cette sédition, trouva à la garde d'une des portes quelques-uns de ses partisans qui l'introduisirent dans la ville. Il livra bataille à Frégnano au milieu des rues, le vainquit et le tua, ainsi que Paul Pic de la Mirandole, que Frégnano avait nommé pour podestat, et il ramena tous les révoltés à l'obéissance. Peu de temps après, il entra dans une ligue formée contre les Visconti par la république de Venise et tous les princes ses voisins. Cette alliance lui paraissant affermir son pouvoir, il se livra sans retenue à tous ses vices, la cruauté, l'avarice et la débauche. Ni la beauté, ni le rang, ni la vertu d'Elisabeth de Bavière, sa femme, ne la mirent à couvert de ses mépris ; ses deux frères étaient sans cesse menacés et s'attendaient d'heure en heure à demeurer victimes de sa jalousie. L'aîné des deux, Can-Signore, se croyant déjà perdu, rencontra, le 14 décembre 1359, Can-Grande qui traversait Vérone à cheval ; aussitôt il s'élança contre lui et le transperça de part en part avec son estoc. Il s'enfuit ensuite à Padoue ; mais François de Carrare, qui régnait dans cette ville, l'y reçut avec honneur, le reconduisit à Vérone à la tête de ses troupes, et le fit proclamer seigneur, le 17 décembre, conjointement avec son frère Paul-Alboïn.
— Can-Signore della Scala, voulant s'affermir dans la souveraineté de Vérone par des alliances, maria sa sœur Verde de la Scala au marquis Nicolas d'Esté, en mai 1361, et il renouvela la ligue trévisane contre la maison Visconti. Cependant, la même année, il fit, de concert avec cette ligue, la paix avec Bernabo. Le S juin 1364, il épousa Agnès, fille du duc de Duras. Can-Signore, victime pendant le règne précédent de l'ambition de son frère aîné, n'avait point appris dans le malheur à se conduire lui-même avec plus de générosité ; il exclut son plus jeune frère, Paul-Alboïn, de toute part à la souveraineté qui lui avait été conférée par le peuple. Paul-Alboïn trouva parmi les Véronais un parti empressé à faire valoir ses droits ; leurs secrets desseins, révélés au prince, furent considérés comme une conspiration : Paul-Alboïn fut enfermé, le 20 janvier 1365, dans le château de Peschiera ; huit de ses complices furent décapités, et un grand nombre d'autres furent enfermés dans des prisons, d'où ils ne sortirent plus qu'à la mort de Can-Signore. Celui-ci, renonçant à la politique qu'avaient suivie ses ancêtres de s'opposer à la grandeur de la maison Visconti, contracta une étroite alliance avec Bernabo, seigneur de Milan. S'endormant ensuite sur le trône et se livrant aux débauches déjà fatales aux autres princes de sa maison, il ne fit plus rien de digne de remarque jusqu'à l'année 1375, où, sentant déjà approcher le terme de sa vie, quoiqu'il eût à peine 35 ans, et voulant assurer sa succession à ses deux bâtards Barthélémy et Antoine, qu'il fit désigner, de son vivant, comme capitaines généraux de Vérone et de Vicence, il fit étrangler
SCA
dans sa prison de Peschiera, son frère Paul Alboïn et mourut ensuite, le 18 octobre 1375. Avec lui s'éteignit la descendance légitime des Scala, qui avaient gouverné pendant cent treize ans la principauté de Vérone. S. S—i.
SCALA (Antoine de la), seigneur de Vérone, fils naturel de Can-Signore, était âgé de quinze ans lorsqu'il lui succéda, le 14 octobre 1375, conjointement avec son frère Barthélémy II. Leur père les avait mis sous la tutelle de Nicolas, marquis d'Este, de Galeotto Malatesti et de François de Carrare. Les premières années de leur règne s'écoulèrent pacifiquement, à la réserve d'une tentative que fit contre eux, en 1378, Barnabo Visconti, qui réclamait l'héritage de la maison de la Scala pour sa femme Regina, prétendant que des bâtards ne pouvaient succéder au préjudice des enfants légitimes ; mais les frères de la Scala ayant eu des secours de tous leurs voisins et ayant obtenu plusieurs avantages sur Visconti dans l'Etat de Brescia, les hostilités furent suspendues par une trêve au mois de septembre 1378. Cependant les deux frères de la Scala étant parvenus à l'âge de gouverner par eux-mêmes, le plus jeune, Antoine, sentit avec effroi que le pouvoir souverain passerait presque en entier entre les mains de son frère Barthélemy. Le fratricide ne pouvait l'effrayer dans une famille où ce forfait était en quelque sorte héréditaire. Il aposta des assassins qui attaquèrent Barthélemy comme il entrait, avec un seul compagnon, chez une femme qu'il aimait. Barthélémy fut trouvé mort le matin du 13 juillet 1381, percé de vingtsix coups de couteau ; son compagnon en avait reçu trente-six. Antoine, qui voulait détourner de lui le soupçon de ce forfait, fit saisir la maîtresse de Barthélemy avec tous ses parents, et, les accusant d'avoir assassiné son frère, il les fit tous périr dans d'horribles tourments. Cependant personne ne fut la dupe de ce nouvel acte de barbarie ; la voix publique accusa Antoine de la mort de son frère ; François de Carrare, seigneur de Padoue, répéta cette accusation, et Antoine de la Scala put d'autant moins pardonner cet outrage qu'il était plus mérité. Cherchant de tous côtés des ennemis au prince de Padoue, il lui déclara la guerre en 1385 ; il rejeta toutes ses propositions, toutes ses offres de satisfaction. Battu aux Brentelles, le 25 juin 1386, et près de Castelbaldo, le 11 mars 1387, il se refusa encore à faire la paix et ne voulut écouter aucun des conseils de la saine politique. François de Carrare se vit forcé d'appeler à son aide Jean Galeaz Visconti, seigneur de Milan, qui observait ces deux rivaux pour profiter de leur affaiblissement. Antoine de la Scala ne put opposer aucune résistance à ce nouvel agresseur. Le 18 octobre 1387, Vérone fut livrée par des traîtres à Jean Galeaz Visconti ; Antoine de la Scala s'enfuit par l'Adige à Venise, avec sa famille. N'y trouvant point les secours qu'il attendait, il en alla de