Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 38.djvu/11

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Mans, il tomba entre les mains des républicains. Ses trois filles furent prises avec lui : l’une d’elles n’était pas mariée, les deux autres étaient mesdames Destouches et de Joannis. Sapinaud le père fut sans miséricorde fusillé, en présence de ses filles. Son fils, étant parvenu à repasser la Loire, revint aux environs de Mortagne avec Vaugiraud fils, les frères Bejarry et quelques autres officiers ; il tacha de réunir les éléments de l’ancienne armés de Centre. Charette n’avait pas cessé de combattre dans la basse Vendée. La Rochejaquelein, à peine revenu sur la rive gauche de la Loire, y avait trouvé la mort (28 janvier 1794) ; mais Stoffiet, Beauvais, Piet, de Beaurepaire, etc., grossissaient le rassemblement formé par lui, et ils avaient brillamment inauguré cette nouvelle campagne par la victoire de Gesté (2 février). Sapinaud, de son côté, combattit plusieurs fois les républicains aux environs de Mortagne et de la Gaubretière. Vainement les colonnes infernales, organisées par Turreau, parcouraient la Vendée dans toutes les directions le fer et la torche à la main, le Bocage offrait encore des abris à ses défenseurs. Ils se glissaient sur les flancs de ces hordes incendiaires, et souvent ils leur firent payer cher ces ravages. Bernard de Marigny, revenu d’outre-Loire, avait reparu dans les environs de Cerisais, où il jouissait d’une grande popularité. Là, il se créait de son côté une petite armée. Son territoire confinait avec celui de Sapinaud, auquel il prêta secours pour attaquer Mortagne. Le 23 mars, un détachement sorti de cette ville, Pour aller chercher des vivres et des fourrages, fut exterminé presque jusqu’au dernier homme. Le lendemain à onze heures du matin, Sapinaud et Marigny, avec environ 5,000 hommes, assaillirent la place de vive force. Aux anciennes murailles qui existaient, les républicains avaient ajouté quelques nouveaux ouvrages. Dépourvus d’artillerie, les royalistes, après d’intrépides efforts, furent obligés de suspendre leur attaque ; mais dans la nuit, la garnison, craignant de ne pouvoir résister à de nouveaux assauts, prit le parti d’évacuer la ville et se dirigea sur Nantes, où elle n’arriva pas sans coup férir. Sapinaud se trouvait le mois suivant à la réunion où les chefs des quatre armées (Charette, Stofflet, Marigny et lui) s’engagèrent, sous peine de mort pour le contrevenant, à n’agir que de concert. Cet arrêté fut le prétexte dont les ennemis du malheureux Marigny se servirent pour le déclarer déchu de son commandement, et bientôt après pour le faire périr (voy. Marigny). Après sa mort, il ne resta plus que trois armées vendéennes. Sapinaud prit part, le 6 juin 1794, li l’attaque faite en commun contre la division campée à Challans, sous les ordres du général Boussard et de l’adjudant général Chadeau. Les Vendéens furent repoussés. L’armée du Centre, postée entre les territoires des deux autres, ne jouait qu’un rôle secondaire.

Elle leur était inférieure en importance, et le caractère de Sapinaud, faible et facile, devait le subordonner ses deux collègues. Il se trouva placé sous l’influence particulière de Charette et se rangea de son côté dans les différends qui s’élevèrent entre Stofflet et le chef de la basse Vendée. Charette, s’étant rendu à Beaurepaire, quartier général de l’armée du Centre, y convoqua une réunion composée de ses principaux officiers et de ceux de cette armée. Là, Stofflet fut cité a comparaître pour s’expliquer sur la création du papier-monnaie qu’l avait émis. D’après son refus de se présenter, il fut déclaré coupable a son tour d’infraction aux conventions stipulées et déchu du commandement. Sapinaud fut un des signataires de cette déclaration du 6 décembre 1791, dite mue de Beaurepaire. Au surplus, cette mesure resta purement comminatoire. Sapinaud adhéra, le 17 février 1795, au traité de paix conclu a la Jaunaye, près Nantes, entre Charette et les délégués de la convention. On sait que Stoffiet se déclara énergiquement contre ce traité. Peu s’en fallut même que l’on ne vtt, à cette occasion, éclater dans la Vendée une guerre intestine. Stcfllet, vivement poursuivi par les républicains, passa la Sévre et se jeta sur le territoire de Sapinaud. Lursqu’il entra dans Beaurepaire, le 1 avril, ce dernier heureusement venait de s’éloigner et de partir pour Belleville, quartier général de Charette. Mais, le 2 mal suivant, Stoffiet lui-même dut signer à St-Florent un traité de paix. Mais il s’en fallait que la république fût sincère. Les Vendéens, avec raison, considéraient à peine cette aix comme une trêve. Dès la fin de juin, elle lput rompue. Charette, invoquant tous les manques de foi de l’ennemi, recommença les hostilités et enleva, le 26 juin, le camp des Essarts. Sapinaud paraissait désireux de rester en paix. Néanmoins ll ne put se dispenser d’envoyer ses cavaliers à Charette, pour seconder le débarquement d’armes et de munitions opéré par les bâtiments anglais, le 9 août. sur la cote du Marais. Les troupes qui sortirent de St-Gilles pour s’y opposer furent repoussées et battues. Pendant les six semaines que passa le comte d’Artois à l’île Dieu, Charette stimula vainement Yimmobillté de Stoffiet, que les intrigues de Bernier retenaient dans les liens de cette paix acceptée naguère avec tant de peine. Charette pressa également Sapinaud d’agir d’une manière plus active. Effectivement ce dernier inquiéta Mortagne, redevenu de ce côté la place d’armes des républicains. Le général Boussard, qui commandait la garnison, étant sorti pour une reconnaissance, fut tué dans une embuscade. En même temps, la ville fut surprise ; mais cette diversion n’eut pas de résultats. Sapinaud ne pouvait pas mettre sur pied plus de 3 ou 4.000 hommes. Hoche, qui commandait alors l’armée républicaine, fit parcourir son territoire par des co onnes chargées de désarmer les campagnes. Quelques