Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 36.djvu/274

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de sa jeunesse; mais des motifs que l’on ne connaît pas l’empêchèrent de le publier.

W-s.


ROCOPLAN. Voyez ROCQUEPLAN.


ROCQUANCOURT (JEAN-THOMAS), écrivain milltaire français, né à St-Vaast (département du Calvados) le 24 avril 1792, mort en 1860 à Paris. Il entra à l'école polytechnique en 1810 et en 1812 à l'école de Metz, d'où il sortit avec le grade de lieutenant du génie. Sa belle défense de Maëstricht, en 1813, lui valut le grade de capitaine. Pendant les cent-jours, il était commandant de Philippeville, où il soutint un siége mémorable contre les Prussiens et les Anglais. En 1818, il passa dans le corps d'état-major nouvellement créé et devint adjudant des généraux commandant dans le Finistère. En 1821 enfin, il entra à l'école militaire spéciale de St-Cyr, où il a passé les plus belles années de sa vie, et où il a laissé des traces durables de son passage. D'abord sous-directeur des études, il devint, en 1839, directeur. Chef de bataillon dès 1837, il fut nommé lieutenant-colonel en 1844, et colonel d'état-major en 1816. Dans cette dernière année, il reçut le commandement de l'école militaire égyptienne, qu'il conserva jusqu'en 1848. Le colonel Rocquancourt a publié pour l'école de St-Cyr son Cours élémentaire d'art et d'histoire militaires, branches qui constituaient son enseignement à cette institution. Cet ouvrage, en 4 volumes in-8° avec planches, a eu trois éditions, dont la première parut en 1828, et la dernière de 1837 à 1839. C'est encore aujourd'hui le manuel des élèves et professeurs en usage pour ces branches. En 1840, il fit paraître un autre Cours complet d'art et d'histoire militaires, ouvrage dogmatique, littéraire et philosophique, également en 4 volumes in-8°. Lorsqu'en 1840 on mit sur le tapis le premier projet de l'enceinte fortifiée de Paris, Rocquancourt écrivit deux brochures remarquables, dont l'une est intitulée Considérations sur la défense de Paris, 1811, in-8°, et l'autre: Nouvel assaut à la ceinture projetée de Paris, ou Examen critique du rapport de M. Thiers. Tout en protestant qu'il valait mieux défendre Paris en Champagne qu'à Paris mème, et en mettant pour épigraphe que Dieu était bien pour les gros bataillons, mais non pour les grandes murailles, le colonel a fait ses réserves pour le cas de l'adoption du projet de M. Thiers, et proposé quelques amendements qui ont été pris en considération par les exécuteurs de l'enceinte fortifiée de la capitale.

R-L-N.


RODE (Cnmsrnm-Bizasxnn), peintre et graveur à l’eau-forte, directeur de l’académie des arts de Berlin, naquit dans cette ville en 1725. Pesne fut son premier maitre ; mais, au bout de quelques années d’étude, Bode vint à Paris, où ll prit des leçons de Carle Vanloo et de Itestout. De là il se rendit en Italie et revint en Allemagne. Se livrant alors à la peinture de l’histoire et du portrait, il orna la plupart des églises de ROD 269

Berlin de plusieurs tableaux remarquables. Frédéric ll lui commanda en 1761, pour l’église de la garnison de Berlin, trois tableaux, dans lesquels l’artiste représente les portraits, accompagnés de figures allégoriques, des généraux Schwerin, Winterfeld et Kleist, tués pendant la guerre de sept ans. Il fut aussi chargé par le même monarque de peindre à fresque, dans le nouveau palais de Sans-Souci, les plafonds de la grande galerie et du salon contigu. Ces deux ouvrages occupent le premier rang parmi ses meilleures productions. Rode était très-laborieux et travaillait avec une grandé facilité. Parmi les artistes de son temps, il brille surtout par l’invention : la plupart de ses sujets historiques sont traités d’une manière neuve et absolument a lui : ses attitudes sont naturelles ; mais il est monotone et trivial dans le choix de ses formes, et ses airs de tête sont ordinairement dépourvus d’expression et de noblesse. En général, ses figures ont trop d’embonpoint et ont les extrémités trop petites, ce qui leur donne de la manière. Mais son clair-obscur est excellent : ses plans sont bien dégradés ; ceux du devant avancent bien et ceux du fond fuient parfaitement. Quoique Rode puisse être regardé comme un des meilleurs peintres que la Prusse ait produits, c’est particulièrement comme graveur qu’il a obtenu de la réputation. Son œuvre, qui se compose d’environ cent cinquante pièces, presque toutes gravées d’après ses compositions, est remarquable par l’esprit de sa pointe, et porte un tel caractère d’originalité qu’elle mérite d’occuper une place distinguée dans les collections d’amateurs. Entre ses mains, la pointe est pour ainsi dire une plume, avec laquelle il exprime tout ce qu’il voit et qui sait mettre à prolit les moindres détails. Il s’est quelquefois servi dans ses ombres de la manière du lavis, procédé qui produit des tons très-doux. Ses groupes sont disposés très-pittoresquement et éclairés d’une manière savante ; mais il manque d’expression. Son dessin est incorrect et son choix de nature commun. On peut voir dans le Manuel de Famateur de Huber et Rost de plus amples détails sur l’œuvre de Rode. qui se divise en eauzfortea, en histoire sacrée ancienne et moderne, en histoire pro/une et en allégories. Cet artiste mourut le 24 juin 1797. — Jean-Henri Roma, frère du précédent, né à Berlin en 1727, avait été destiné par ses parents à la profession d’orfèvre ; mais son penchant pour la gravure le décida à venir à Paris pour se perfectionner dans cet art. Il avait fait de bonnes études dans le dessin, et ses premiers ouvrages avaient déjà obtenu du succès. À son arrivée à Paris, il reçut pendant quatre ans des leçons de Jean-Georges Wille, dont il grava le portrait dans un petit ovale, d’après Schmidt, son condisciple. Après avoir exécuté quelques autres pièces qui annonçaient du talent, il revint à Berlin, où il ne tarda pas à graver