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SAY

dont l’air était simple, bas (1)[1] et mélancolique. On a de lui : 1° le Livre de Galien de l’art de guérir par la saignée, traduit du grec, et un discours pour la saignée, Paris, 1603, in-12. Cette version du Livre de Galien a été insérée par Phil. Guybert dans le Médecin charitable. 2° Nova seu verius nov. antiqua de causis colorum sententia ; — De tetragoni Hippocratici significatione contra chimicos observatio, ibid., 1609, in-8o. Savot compte parmi les couleurs primitives le blanc et le noir, et n’en admet que deux autres, le rouge et le bleu. 3° L’Architecture française des bâtiments particuliers, ibid.. 1624, 1642, 1673, 1683, in-8o. Les deux dernières éditions ont été publiées par Guill. Blondel (voy. ce nom), avec des notes et des corrections, et un avertissement sur la vie de Savot. On sait que Vitruve dit qu’il est indispensable à un architecte d’avoir quelques connaissances en médecine. Savot en conclut qu’il ue peut pas y avoir de meilleurs architectes que les médecins. Son livre renferme d’ailleurs d’utiles observations et des conseils nécessaires aux personnes qui veulent bâtir. Dans la première édition, Savot donne le prix des matériaux et de la main d’oeuvre à l’époque où il écrivait, ainsi que l’indication des ouvrages d’architecture qu’il regardait comme les meilleurs. 4° Discours sur le sujet du colosse du grand roi Henri posé sur le milieu du pont Neuf (sans date), in-8o de 24 pages. Cet opuscule est fort rare. Blondel ne l’avait jamais vu, et le P. Niceron (Mémoires des hommes illustres, t. 35, p. 44) dit qu’il ne sait ce que c’est. La Bibliothèque historique de la France le cite sous le n° 20,001. 5° Discours sur les médailles antiques, ibid., 1627, in-4o ; traduit en latin par Ludolph. Néocore (Kuster) et inséré dans le Thesaur. antiquit. Romanar., t. 10. Patrice Junius a donné l’ Abrégé de l’ouvrage de Savot, publié par Hearne dans l’Appendice à la Collectanea historia de J. Leland, t. 5, p. 269-282. Cet ouvrage est divisé en quatre parties. Dans la première, l’auteur recherche si les médailles étaient des monnaies. La deuxième traite des différentes matières employées par les anciens pour fabriquer des médailles ; la troisième, de leur poids et de leur valeur primitive ; et la quatrième, de leur prix actuel et des diverses causes qui peuvent le faire varier. L’ouvrage est terminé par une suite de médailles grecques et romaines, tirée des ouvrages des principaux numismates. Sallo, dans son Journal des Savants voy. SALLO), accuse assez à tort Ch. Patin d’avoir puisé dans l’ouvrage de Sayot tout ce qu’il y a de bon dans son Introduction à l’histoire des médailles (voy. l’ Histoire critique des journaux par Camusat).

W—s.


SAVOYE DE ROLLIN (Jacques-Fortunat), homme politique français, était né à Grenoble

(1) Il parait que Blondel regardait ce mot comme synonyme de modeste.


SAV 153

le 18 décembre 1754, d’une famille de robe, et fut destiné à la même carrière. Après avoir fait de bonnes études et son droit dans sa ville natale, il fut reçu avocat. Pourvu, en 1780, d’une charge d’avocat général au parlement du Dauphiné, il s’allia bientôt à l’une des familles les plus opulentes de cette province (celle des Périer). Dans les agitations des parlements qui précédèrent la révolution, il se montra fort opposé à la cour, et acquit par là une si grande popularité, qu’a la nouvelle du premier renvoi de Necker, le peuple de Grenoble, réuni dans une église, l’obligea de présider cette illégale assemblée et d’y lire une pétition rédigée en faveur du ministre disgracié, laquelle fut immédiatement envoyée au roi, revêtue d’un grand nombre de signatures. L’avocat général de Rollin (1)[2] ne prit toutefois que peu de part aux troubles qui éclatèrent ensuite dans toute la France et plus particulièrement dans la province du Dauphiné, et il garda dans les premières années de la révolution un silence prudent, qui le sauva de l’échafaud. Il vint à Paris sous le directoire, et fut alors appelé au bureau consultatif des arts et manufactures. Nommé membre du tribunat, après le 18 brumaire, il y prononça des discours assez remarquables par le talent oratoire, mais dans lesquels il était difficile de distinguer ses opinions. L’un de ses discours les plus importants est celui qu’il fit contre l’institution de la légion d’honneur, dont il devait plus tard être un des principaux dignitaires avec le titre de baron, après avoir dit, en 1802, que cette institution « blessait littéralement la constitution, et qu’un État libre ne comptait qu’un ordre de citoyens. » Il fut deux fois secrétaire de l’assemblée, et il y parla encore dans plusieurs occasions, entre autres pour la clôture de la liste des émigrés, pour l’établissement des tribunaux spéciaux, pour le nouveau mode d’élection fondé sur les listes de notabilités, et qui a duré jusqu’à la loi de 1817 ; enfin, dans le mois de mai 1801, il appuya la proposition faite par Curée d’élever Napoléon Bonaparte à l’empire. Presque aussitôt, Savoye-Rollin fut nommé substitut du procureur général près la haute cour impériale, puis baron, préfet du département de l’Eure (juillet 1805) et un peu plus tard de celui de la Seine-Inférieure, qu’il administra jusqu’en 1812, où il fut destitué pour complicité ou négligence dans l’affaire du receveur de l’octroi Branzon (voy. MARQUESI). Mais ayant été traduit pour le même fait devant la cour impériale de Paris, toutes les chambres réunies, il fut acquitté solennellement et de la manière la plus honorable. L’empereur nomma immédiatement Savoye-Rollin préfet des Deux-Nèthes, et il administra ce département

(1) On trouve ce nom écrit de plusieurs manières dans les différentes phases de la révolution. Ce fut d’abord M. de Rollin tout court ; ensuite Savoy de Rollin, puis Savoye-Rollin, et enfin le baron Savoye-Rollin.


  1. (1) Il parait que Blondel regardait ce mot comme synonyme de modeste.
  2. (1) On trouve ce nom écrit de plusieurs manières dans les différentes phases de la révolution. Ce fut d’abord M. de Rollin tout court ; ensuite Savoye de Rollin, pain Savoye-Rollin, et enfin le baron Savoye-Rollin.