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BIOGRAPHIE UNIVERSELLE.


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POMARÉ Ier (Otoo des voyages de Cook), Eari-Rahi ou roi d’Otahiti, né en 1762, fils de Whappay et d’Oberréroa, neveu d’Oammo et d’Obéréa (voy. Obéréa), porta d’abord le nom de d’Otou, qui signifie héron noir, oiseau sacré. Ce prince venait, par les artifices de son oncle Toutaha, qui s’était proclamé régent, d’usurper les droits de son cousin Temarré, principal chef de l’île, lorsque Cook relâcha pour la première fois à Otahiti. Les Anglais reçurent un accueil hospitalier et comblèrent les deux chefs d’utiles présents. Toutaha, profitant d’une supériorité due à ses rapports avec les Européens, fit entrer tous les chefs de la grande péninsule dans une ligue pour soumettre la péninsule encore indépendante de Taiarabou ; mais cette attaque contre un chef nommé Wahéadoua, qui venait de rendre de grands services à la cause du jeune prince, ne fut pas couronnée de succès. Toutaha resta sur le champ de bataille, et Otou, vaincu, se réfugia avec sa famille au sommet des montagnes de son royaume, tandis que le vainqueur, irrité, portait le ravage dans les districts de Pari et de Matavaé. Bientôt après, des propositions raisonnables furent acceptées par Whappay et par son fils. Otou prit alors les rênes du gouvernement, en s’aidant des conseils de son père, qui changea son nom pour celui d’Otey ou de Teu, et mourut en noveinbre 1802 d’extrême vieillesse. Otou avait une sœur aînée, qui lui céda ses droits ; une plus jeune, Weiriddi-Aowh, qui épousa le roi d’Eiméo, et trois frères, Orapiah, Weidoua et 1’eppaou. En lï’73 et 177’i, Otahiti fut encore visité par les Anglais et aussi par les Espagnols, qui reçurent un accueil favorable. Otou venait d’épouser ltldia, sœur aînée du roi d’Eiméo, femme d’un grand caractère, d’un bon cons ? et d’un courage remarquable, lorsque Cool : Furneaux visitèrent ensemble Otahiti. Cette alliance entratna Otou dans plusieurs guerres malheureuses pour soutenir les droits de son beau-frère. Bientôt après, Obéréa mourut. Otou et lddia, pour ne pas perdre leur rang dans la société des Arreoys, étouffèrent leur premier enfant ; mais le second fut conservé, et, suivant les coutumes d’otahiti, succéda dès le jour déjà naissance, en 1780 ou 1782, au nom et à la dignité de son père. CeIui-ci, devenu régent, ne commença qu’alors à être, connu sous le nom de Pomaré (de po, nuit, et mare, rhume), qui doit lui être conservé, et que plus tard encore il châfigea pour celui de Vaïroota. Pendant les années qui s’écoulèrent ensuite, Otahiti fut visité par les navires de Watts, de Bligh, d’Edwards, de Vancouver, ’de Broughton et de plusieurs autres capitaines, qui y laissèrent des armes à feu, de la poudre et du fer, sans vouloir prendre part aux dissensions publiques. Sur ces entrefaites, Pomaré s’était fixé à ’ Taiarabou. Il espérait user de son influence pour soumettre cette péninsule à l’autorité de son fils, et son beau-frère venait d’être rappelé au trône par un mouvement populaire. La révolte du Bounty, commandé par Bligh (soy. ce nom), et la désertion de quelques matelots de diverses nations mèlèrent à a population d’Otahiti plusieurs Européens entreprenants. Pomaré profita de leur présence, et l’on vit pour la première fois l’emploi des mousquets décider dans cette ile du sort des batailles. La première victoire fut remportée sur les habitants d’Attahourou et de Tettaha, ,devenus jaloux de l’agrandissement de la puissance royale. Vaincus sur terre et sur mer, les rebelles, qui avaient enlevé les insignes de la royauté, furent forcés de les rendre, et on les rapporta en triomphe à Pari. En 179t, le jeune Otou fut décoré du vêtement royal, et son autorité, reconnue sans opposition dans la grande ’ péninsule, s’établit par à force des armes à Taiarabou : Pomaré Ier venait alors de prendre pour seconde femme Weiriddi, jeune sœur d’lddia. Peu de temps après, le roi d’Eiméo étant mort, il prit, pour sa nièce Tétoua, la régence de cette ile, dont les naturels lui étaient très-, attachés. L’année suivante, des matelots qui avaient fait naufrage dans l’archipel Dangereux arrivèrent à Otahiti ; leurs effets, pillés par les insulaires, devinrent un objet de troubles, et Pomaré ne crut pouvoir rétablir l’ordre qu’en ravageant plusieurs districts ; La paix, ramenée’ par l’entremise du capitaine Bligh, eut pour gage des sacrifices humains. Pomaré eut encore à combattre plusieurs insurrections, et les succès qu’il obtint dans toutes les rencontres furent