecine.
  2. Buonamici en a inséré un extrait dans le livre : De claris pontific. scriptoribus, p. 179.
  3. Cette inscription porte que Perotti assista aux conciles de Ferrare et de Florence, en qualité de secrétaire du pape Eugène IV ; mais ce pontife mourut en 1447, dans le temps que Perotti achevait ses études à l’académie de Bologne.