autres tableaux de ce maître : 1o un Peintre assis près de son chevalet ; 2o la Madeleine dans sa grotte, éclairée par ur flambeau ; 3o la Consultation indiscrète, ou la Curiosité punie ; 4o la Remontrance inutile. Ils ont été rendus aux Pays-Bas en 1815. Schalken mourut à la Haye. le 16 novembre l706. P—s.
SCHALL (Jean-Adam). jésuite et missionnaire à la Chine, naquit à Cologne en 1591. Il vint à Rome et y prit l’habit en 1611. Après y avoir étudié la théologie et les mathématiques pendant plusieurs années, il s’embarqua pour la Chine. avec le P. Trigault qui y retournait, et y arriva l’an 1622. On l’envoya d’abord dans la province de Chensi. et il résida quelques années à Si-an-fou. Il s’occupa sans relâche des soins de son ministère apostolique et de l’étude des sciences qui ont rapport à l’astronomie. Il dirigea la construction d’une église, qui fut bâtie, en partie, aux frais des néophytes, et en partie aussi avec le secours des Chinois non convertis, lesquels voulurent prendre part aux entreprises du missionnaire uniquement par l’intérêt que leur avaient inspiré ses connaissances mathématiques. La réputation qu’il s’était acquise sous ce dernier rapport ne tarda pas à le faire appeler à la cour, où il fut chargé de la rédaction du calendrier impérial, d’abord conjointement avec le P. Rho, ensuite seul après la mort de ce dernier. Il exerça cette charge avec distinction. sous les règnes consécutifs de trois empereurs, l’un de la dynastie des Ming, et les deux autres de la dynastie tartare. Ce fut surtout sous le règne du premier prince mandchou. nommé par les Européens Chuntchi, que le P. Schall obtint le plus haut degré d’estime et de faveur. Il fut alors nommé conseiller directeur du bureau des affaires célestes, ou, comme disent les missionnaires, président du tribunal de mathématiques. avec le titre particulier de maître du doctrines subtiles. Ce titre fut encore rendu plus honorable par la suite : on y joignait différentes dénominations chinoises, qu’il serait difficile de rendre en français. On ajoute que l’empereur avait personnellement pour Schall une si grande considération qu’il venait quatre fois par an dans le cabinet du missionnaire, pour s’entretenir familièrement avec lui ; que, dans ses visites, il s’asseyait sur le lit du savant jésuite, et qu’il se plaisait à admirer l’élégance de l’église et à goûter les fruits du jardin qui l’avoisinait. Schall profita de cette bienveillance pour servir la cause de la mission. Il obtint un pour la libre prédication du christianisme, ce qui accrut tellement le nombre des néophytes qu’en quatorze ans (de 1650 à 1664) on baptisa plus de cent mille Chinois. À la mort de Chuntchi, les espérances que de si heureux commencements avaient permis de concevoir ne tardèrent pas de s’évanouir. Les régents qui gouvernaient l’empire pendant la minorité da Khang-hi commencèrent à exercer
contre les chrétiens une persécution dont le
P. Schall fut une des premières victimes. On
l’accusa d’avoir eu l’audace de présenter l’image
d’un crucifié à la vénération de l’empereur défunt. Il fut chargé de fers avec trois de ses compagnons,
trainé, pendant neuf mois, de tribunaux
en tribunaux et enfin condamné à être
étranglé et coupé en dix mille morceaux, pour
avoir omis quelques rites prescrits lors de la sépulture
d’un prince impérial. Cette sentence eût
peut-être reçu son exécution, mais une comète
qui vint à paraître sur ces entrefaites, un tremblement
de terre, un incendie qui consuma
quatre cents appartements du palais furent regardés
comme autant de signes évidents de la
colère céleste et de l’innocence des prisonniers.
On les mit en liberté ; mais le P. Schall profita
peu de cette grâce. Atteint de paralysie. il fut
accusé de nouveau et porté, le cou chargé de
cette espèce de carcan mobile qu’on nomme
cangue, devant deux tribunaux. Tant de fatigues
achevèrent d’épuiser ses forces, et il expira à la
dixième lune de la huitième année khang-hi
(15 août 1669)[1]. Il arriva au P. Schall ce qui
est arrivé à d’autres personnages illustres : on
combla d’honneurs, après sa mort, l’homme
qu’on avait persécuté durant sa vie. La cérémonie
de ses obsèques fut réglée par un ordre supérieur.
L’on assigna cinq cent vingt-quatre
onces d’argent (environ 3.930 francs) pour y
être employées, et un officier fut envoyé pour y
présider. Le calendrier astronomique, sorti des
mains du P. Schall. tomba, peu de temps après,
dans celles d’un Chinois fort ignorant, nommé
Yang-kouang-siah ; mais les erreurs qui s’y glissèrent
obligèrent à le rendre promptement aux
missionnaires ; et ce fut le P. Verbiest qui devint
pour ce travail le véritable successeur de Schall.
Il fut aussi chargé de diriger la fonte des pièces
d’artillerie. comme l’avait été Schall lui-même,
en 1636, lors des premières incursions des Tartares
dans l’intérieur de l’empire. Des soins si
différents des intentions qui avaient conduit les
missionnaires à la Chine leur étaient imposés
par la force des circonstances : et ils n’auraient
pu s’y refuser sans compromettre les intérêts de
la cause à laquelle ils s’étaient voués. Ce n’en
est pas moins une singularité assez remarquable
que les meilleurs canons dont les Chinois se
soient servis aient été fondus par des jésuites.
Le P. Schall avait pris en chinois le nom de
Thang-jo-wang et le surnom de Tao-wei. C’est
avec ce double nom qu’il a publié ses ouvrages
en langue chinoise, au nombre de vingt-quatre,
- ↑ Cette date est prise de l’original chinois du Catalogue des Pères de la société de Jésus qui ont prêche la religion en Chine. Elle y est sous la double expression 8e année khang-hi et ki-yeou du cycle ; ce qui ne peut repondre qu’à l’année 1669. D’un autre côté, l’édition latine de ce même ouvrage et presque tous les missionnaires placent la mort de Schall en 1665 ou en 1666. J’ai lieu de penser qu’il y a erreur dans tous ces auteurs qui ont pris pour l’année de la mort de Schall celle où il fut attaqué de la maladie qui l’enleva, 6e kang-hi, ping-ou du cycle, ou 1666.