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nière plus brillante en Autriche, il abandonna sa chaire, étudia pendant une année la jurisprudence et arriva, vers 1773, à Vienne pour professer d’abord l’histoire des beaux-arts à académie impériale. Le malheur renversa bientôt toutes ses espérances. On rapporta au confesseur de impératrice que Riedel avait une mauvaise conduite et qu’il était athée : il n’en fallut pas davantage pour le faire destituer sans aucune enquête. N’ayant plus d’autre ressource que sa plume, Riedel publia plusieurs ouvrages qui n’ajoutèrent rien à sa réputation. Son édition de l’Histoire de l’art, de Winckelmann, ne répondit point à l’attente des savants ; son ouvrage périodique le Solitaire, mutilé ou gêné par la censure, parut très-médiocre. Le mémoire qu’il publia sur la musique de Glock était tiré des ouvrages français. Mais du moins ce dernier travail ne fut pas sans fruit pour l’auteur : le chevalier Gluck vint à son secours et lui donna la table ; d’autres personnes, que Riedel intéressa par son esprit enjoué, devinrent ses protecteurs et lui obtinrent du gouvernement une pension de quatre cents florins. Après la mort de l’impératrice, le chancelier Kaunitz, moins sévère que Marie-Thérèse, choisit Riedel pour son lecteur. Cependant la misère et l’intempérance avaient ruiné sa santé ; il tomba dans une mélancolie profonde et eut des accès de folie. On fut obligé de le mettre à l’hôpital de St-Marc, où il mourut le 3 mars 1783. Telle fut la triste fin d’un homme dont ou s’était beaucoup plus promis qu’il ne tint dans la suite.

Baur dit que les sarcasmes de Riedel avaient plus de vivacité que de finesse et qu’il les accompagnait de grimaces qui lui donnaient l’air d’un faune.


RIEDESEL (Joseph-Hermann), baron de Eisenbach-sur-Altenbourg, né en 1710, était fils du lieutenant-général prussien Joseph Volbrecht, baron de Riedesel. Frédéric II le nomma chambellan, puis envoyé plénipotentiaire près la cour de Vienne ; il parut en cette qualité au congrès de Teschen. Cependant c’est moins par ses emplois que par ses voyages que le baron de Riedesel est connu du monde savant. Le goût des beaux-arts lui fit entreprendre un voyage en Italie, où il se lia avec le célèbre Winckelmann. Ayant visité soigneusement toutes les antiquités de la Sicile, il s’embarqua pour le Levant et y continua ses recherches archéologiques dans la Laconie et l’Attique. De retour en Europe, il publia d’abord son Voyage dans la Sicile et la grande Grèce, Zurich, 1771, in-8o ; édition française, Paris. 1773, in-12. C’était la première description satisfaisante des antiquités d’une île que plusieurs peuples anciens ont possédée : cependant Riedesel décrit aussi avec beaucoup d’intérêt les monuments modernes et peint agréablement les mœurs et les usages des habitants. L’auteur fit paraître ensuite les Remarques d’un voyageur moderne au Levant, Amsterdam (Stuttgard), 1773, in-8o. Comme simples remarques, ses notes remplissent ce que promet le titre. Riedesel juge sans prétention le caractère et les mœurs des Grecs modernes : il présente des détails peu connus sur le climat du Levant, sur la peste et autres objets. Le libraire Jensen, à Paris, publia en 1802 une nouvelle édition des Voyages en Sicile, dans la grande Grèce et au Levant, par le baron de Riedesel, suivis de l’Histoire de la Sicile, par le Nowaïri, 1 vol. in-8o (voy. Nowaïri). Riedesel mourut le 20 septembre 1785 dans sa terre d’Hiezig auprès de Vienne. Comme il avait été enseveli avec ses décorations, son corps fut exhumé la nuit suivante par des voleurs. On voit son portrait en tête du tome 26 de la Bibliothèque Universelle allemande de Nicolaï.


RIEDESEL (Frédérique-Charlotte-Louise, baronne de), fille du ministre prussien Massow, naquit à Brandebourg en 1746. À l’âge de dix-sept ans, elle épousa, à Minden, où son père était intendant général de l’armée alliée, le lieutenant colonel brunswickois de Riedesel. Après que celui-ci eut reçu la mission de conduire en Amérique les troupes brunswickoises au service de l’Angleterre, sa femme le suivit, en 1777, avec trois enfants en bas âge et partagea toutes les fatigues de la guerre, ainsi que la captivité de son mari. Les lettres qu’elle écrivit pendant cette époque peignent vivement, et sous un jour qui n’est pas toujours favorable aux Américains, les événements de cette guerre. Ces lettres ont été mises en ordre par son gendre, le maréchal de la cour de Prusse, Henri XLIV, comte de Reuss, et imprimées à un petit nombre d’exemplaires, Berlin, 1799, puis réimprimées en 1801, sous le titre de Voyage de mission en Amérique ; Lettres de madame de Riedesel. L’auteur, après être retournée en Europe, l’an 1783, et après avoir, en 1800, perdu son mari, qui était devenu général, fixa son séjour à Berlin et y termina sa carrière le 29 mars 1808. Elle avait établi à Brunswick une distribution d’aliments pour les pauvres. À Berlin, elle soutint de même l’institution des Orphelins militaires.


RIEDINGER (Jean-Élie), peintre d’animaux, naquit à Ulm, en 1695, et fut élève de Chr. Resch. Il avait reçu les premiers principes de dessin de son père, habile maître d’écriture, et qui dessinait fort bien de petites figures de chevaux et autres animaux. Lorsqu’il fut en état de se passer de son maître, il alla s’établir à Augsbourg, où il se mit à graver et à dessiner pour les libraires. Les annales de l’art ne font mention de personne qui ait su peindre comme lui toutes les espèces d’animaux. Dans ses tableaux représentant un seul animal, dans ceux où il les a réunis en groupes, il sait exprimer, par l’anatomie, ou par l’attitude caractéristique, les diverses passions qui animent chaque espèce ou chaque individu. Paul Potter s’étaít borné à peindre le gros bétail,