fois la polémique et dévoila alors les qualités
d’un écrivain brillant et vigoureux. La brochure
qu’il publia sur cette question eut un tel succès
que le roi, éclairé par les raisonnements de l’énergique
défenseur des Quinze-Vingts, ordonna
le retrait du projet de suppression de l’hospice.
Dès ce jour la carrière de l’abbé de Prompsault
fut partagée entes les devoirs de son ministère,
l’étude et la défense des intérêts religieux. Ses
principes gallicans, qui reposaient sur une profonde
conviction, lui attirèrent toutefois, à diverses
reprises, de sérieux embarras, et il ne
dut qu’à son immense érudition de sortir toujours
vainqueur dans la lutte qu’il avait engagée avec
les ultramontains soutenus parle savant abbé de
Solemnes, dom Guéranger. les lettres qu’il publia
pour relever les erreurs trop nombreuses
commises par ce dernier dans son ouvrage des
Institutions liturgiques, achevèrent sa réputation
et le placèrent au rang des premiers controversistes
modernes. Déjà les consultations sur le
droit canonique dans ses rapports avec le droit
civil français, qu’il publiait journellement dans
le journal la la Voix de la vérité, l’avaient fait connaître
au monde religieux et savant, et on disait
de lui qu’il était l’homme de France le plus
éclairé dans cette partie si difficile de la science
ecclésiastique. ― Ses principaux ouvrages sont,
outre de nombreuses traductions de livres ascétiques,
d’excellents mémoires à consulter pour
des ecclésiastiques incriminés, plus de trois mille
consultations insérées dans la Voix de la vérité et
le Moniteur catholique, et une édition, la plus
complète qui ait été donnée jusqu’à ce jour, des
Oeuvres de François Villon : 1° Discours sur les publications littéraires du moyen âge, suivi d’un
errata contenant près de deux mille corrections
à faire dans la Collection des monuments de l’histoire
et de la littérature françaises, publiée par
hl. Crapelet, Paris, lÉ35, in-8o ; 2° Traité de ponctuation et de lecture, Paris, 1837, in-12 ;
3° Grammaire générale et raisonnée de la langue latine, Paris, 1812, l fort vol. in-8o ; 4° Prosodie latine, sur le plan de celle de M. l’abbé Lechevalier,
Paris, 1843, in-12 ; 5° Bulletin de censure :
tables mensuelles et critiques de tous les produits
de la librairie française (avec la collaboration de
M. le marquis de Méri de Montferrand), Paris,
1843, in-4o ; 6° Discussion des motifs qui portent les protestants et les jurisconsultes gallicans à rejeter la concile de Trente (publiée par M. l’abbé Migne
à la suite de l’histoire de ce concile, par Pallavicini),
Paris, Migne, 1865, 146 p. in-4o ; 7° Dictionnaire raisonné de droit et de jurisprudence en matière civile et ecclésiastique (le premier ouvrage
complet de ce genre), Paris, Migne, 1819, 3 vol.
in-4o ; 8° Bulletin de discipline ecclésiastique, canonique et civile, année 1850, Paris, grand in-8o
(interrompu comme le Bulletin de censure) ; 9° Manuel législatif à l’usage des fabriques paroissiales,
Paris, 1851, in-12o ; 10° Histoire de l’Eglise armé
PRO 399
nienne (inachevée) ; 11° Du siège du pouvoir ecclésiastique dans l’Eglise de Jésus-Christ, lettre à M. le marquis de Rignon, fondateur et rédacteur de l’Unité catholique, Paris, 1854, in-12. — Dans le cours des premiers mois de l’année 1855, ayant été admis sur la demande à faire valoir ses droits à la retraite, l’abbé Prompsault se retira dans sa famille. Il mettait la dernière main à un ouvrage très-considérable que le gouvernement lui avait demandé : le Recueil complet des actes législatifs relatifs aux affaires ecclésiastiques de France. lorsqu’il mourut à Paris le 7 janvier 1858. Son corps fut transporté à Bollène (Vaucluse), où il fut inhumé dans une sépulture de famille. La riche bibliothèque qu’il s’était formée lui-même à grands frais et avec beaucoup de peine, se composant de 25 à 26.000 volumes, et qu’il avait léguée à son frère, M. l’abbé J. L. Prompsault, fut vendue par celui-ci, le 22 décembre 1858, au R. P. Lacordaire, supérieur de l’ordre des dominicains en France. Elle est maintenant dans la maison que ces religieux possèdent à St-Maximin (Var), et qui est devenue la maison d’étude de leur ordre. M. l’abbé J.-L. Prompsault a publié sur cette précieuse collection de livres une petite notice, Pont-St-Esprit, 1858, in-8o. V. A—E :.
PRONY (Gaspard-Clair-François-Marie RICHE, baron de), ingénieur français, naquit le 11 juillet 1755 à Chamelet, dans le Lyonnais, d’une des meilleures familles bourgeoises du pays, bien que sa fortune n’y fût pas considérable. Son père avait été membre du parlement de Dombes. Cependant l’aptitude que laissait percer le jeune homme pour les travaux d’art, força cet ancien magistrat de songer pour son fils à une autre carrière, et il fut décidé, non sans difficulté, qu’il serait ingénieur. Il n’en fit pas moins d’un bout à l’autre toutes les études classiques, puis après un an et demi consacré plus spécialement aux mathématiques, il fut admis à l’école des ponts et chaussées (5 avril 1776). Son assiduité, ses progrès lui valurent plusieurs prix. Plusieurs missions, tantôt dans l’une, tantôt dans l’autre des provinces françaises, occupèrent d’abord le jeune homme, qui fit en 1779 la campagne des Sables d’Olonne, et qui, l’année suivante, reçut son brevet de sous-ingénieur. Bourges, Argentan, Dourdan, Lagny, le virent en cette qualité présider à la confection de plusieurs travaux. Bientôt il eut le bonheur de se voir rappeler à Paris par le ministre, à la demande de Perronnet, directeur de l’école des ponts et chaussées (1783), qui, déjà vieux, avait senti le besoin d’avoir auprès de lui un aide à qui s’en remettre du soin des détails. Prony (car dès ce moment nous lui donnons ce nom qu’il ne tarda point à prendre, laissant celui de Riche à un frère plus jeune que lui, et qui était en train de se signaler dans les sciences naturelles quand la mort vint l’enlever), Prony, disons-nous, était précisément l’homme