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de l’accent aigu a été employée pour la première fois par Palsgrave et non par Jacq. Dubois (voy. MEIGRET). Palsgrave reprend la prononciation des Parisiens, qui disaient déjà comme du temps de Th. de Bèze, en 1584, Pazisiens, Mazie. La prononciation du mot chaise a seule prévalu ; on disait autrefois chaicre. Il y a encore dans ce premier livre un renseignement utile pour l’histoire de notre langue. Avant la publication de l’Eclaircissement, et par conséquent plus de dix ans avant la fameuse ordonnance de François Ier, Palsgrave nous apprend qu’on n’était admis à remplir aucune charge si l’on ne savait la langue française. Elle avait déjà triomphé des patois wallon, picard, liégeois, ardennois et autres, qui tous, dit Palsgrave, conservaient beaucoup de la prononciation du wallon ou roman. Ce triomphe était dû principalement à ce que beaucoup de traductions d’auteurs latins et quelques-unes d’auteurs grecs, entreprises par les ordres de nos rois depuis Charles V jusqu’à François Ier, avaient été écrites ou imprimées dans la langue parlée entre la Seine et la Loire, et que Palsgrave appelle la langue française parfaite. On doit s’attendre à trouver dans cette grammaire un grand nombre de locutions barbares, beaucoup de diffusion ; mais les tables ou dictionnaires du troisième livre peuvent être encore utiles aux lexicographes pour déterminer la signification des mots anciens. M. Jamieson en a profité pour son dictionnaire étymologique écossais, Edimbourg, 1808, 2 vol. in-4o. A l’époque où Palsgrave écrivait, et où l’on pouvait croire comme lui à l’influence du nombre ternaire sur la prononciation des mots, sur la construction des phrases, il était impossible de mieux réussir : le temps n’était pas encore venu d’avoir une bonne grammaire : la langue n’était point fixée ; et Jacques Dubois, qui publia en latin la sienne, qu’il regardait comme la première, laisse aussi beaucoup à désirer. Nulla, dit-il, quod sciam, de sermonis gallici proprietate, scripta in hune usque diem aut vidi, aut a quoquam visa audivi (Jac. Sylvii in Ling. Gall. Isagoge, p. 119, Paris, R. Estienne, in-4o, publié le 7 des ides de janvier 1531, c’est-à-dire six mois après la grammaire de Palsgrave). Au surplus, cette priorité est un hommage rendu à notre littérature, qui, de l’aveu même de nos voisins, a beaucoup contribué dans le 15e siècle à polir et à enrichir leur langue. C’est une chose assez remarquable, pour le dire en passant, que la première grammaire française connue et la grammaire de Levizac, regardée généralement comme l’une des meilleures de celles que nous possédons actuellement, aient été composées de l’autre côté de la Manche et pour l’usage des Anglais. En comparant les deux méthodes de Palsgrave et de Jacq. Dubois, on trouve que celui-ci n’a point traité, comme son prédécesseur, de l’article dans un chapitre séparé, et qu’il a calqué ses règles sur celles de la langue latine, moins analogue

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que la grecque avec les formes de la nôtre. On a cru trop longtemps en France que la langue latine était seule propre à faire connaître les principes du français. Ce ne fut que plus d’un siècle après ces deux grammairiens, et lorsque de nombreux essais eurent été publiés, que les solitaires de Port-Royal, et Wallis avant eux, purent donner à leur nation une grammaire raisonnée. Palsgrave annonce dans plusieurs endroits de son ouvrage un vocabulaire français pour traduire nos auteurs, et un livre de proverbes, qui ni l’un ni l’autre n’ont été imprimés. Quelques bibliographes parlent d’un recueil de ses lettres latines qui n’a point été imprimé non plus. Il a seulement publié, outre sa grammaire, une traduction ou paraphase mot à mot en anglais d’une pièce composée en latin, sur le sujet de l’Enfant prodigue, par G. Fullonius ou le Foulon, et représentée en 1529, devant les bourgeois de la Haye ; elle est intitulée The Comedye of Acolastus, 1540, in-8o (voy. FOULON). Ce volume, fort rare, est tellement recherché des bibliophiles anglais, qu’il s’est adjugé, dans des ventes faites à Londres, à des prix équivalant de 300 à 600 fr. Palsgrave mourut vers 1554.

B-R j.

PALTRONIERI (Pietro), surnommé Mirandolese dalle prospettive, du genre de peinture dans lequel il excella, naquit à Bologne en 1673. Il suivit la manière de Marc-Antonio Chiarini, architecte habile et peintre renommé dans ce genre de peinture. On peut le regarder comme le Viviani de son temps. Après avoir embelli Bologne, où il faisait sa résidence, d’un grand nombre de beaux ouvrages, il parcourut une grande partie de l’Italie, laissant partout des preuves de son talent, et se rendit à Rome, où il séjourna pendant plusieurs armées. Ses ouvrages représentent ordinairement des fragments d’architecture ou des monuments de l’antiquité. Ce sont des arcs de triomphe, des fontaines, des aqueducs, des temples, des débris de fabrique, où domine un coloris rougeâtre qui les fait aisément reconnaître. Il y ajoute souvent des ciels, des vues de campagne, des eaux d’une vérité surprenante. Les figures qu’on y remarque ne sont pas de lui ; comme il sentait son infériorité dans cette partie de l’art, il empruntait le pinceau de Graziani et de plusieurs autres jeunes artistes qui, à cette époque, se faisaient dans Bologne une réputation méritée. Il mourut le 8 juillet 1741.

Il ne faut pas le confondre avec Perracini, qui vivait en même temps que lui à Bologne, et qui portait également le surnom de Mirandolese. Ce dernier artiste n’est connu que comme un figuriste médiocre.

P-s.

PALU (Pierre de la), l’un des hommes les plus distingués qu’ait produits l’ordre des Dominicains, était né vers 1280, dans la Bresse. d’une noble famille, dont une branche s’est établie dans le comté de Bourgogne. Le dernier des six enfants de Gérard de la Palu, seigneur de Varembon, il