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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 39.djvu/152

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n’est ni plus clair, ni plus méthodique, ni mieux écrit que le premier. 3° Claudií Ptolemæi Alexandrini geographicæ enarrationis libri octo, etc., Lyon, frères Trechsel, 1535, in-fol., figures en bois. Cet ouvrage fut imprimé sous le nom de Michel Villanovanus. Servet y a joint une préface, quelques notes, les noms modernes des villes et une petite introduction à chaque carte, pour rendre compte de l’état actuel du pays qu’elles représentent. Il fut réimprimé et dédié à l’archevêque Palmier, Vienne en Dauphiné, Gaspard Trechsel, 1541, in-fol. ; et cette réimpression est encore plus rare que l’édition originale[1]. 4° In Leonardum Fuchaium apologia pro Symphoriano Campegio, Paris, 1536, in-8° ; et Lyon, 1536, in-8°. C’est sous ce titre, et avec le nom de Michel Villanovanus, que Haller a désigné cet ouvrage, dont il disait posséder un exemplaire, qu’on a même trouvé enregistré de sa main dans son catalogue. Cependant, malgré toutes les recherches faites dans les bibliothèques de Brera et de Pavie, qui se partagèrent les livres de Haller, il a été impossible de le retrouver. Au reste, Servet avait parlé de cet ouvrage dans ses déposition : devant le magistrat de Vienne et dans la préface de son Traité des sirops. Léonard Fuchs était un médecin de Tubingue, mort en 1566 ; et Symphorien Champier fut une sorte d’encyclopédiste, qui, né dans un petit village nommé St-Symphorien, près d’Annecy[2], vécut longtemps Lyon, où il reçut le droit de bourgeoisie. 5° Syruporum universa ratio ad Galení censuram diligenter explicata. Cui post integram de concoctione disceptationem, prescripta est vera purgandi methodus, cum expositione aphorismi : Concoct medicari, Paris, Colines, 1537, in-8° ; réimprimé à Venise, Valgrisi, 1545, in-8° ; et à Lyon, Roville, 1546, in-8°. Dans cet ouvrage, qui fut publié sous le nom de Michel Villanovanus, Servet examine la doctrine de la coction des humeurs, qu’il apprécie assez bien, eu égard au temps où il vivait. On voit qu’il était nourri des doctrines de Galien et des Arabes, et que l’humorisme formait la base de ses principes en médecine. 6° Apologalica disceptatio pro astrologia, Paris, 1538, in-8°. C’est l’ouvrage dirigé contre les médecins de Paris et supprimé par le parlement ; Chauffepié s’est trompé en croyant qu’il en existait un autre sous un nom différent. 7° Biblia sacra ex Sanctis Pagnini translatione, sed et ad hebraïcœ lingua amussim ita recompila et scholiis illustrata ut plane nova editio videri possit, Lyon, Trechsel et de la Porte, 1542, in-fol. Cette édition fut exécutée d’après celle de Cologne. Les notes de Servet, qui ne sont pas en grand nombre, roulent surtout sur l’interprétation des livres des psaumes et des prophètes. 8° Christianismi restitutio. Totius ecclesiæ apostolicæ ad sua limina vocatío, in íntegrum restítuta cognitione Dei, fideí Christi, justficationis nostræ, regenerationis baptismi et cœnæ Domíni manducationis. Restituto deníque nobis regno cœlesti, Babylonis ímpiæ captivitate soluta, et Antichristo cum suis penitus destructo (Vienne en Dauphiné, chez Balthasar Arnollet), 1553, de 734 pages in-8°, en caractères ronds et avec un feuillet d’errata. Au bas de la dernière page sont les initiales de l’auteur et l’année de impression : M. S. V. (Michel Servet Villanovanus), 1553. Cet ouvrage fut tiré à 800 exemplaires, dont il ne reste plus que deux. L’un est à la bibliothèque de Paris et l’autre dans la bibliothécaire impériale de Vienne. Le premier avait été acheté à la vente de Gaignat, pour le duc de la Vallière, au prix de trois mille huit cent dix francs, malgré sa mauvaise conservation. C’est le même que les anciens biographes de Servet disent avoir appartenu à la bibliothèque du landgrave de Hesse-Cassel, où il fut volé[3]. (Voyez une lettre de l’abbé Rive, dans le tome 2, p. 359, de l’Origine des découvertes, par Dutens, Paris. 1776, in-8°. Il paraît que c’est d’après l’exemplaire de la bibliothèque impériale de Vienne, que de Murr a donné une contrefaçon de cet ouvrage (Nuremberg, 1790, in-8°), imitant l’original absolument ligne pour ligne. L’année de la contrefaçon est marquée au bas de la dernière page[4]. Il ne serait pas facile de rendre un compte exact du Christianismi restitutio, à cause du style confus de l’auteur. L’ouvrage se compose de six traités, dont le premier est divisé en sept livres. C’est là (p. 169-172) que l’on trouve le fameux passage sur la circulation du sang. Boerhaave s’est trompé en disant qu’il était dans l’autre livre, intitulé De Trinitatis erroribus. On ne peut nier que Servet n’ait bien apprécié la disposition anatomique des vaisseaux qui vont du cœur aux poumons : il a senti que ces vaisseaux, beaucoup trop volumineux pour servir uniquement à a nutrition de ces viscères, étaient chargés d’y porter le sang pour lui faire subir une élaboration importante. Dans ce temps, on croyait que le sang contenu dans les cavités droites du cœur pénétrait dans les cavités gauches, au travers de la cloison du ventricule et des oreillettes. Servet s’élève contre

  1. Voyez, sur ces deux éditions, la dissertation de Raidel sur les éditions de la Géographie de Ptolémée et une lettre de des Maizeaux, insérée dans la Bibliothèque raisonnée des savants, t. 8. p. 172.
  2. C’est au moins ce qui semblerait résulter des recherches de Malacarne dans son livre sur les ouvrages des médecins ou chirurgiens des États de la maison de Savoie jusqu’au 16e siècle (Delle opere, etc., 1788, in-4°), 3e part., p. 238 ; mais tous les autres biographes font naître Symphorien Champier à Lyon, ou plutôt à St-Symphorien-le-Château en Lyonnais. Voy. Goujet, Bibliothèque française, t. 19, p. 207.
  3. Cet exemplaire est celui qui avait appartenu au Genevois Colladon, un des accusateurs de Servet, lequel a souligné quelques propositions. Il fut sauvé du bûcher, et quelques pages portent les traces de flammes.
  4. Une nouvelle édition qu’avait entreprise, à Londres, le docteur Mead n’alla pas plus loin que la page 258. Il ne devait en être tiré qu’un seul exemplaire. Ce fragment fut payé, en 1784, mille sept cents francs à la vente du duc de la Vallière ; prix énorme à une époque où les livres rares étaient loin d’avoir la valeur qu’ils ont atteinte depuis.