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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 37.djvu/299

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mourut à Paris le 30 mars 1725. Il a laissé un grand nombre d’ouvrages : 1* Traité de la confession auriculaire, Paris, 1685, in-8°, où il y a plus de recherches que de bonne critique; 2° Réponse aux plaintes des protestants touchant la prétendue persécution de France, 1688, in-12; 3° Entretiens touchant l’entreprise du prince d’Orange, 1689 et 1691, in-12. On s’aperçoit que l’auteur y traite une matière qui n’était pas de son ressort. 4° Quatre lettres à l’abbé de Rancé, 1692, in-12, sur la fameuse dispute des études monastiques. Le P. de Ste-Marthe est celui qui s’est le plus éloigné de l’esprit de paix qui devait présidera cette discussion. M. Thiers y répondit par l’apologie de l’abbé de la Trappe, 1693, in-12. Le peu de ménagement que Ste-Marthe eut pour l’illustre adversaire obligea ses supérieurs majeurs de le déposer de la priorature de St-Solier de Tours. 5° Vie de Cassiodore, avec une notice instructive des ouvrages de cet ancien, 1694, in-12. Cet ouvrage est le mieux fait de tous ceux qui sont sortis de la plume de l’auteur. 6" Histoire de St-Grégoire le Grand, 1697, in-4". Il la traduisit dans la suite en latin pour la mettre dans le quatrième tome de l’édition des œuvres de ce saint docteur, dont il fut le rédacteur principal. Cette édition, fort inférieure aux autres entreprises du même genre faites par ses savants confrères, n’eut qu’un succès médiocre. Le P. Ste-Marthe s’était mêlé de la dispute élevée à l’occasion de l’excellente édition de StAugustin, donnée par ses confrères. Il publia sur cette querelle : Réflexions sur la lettre d’un abbé d’Allemagne, et Lettre à un docteur de Sorbonne, 1699. En 1710, l’assemblée du clergé le chargea de refondre le Gallia christiana. Cette entreprise lui appartenait de droit, comme un apanage de famille. Il s’associa quelques-uns de ses confrères. Le premier volume parut en 1715, et les trois autres, auxquels il a eu la principale part, successivement en 1720. 1725 et 1728. C’est un ouvrage tout différent de l’ancien, et pour le fond et pour la forme. L’abbé Prévôt traite fort mal ce savant religieux dans son roman de Pomponius Atticus, et souvent avec peu de justice. Barbier lui attribue VHistoire abrégée de la paix de l’Eglise, Mons, 1698, in-12 de 151 pages. (Dictionnaire des anonymes, 2* édition, n" 7266.) Il est peu de maisons patriciennes dans la république des lettres qui puisse compter un aussi grand nombre de savants et de littérateurs que celle des Ste-Marthe. Nous n’avons présenté ici que les plus remarquables. Ceux qui voudront connaître plus particulièrement les autres gens de lettres d’un rang inférieur sortis de cette savante famille peuvent consulter le cinquième tome de la Bibliothèque du Poitou, par Dreux Duradier (p. 82-440), qui en mentionne quarante-cinq , dont dix-neuf sont connus par leurs écrits. Le dernier rejeton de cette maison était, dit-il, Abel-Scévole-Louis, né le 28 mai 1753.

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SAINTE-PALAYE (Jean-Baptiste de la Curne de), savant littérateur, naquit.en 1697 à Auxerre d’une famille qui a produit un grand nombre de magistrats et de militaires distingués. Son père était gentilhomme du duc d’Orléans. On lui donna le nom de Ste-Palaye pour le distinguer de son frère jumeau qui prit celui de la Curne. D’un tempérament délicat, il commença tard ses études. Il avait quinze ans quand il apprit les langues grecque et latine. L’Académie des inscriptions lui ouvrit ses portes en 1724 ; et peu s’en fallut qu’il ne se vît presque aussitôt forcé de renoncer à la carrière qu’il avait embrassée. L’année suivante, il fut chargé de la correspondance de la cour de France avec le roi Stanislas, alors à Weissembourg ; ce prince, ayant conçu pour lui beaucoup d’estime, voulut le faire attacher à la diplomatie ; mais le jeune savant ne balança point à sacrifier aux lettres l’espoir d’une brillante fortune. Il entreprit d’abord de continuer le travail que Secousse avait commencé sur les vies de Plutarque (voy. SECOUSSE) ; mais il prit ensuite la résolution de se livrer à l’histoire de France. Il fît une lecture suivie des historiens de la troisième race, et communiqua ses observations à l’Académie par des mémoires pleins d’intérêt. Dans les uns, il apprécie les historiens de cette époque, Rigord, Guillaume le Breton, Glaber, Guillaume de Nangis et ses continuateurs, les auteurs de la Chronique de Morigny, Helgaud, etc. Dans les autres, il présente l’analyse de manuscrits importants, tels que : la Vie de Charlemagne, conservée dans l’abbaye de St-Ives de Braine ; l’Histoire et les gestes de Louis VII ; l’Histoire des trois Maries, par Jean de Venette ; les Chroniques de St-Denis, etc. En comparant les premières éditions de nos historiens avec les manuscrits, il découvrait l’infidélité des imprimeurs et la coupable hardiesse avec laquelle ils se sont écartés du texte original, qu’ils devaient se borner à reproduire. Un examen attentif de la Chronique de Froissart lui fournit l’occasion de montrer l’importance d’une édition plus fidèle de cet historien (voy. FROISSART) ; mais d’autres occupations le détournèrent de ce projet. La lecture qu’il faisait des productions de nos vieux romanciers pour y chercher des traces des mœurs de nos ancêtres et des variations de notre langue le conduisit à rechercher l’origine de la chevalerie ; et, dans une suite de mémoires où l’intérêt l’emporte sur l’érudition, il décrit cet établissement à la fois politique et militaire, l’une des institutions les plus remarquables du moyen âge, à laquelle se rattachent, avec les souvenirs précieux de l’antique honneur, les idées de force, de courage et de galanterie. Le désir d’accroître la collection d’ouvrages qu’il avait formée pour l’objet de ses travaux lui fit visiter les plus riches dépôts littéraires de la France ; et il entreprit dans le même but, en et 1749, deux voyages en Italie, d’où il