tration égyptienne de ces provinces. Les notices qu’il donna sur les Hassanieh, les Denka, les Baryés, les Bayghana, etc.. sur leur habitude de circoncision appliquée également aux filles, furent reproduites par plusieurs journaux de géographie. Protégé pendant les règnes de Méhémet-Ali et Ibrahim-Pacha, Rollet fut tracassé sous Abbas-Pacha par le gouverneur général du Soudan, Abdel-Satif, qui voulait monopoliser le commerce central de l’Afrique. Attaqué à main armée dans une de ses excursions sur le Nil, il reçut enfin, en 1854, de Saïd-Pacha, la liberté absolue de commerce et de navigation. Il profita d’un voyage en Europe, fait en 1855, pour publier à Paris son ouvrage intitulé le Nil Blanc et le Soudan, in-8°. Quoique, dans ses voyages précédents, il n’eût pas dépassé le quatrième parallèle nord, il avait cependant su combiner assez habilement les récits des indigènes avec ses propres conjectures, pour donner des indications assez justes sur le Nil Blanc, adressées le 1er février 1856 au chevalier Nigra, chef de division au ministère d’extérieur à Turin. Il soupçonne que le véritable-Nil Blanc, appelé tantôt Bahr-el-Abiad, tantôt Bahrel-Ghazal, est la suite du Misslad, qui se jette dans un lac long de deux cents kilomètres, ainsi qu’une autre rivière, appelé Modj. Après avoir remonté le Misslad près de quarante lieues jusqu’aux monts Kombirat, Rollet redescendit à Khartoum pour remonter un autre affluent du Nil, le Bahr-Keilak. Dans ses derniers rapports, qui sont datés de Khartoum, où il mourut, il était moins absolu dans les assertions qu’il avait émises sur le Misslad. Rollet était membre de la société de géographie de Paris et correspondant de l’académie de Turin.
ROLLI (Paul-Antoine), l’un des poëtes les plus
agréables de l’Italie au 18e siècle, naquit en 1687
à Todi, dans l’Ombrie, d’une famille patricienne.
Après avoir fait ses premières études à Rome, il
devint l’un des élèves du célèbre Gravina, qui
fortifia son goût pour les lettres et s’attacha
surtout à cultiver ses dispositions pour la poésie.
Nourri de la lecture des anciens, et doué de
beaucoup d’esprit et d’imagination, il mérita
bientôt d’illustres protecteurs. Il fut conduit à
Londres par lord Sembuch et chargé de donner
des leçons de littérature italienne au prince de
Galles, dont les bontés le fixèrent en Angleterre.
Quand l’âge lui rendit nécessaire un climat plus
doux, il revint en Italie et s’établit à Rome, où
il mourut en 1767. Rolli, que ses compatriotes
placent à côté de Chiabrera (voy. ce nom), semble
avoir pris pour modèles Anacréon et Catulle.
Plusieurs de ses chansons ne sont point indignes
du poëte de Teos, et ses hendécasyllabes ont
toute la grâce et la facilité de ceux de l’amant de
Lesbie. Littérateur instruit et laborieux, on doit
à Rolli d’excellentes éditions des Satires de
l’Arioste, Londres, 1716, in-8° ; -de la Traduction
italienne de Lucrèce, de Marchetti, ibid.,
1717, in-8° ; - des Poésies burlesques de Berni,
ibid., 1721-24, 2 vol. gr. in-8°, et du Décameron
de Boccace, ibid., 1725, in-4°[1], 1737, 2 vol. in-12. Ces deux éditions reproduisent le texte de celle des Giunti, 1527, que l’on regarde comme la plus correcte de cet ouvrage (voy. Boccace). Il a traduit en vers sciolti le Paradis perdu de Milton. Les six premiers livres parurent à Londres en 1729, gr. in-4°[2]. L’ouvrage entier fut publié dans la même ville en 1735, in-fol. Cette version, dont on fait beaucoup de cas, a été réimprimée à Paris, 1740, 2 vol. in-12 ; Vérone, 1742, in-fol. Il a donné en outre des Traductions italiennes des Ruines de l’ancienne Rome, par Bonaventure Overbeeck, Londres, 1739, in-8° ; des Odes d’Anacréon (en vers sciolti), ibid., 1739, in-8° ; des Bucoliques de Virgile, ibid., 1742, in-8° ; de la Chronologie de Newton, 1757, in-8°. Les Rimes de Rolli, dont la première édition est de Londres, 1717, in-4°, ont été souvent réimprimées avec des additions, tant en Angleterre qu’en Italie. L’édition de Venise, 1753, 3 part. in-8°, est l’une des plus complètes. Le premier volume contient les traductions des Bucoliques de Virgile et d’Anacréon et quelques élégies ; les deux suivants renferment des sonnets, des madrigaux, des hendécasyllabes et des chansons. On doit encore à Rolli l’Examen de l’Essai sur la poésie épique par Voltaire (en anglais), Londres, 1728, in-8° ; traduit en français par l’abbé Antonini, Paris, même année, in-12. Rolli était membre de la société royale de Londres, des Intronati de Sienne, de l’académie Quirinale et de celle des Arcadiens de Rome.
ROLLIN (Charles) naquit à Paris le 30 janvier
1661 d’un coutelier, et fut destiné à suivre la
profession de son père, qui le fit recevoir maître
dès son enfance. Un bénédictin des Blancs-Manteaux,
dont il allait souvent servir la messe, fut
le premier qui reconnut en lui d’heureuses dispositions.
Sa mère, devenue veuve, se trouvait hors d’état de faire pour ses enfants les frais
d’une nouvelle éducation. Le zèle du bon religieux
leva cet obstacle, en obtenant une bourse
au collège des XVIII, dont les élèves suivaient les
cours publics du collège du Plessis. M. Gobinet
en était alors principal ; le jeune boursier sut
gagner l’estime et l’amitié de cet homme respectable
par son caractère et par ses talents. Après
avoir fait, au collége du Plessis, ses humanités et
sa philosophie, il consacra trois années à l’étude
de la théologie en Sorbonne ; mais il s’en tint la
et n’a jamais été que tonsuré. Hersan, qui avait
été son professeur de seconde, et qui dès lors
désirait l’avoir pour successeur, quittant l’uni-
- ↑ C’est dans cette édition qu’il a distingué six cent soixante-deux vers sciolti de Boccace, que tous les éditeurs précédents n’avaient pas remarqués, les ayant pris pour de la prose. Cette heureuse correction a été suivie dans toutes les bonnes éditions suivantes.
- ↑ Il existe de cette édition des exemplaires in-folio. La bibliothèque de Parme en possède un de ce format sur papier bleu.