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SCA

extraits dans le Digeste (1)[1]. Un personnage aussi éminent par son mérite et par sa vertu ne pouvait manquer d’être en butte aux persécutions des partis qui troublèrent la république. Aux funérailles de Marius, il fut blessé d’un coup de poignard par un des agents du démagogue Fimbria, qui le cita ensuite à comparaître devant le peuple. Comme on lui demandait quel était le crime d’un homme qu’on ne pouvait louer assez dignement : « Je l’accuserai, répondit Fimbria, de n’avoir pas reçu assez avant dans le corps le poignard dont il devait être tué sur la place. » Si, dans cette occasion, Scaevola put échapper à la mort, il devait périr plus tard sous le poignard d’un autre assassin. L’an 667 de Rome, il fut égorgé, par les ordres du jeune Marius, dans le vestibule du temple de Vesta.

D―R―R.


SCAIBANI. Voyez CHÉIBANI.



SCALA (Mastino Ier de la), gentilhomme véronais, attaché à la faction des Gibelins, fut, à la mort d’Ezzelin III deRomano, en 1259, choisi par ses compatriotes pour podestat de Vérone. Toutes les autres républiques, délivrées par les Guelfes d’une tyrannie féroce, s’étaient jetées dans leur parti ; Mastino rendit Vérone l’asile des Gibelins ; il en expulsa le comte de St-Boniface avec tous les Guelfes, qui jamais, des cette époque, n’y ont été rappelés ; et, en 1262, il obtint par un décret que son emploi de podestat serait perpétuel. Le parti guelfe avait cependant toujours des partisans secrets dans Vérone; la liberté, opprimée par le nouveau seigneur, en avait davantage encore. En 1269, tous ceux qui voulaient empêcher la maison de la Scala d’affermir sa domination nouvelle prirent les armes et firent révolter presque tous les châteaux du territoire de Vérone. Mais, quoique la noblesse presque entière de cette ville puissante eût pris part à la conjuration, après deux ans de guerre elle fut chassée de tous ses lieux forts par la valeur et l’habileté de Mastino Ier, qui avait su intéresser toute la populace à sa cause. Lui-même, quoique rangé parmi les nobles, était sorti d’une basse origine ; ses ennemis assuraient que ses ancêtres étaient des marchands d’huile. Plus tard, les seigneurs de la Scala ont trouvé des généalogistes qui se sont étudiés à prouver que leur noblesse était sans tache. Cependant les victoires de Mastino et sa sévérité envers les vaincus augmentèrent le nombre et l’acharnement de ses ennemis. Désespérant de le vaincre, ils résolurent de se défaire de lui par un assassinat ; quatre conjurés le massacrèrent dans son palais, le 17 octobre 1277. Mais son frère Albert, qui était alors podestat de Mantoue, accourut aussitôt à Vérone avec une troupe de soldats ; il empêcha les conjurés de profiter de la mort de Mastino pour renverser le gouvernement ; bientôt il les

(1) Son nom est écrit Scavola, dans les Pandectea florentines.


fit tous arrêter, avec l’aide de la populace, qui le favorisait, et ils périrent dans les supplices. Il se fit ensuite nommer à son tour, par le peuple, capitaine général de Vérone. — Albert Ier De La Scala ne songea plus qu’à consolider son autorité en resserrant son alliance avec tous les seigneurs gibelins de la Lombardie. Il donna des secours aux Bonacossi de Mantoue et aux Gibelins de Modène et de Reggio ; mais il ne fit presque jamais la guerre pour son propre compte, en sorte qu’il reste de lui peu de souvenirs historiques. Il mourut en 1301, après avoir gouverné sa patrie vingt-trois ans. — Son fils Barthélémy de la Scala lui succéda et régna deux ans et demi, sans prendre beaucoup de part aux révolutions qui, à cette époque même, renversaient de leurs petites souverainetés les Visconti, les Correggeschi et d’autres seigneurs gibelins de Lombardie. Il mourut le 7 mars 1304. — Alboïn Ier De La Scala, fils d’Albert Ier et frère de Barthélémy, auquel il succéda dans la principauté de Vérone, épousa, en 1305, une fille de Giberto de Correggio, seigneur de Parme et l’un des plus actifs parmi les chefs des Gibelins. François Bonacossi de Mantoue était le mari d’une autre fille du même prince ; et ces trois seigneurs, unis par l’intérêt de parti, la parenté et l’ambition, attaquèrent en commun le marquis Azzo d’Este et firent plusieurs conquêtes dans le Ferrarais. Enfin le marquis d’Este les repoussa moyennant les secours de Bologne et de Florence. A l’arrivée de l’empereur Henri VII en Italie, Alboïn de la Scala obtint de lui, en 1311, à prix d’argent, le titre de vicaire impérial à Vérone. Il mourut la même année, le 28 octobre, et son frère Cane le Grand lui succéda.

S. S-I.


SCALA (Cane Ier de la), était le troisième fils d’Albert 1er et le frère de Barthélemy et d’Alboin, né en 1291 ; il succéda au dernier, le 1er janvier 1312, dans la principauté de Vérone et le titre de vicaire impérial. Sa taille était grande et imposante, sa figure noble et douce, ses manières pleines de grâces. Déjà il s’était fait remarquer par son éloquence et par sa valeur. Le 15 avril 1311, il avait enlevé Vicence aux Padouans, et il avait introduit une garnison qui se disait impériale, mais qui ne dépendait que de lui. Ce fut l’origine d’une guerre acharnée entre la maison de la Scala et la république de Padoue. Cette république était attachée au parti guelfe ; elle avait obtenu de puissants secours de ceux qui soutenaient la même cause dans le reste de l’Italie, tandis que Cane au contraire s’était épuisé d’hommes et d’argent pour fournir des soldats et des subsides à l’empereur Henri VII. Aussi, pendant plusieurs années, n’eut-il que peu de succès. Enfin, le 17 septembre 1314, il surprit les Padouans déjà cantonnés dans le faubourg de Vicence, dont ils faisaient le siège, les mit dans une déroute complète, pilla leurs équipages, fit prisonniers tous leurs chefs et les

  1. (1) Son nom est écrit Scavola, dans les Pandectes florentines.