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RAC

examine les différentes formules proposées par Prony, Fossembroni et Bezout. On trouve un autre mémoire inséré dans les Actes de la société italienne (t. 18, p. 139). L’auteur y parle de quelques conducteurs électriques frappés par la foudre ; et, sans contester l’efficacité des paratonnerres, il donne la raison pour laquelle ils ne remplissent pas toujours leur destination. Dans un mémoire sur les propriétés des nombres, il entreprend de généraliser la théorie de Kromp.

Les sciences exactes fut doivent encore d’autres services, notamment les expériences qu’il fit avec le P. Pino, son collègue, sur le bélier hydraulique, dont il chercha un des premiers à expliquer les singuliers phénomènes. Religieux, tolérant, Racagni fut généralement estimé au milieu des agitations politiques de son temps. Il mourut le 5 mars 1822. Toujours utile pendant sa vie, il voulut l’être encore après sa mort, et légua un prix annuel de deux mille francs pour celui des élèves des sciences physiques qui s’y distinguerait le plus. Le cinquième volume des Mémoires de l’institut du royaume lombard-vénitien (Milan, 1838, in-4o) contient un mémoire posthume de Racagni ; il a pour titre Sopra i sistemi, etc. (Sur les systèmes de Franklin et de Symmer concernant l’électricité).

Z.

RACAN (Honorat de Bueil, marquis de}, naquit en 1589 à la Roche Racan, château situé l’extrémité de la Touraine, sur les confins du Maine et de l’Anjcu, dans une des contrées les plus poétiques de la France, et par son climat délicieux, et par ses sites riants, et par les souvenirs historiques dont elle abonde. C’est sans doute à l’inspiration de ce beau pays qu’il fut redevable de son goût pour la poésie et du caractère de son talent. L’étude n’cxerça aucune influence sur les directions que suivirent ses idées. Son père était maréchal de camp ordinaire des armées du roi, et t’on peut conjecturer avec raison que le chantre des bergeries reçut une éducation toute militaire. Il avait même tant d’aversion pour la langue latine, qu’il ne put jamais, dit-on, retenir le Con/ireor. Mais son jeune csjàrit, fécondé par les images gracieuses que lui 0 rait la terre natale, avait senti le besoin et deviné l’art des vers. ltacan n’attendait qu’une occasion pour être poëte. Le hasard lui fit trouver cette occasion dans un séjour et dans un emploi où l’oo en trouve ordinairement de toutes contraires. En 1605 il devint page de la chambre du roi. Placé comme tel sous les ordres du duc de Bellegarde, quelques liens de parenté qui l’attachaient é l épouse du duc lui ouvrirent un libre accès dans la maison de ce seigneur illustre, que le bon Henri avait chargé alors de prendre llalherbe pour commensal. Il était dans la destinée de lalherbe. après avoir été le premier réformateur de la poésie française, de créer encore des poëtes français. Une de ses odes devait révéler I la Fontaine le secret de son génie ; et lui-rnéme il Z I ill forma nacan par des leçons vivantes, et pour alnsl dire parla pratique. Bientôt on ne distingua us ni le disciple n le maître. ltlvaux et touours amis, leur tendre attachement dura, sans a moindre altération, jusqu’à la mort de Malherbe, arrivée en [M8. Cette lialson sl honorable pour tous deux ne se bornait pas a des rapports littéraires. nevenant de Culs ou ll avait servi au sortir des pages, Raean, inquiet de la manière dont il devalt désormais régler sa vie et s’établir dans le monde, pria Malherbe de lui tracer un plan de conduite qui put obtenir ; Vapprobation universelles On sait comment Italherbe répondit en lui coulant l’ingénieux apologue du Pogge, dont la Fontaine, qui s’est empare de cette anecdote, a fait depuis sa belle fable intitulée leulleunier, son Bla et l’dnc. llacan passe pour avoir été un des seigneurs les plus galants d’une cour qui s’était formée a l’école de Henri IV. Il se maria l’âge de trente-neuf ans. En 165 !, il perdit un fils âgé de seize ans, qui mourut page de Mademoiselle, et dont il fit lui-même épitaphe dans un sonnet. llacan fut un des premiers membres de l’Académie française. Celul de ses ouvrages qui eut le plus de vogue et devint le fondement de sa réputation, c’est la pastorale des Bergeriet. dont le titre est encore cité quelquefois, mais qu’on ne lit plus guère. Fontenelle a dit qu’avant Corneille le viol réussissait dans les pièces de Hardy. Racan a fait de ce moyen antidramatique un des incidents de son bizarre ouvrage où, Il côté des ssages les plus monstrueux, se trouvent quelquefois des vers d’une grâce naïve et enjouée. La pièce de llacari la plus connue de nos jours, est celle qui commence par cette shnœ : £."’.’.F.É’. ;JÈiî’ ;’î.."î !.’.îî.’i, Ier,2lâJî, .îii’.’î.î2 ; ine, t ;â::::·.:::·: g·1 ::··:: g ::1 :**.g :%.*.1°.1 : ;* ; ; Errer au gré des venu noaare net vagabonde ; Il Clt knpa de jouit du délices du port. On remarque dans toutes les stances un heureux choix d’images et une légère teinte de mélancolie. On est surtout frappé de la singulière perfection de style qui s’y soutient d’un bout à I autre. Rien ne pmuve mieux combien le choix même des mots dépend du degré de vérité dans l’émotion. Racan, sous l’inspiration d’une heureuse et forte idée, écrit avec une élégance et une pureté que Malherbe se plaignait de trouver trop rarement dans ses veus. Presque pas une expression qui ait vieilli. Il est vrai que le génie de Racan ne le sert jamais mieux que lorsqu’il s’aglt de peindre la rapidité de la vie, l’inconstance de la fortune, le néant de la gloire. Parmi les autres productions de ce poëte, nous signalerons a la curiosité moderne un discours contre les sciences. prononcé à l’Académie française le 9 julllet 1635. Bien qu’en général Racan tiràt assez volontiers vanité de son ignorance, et aücctat en homme de cour un dédain chevaleresque pour t