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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 34.djvu/254

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ces notes, au sujet de la statue de ce grand peintre, ordonnée par le gouvernement français, la pensée du statuaire Julien, qui a supposé le Poussin au moment où, frappé du trait sublime du testament d’Eudamidas, il sort du lit, s’entoure de son manteau et trace sur une tablette l’esquisse de sa composition. Pour compléter cet article, nous ajouterons qu’un buste en l’honneur du Poussin avait déjà été exécuté en 1782 par Segla, l’un des artistes pensionnaires de l’Académie de France, et aux frais d’un zélé amateur français, M. Seroux d’Agincourt. D’après la lettre adressée par lui en 1813 à M. Castellan, sur les recherches concernant la sépulture du Poussin, sa simple tombe, qui attendait, dit Bellori, un plus digne monument et qui existait encore avec épitaphe en 1740, ne se trouvait plus en 1781. M. d’Agincourt était parvenu à se procurer au moins son extrait mortuaire, portant : Nicolò figio di Giov. Poussin dell’ diocesi d’Andely in Normandia, marito della signora Anna Romana,, mori in età di 72 anni, etc. Le monument qu’il avait obtenu de faire élever à la mémoire du célèbre peintre français devait porter l’inscription Pictorí philosophi : mais celui de Mengs avait déjà reçu ce titre, et la simple épigraphe mise au premier : Pictori Gallo, n’honore pas moins le buste du Poussin, placé à côté de Raphaël au Panthéon de Rome, qui est devenu à la fois un temple chrétien et un sanctuaire des grands hommes. On doit encore rappeler la cérémonie qui a eu lieu le 15 juin 1851 aux Andelys pour l’inauguration de la statue du Poussin par Brion, et les travaux suivants : De divers tableaux du Poussin qui sont en Angleterre et particulièrement de l’inspiration du poëte, par Victor Cousin, Paris, 1853, in-8o (extrait des Archives de l’art français) ; enfin le Poussin, sa vie et au œuvre, par H. Bouchitté (Paris, 1858), in-8o, ouvrage couronné par l’Institut.

G-ce.

POUSSIN (Gaspar ou Guaspre). Voyez Dughet.

POUSSINES (Pierre), en latin Possinus, savant jésuite, était né vers la fin de 1609 à Lauran, bourg du diocèse de Narbonne. Il fit ses études avec succès à Béziers ; et, ayant embrassé la règle de St-Ignace à l’âge de quinze ans, étudia la théologie, puis régenta quelque temps les humanités à Toulouse et à Montpellier. Les traductions qu’il publia de quelques opuscules de Nicétas et des deux discours du sophiste Polémon l’ayant fait connaître, il fut envoyé par ses supérieurs à Paris, où il fut accueilli du P. Petau qui l’admit au nombre de ses élèves et lui donna de sages conseils pour la direction de ses études. Il revint à Toulouse en 1642, y professa la rhétorique pendant cinq ans et fut ensuite chargé de l’explication des saintes Écritures. Malgré les devoirs que lui imposaient ces différentes fonctions, il trouva le loisir de publier de nouveaux ouvrages qui étendirent sa réputation. Appelé par le général à Rome, en 1651, il fut d’abord chargé de continuer l’Histoire de la société, interrompue par la mort du P. Sacchini (voy. ce nom), et désigné ensuite pour remplir la chaire d’Écriture sainte au collége Romain. La connaissance qu’il avait de la langue grecque le fit choisir pour en donner des leçons au prince Orsini et à l’abbé Albani, depuis pape sous le nom de Clément XI. Il revint à Toulouse vers la fin de 1682 ; et, malgré l’affaiblissement de sa santé, il continua de travailler à un grand ouvrage qu’il avait entrepris pour démontrer l’accomplissement des prophéties par le témoignage de l’histoire ; mais avant de l’avoir terminé, il mourut, le 2 février 1686, dans sa 79e année. Le P. Poussines entretenait une correspondance suivie avec la plupart des savants de l’Europe ; malheureusement les lettres trouvées dans son cabinet furent brûlées par la fausse crainte de laisser percer des choses qui devaient rester inconnues. Il avait formé une belle suite de médailles, dont les plus précieuses passèrent dans le cabinet du P. Chamillart (voy. ce nom). Outre les traductions latines de quelques opuscules de Nicétas, Toulouse, 1637, et des deux harangues de Polémon, dont on a parlé (voy. Polémon), on doit au P. Poussines les traductions des lettres de St-Nil (voy. ce nom) ; de la Chaîne des Pères grecs sur St-Matthieu, Toulouse, 1646, in-fol. ; — Sur St-Marc, Rome, 1673, in-fol. ; — de la Harangue de l’empereur Léon à la louange de St-Nicolas, évêque de Myre, Toulouse, 1639 ; — de l’Institution royale de Théophylacte ; — du Festin des vierges de Methodius (voy. ce nom) ; et enfin des histoires d’Anne Comnène, de Nicéphore Bryenne et de J. Pachymère, qui font partie de la Byzantine. Le P. Poussines donna la traduction de l’Histoire d’Anne Comnène sur un manuscrit que le chancelier Séguier avait fait venir de la bibliothèque du cardinal Barberin ; mais quand l’impression en fut terminée, le hasard fit retrouver un manuscrit bien meilleur que le premier ; c’était celui que le savant Cujas avait envoyé au président Faur de St-Jorry. Le P. Poussines s’en servit pour faire des corrections à la marge de l’exemplaire de la Byzantine que possédait le collége de Toulouse. Mais cet important manuscrit, dont M. Puget, conseiller au parlement de Toulouse, avait fait présent au P. Poussines, contenait, outre l’Histoire d’Anne Commène, celle de Nicéphore de Bryenne ; et, dans le peu de temps qu’il le garda, il en donna une édition à la suite de Procope d’autant plus précieuse que le manuscrit original est perdu (voy. Bryenne). On doit encore au P. Poussines plus de deux cents vies des saints de la Grèce, du Languedoc et de la Gascogne, dont il a enrichi le recueil des Bollandistes, où l’on trouve de lui trois savantes dissertations en forme de lettres au P. Papebrock dans le Propylæum (voy. Papebrock) ; il a fourni plusieurs conciles, synodes ou actes anciens à l’édition des Conciles du P. Labbe ; il a traduit en latin les Lettres de St-François Xavier ; enfin,