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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 39.djvu/154

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si loin, qu’en 1609, le sophi de Perse le demanda au grand-duc de Toscane, Côme II. Constantin se rendit à cette invitation, mais il ne resta pas même une année dans ce pays, et l’on ignore ce qu’il y fit. De retour à Florence, il eut la charge surintendant de la manufacture de mosaïques en pierres dures, fondée quelques années auparavant par le grand-duc François Ier, et c’est sous sa direction que ce magnifique établissement reçut toute son extension et commença à envoyer ses produits dans toutes les parties de l’Europe. Il fut aussi chargé de conduire les travaux de la galerie de Florence et de la superbe chapelle de St-Laurent. Appelé en Angleterre par le prince de Galles, il en reçut la charge de surintendant de ses bâtiments et machines, avec un traitement considérable. Le grand-duc, cédant aux demandes des États Généraux de Hollande, le leur envoya. Il les satisfit sous tous les rapports et se fit estimer particulièrement de Maurice de Nassau, qui le combla de marques de considération, et lui demanda les plans et les dessins d’un palais qu’il voulait élever à la Haye. C’est pendant son voyage en Hollande qu’il connut les ouvrages de Porbus, et qu’il chercha à les imiter. Après de fréquents voyages dans la plupart des cours de l’Europe, Servi mourut à Lucignano, en 1 622, attaché au service du grand-duc, en qualité de vicaire de cette commune, et avec le titre de conseiller aulique de l’Empereur. On peut voir de plus amples détails sur cet artiste et ses descendants, au tome 9 des Notizie de’ professorî del disegno, etc., de Baldinucci, édition des classiques italiens, Milan, 1812, in-8°.

P-s.

SERVIEN (Abel), marquis de Sablé, né en 1593, à Grenoble, d’une ancienne famille de la haute magistrature, débuta dans cette carrière, en 1616, par la charge de procureur général au parlement de sa ville natale, et fut appelé l’année suivante à l’assemblée des notables tenue à Rouen. Le 19 janvier 1618, il obtint le brevet de conseiller d’État, fut nommé maître des requêtes de l’hôtel du roi, le 22 mars 1624, et envoyé en Guienne, vers 1627, pour y exercer les fonctions d’intendant de justice, police et finances. Les sujets du roi dans la vallée de Baréges et ceux du roi d’Espagne dans la vallée de Brotto ayant eu quelques différends, ces deux monarques nommèrent des commissaires pour les arranger. Servien fut nommé par Louis XIII, en 1628. Il passa l’année suivante à Turin, afin de terminer, au nom du roi, les discussions existantes entre les ducs de Savoie et de Mantoue, pour l’exécution du traité signé le 12 mars, à Bussolin. par le cardinal de Richelieu. En 1630, il fut fait intendant de justice, police et finances en l’armée d’Italie, commandée par ce premier ministre, et, dans la même année, président en la justice souveraine de Pignerol ; enfin, et presque immédiatement, premier président du parlement de Bordeaux. Il allait partir pour remplir cette dernière charge, lorsque Louis XIII lui donna la place de secrétaire d’État de la guerre, vacante par la mort de Beauclerc d’Achères. Pendant son ministère, Servien fut nommé, avec le maréchal de Thoyras, et le fameux d’Emery, depuis contrôleur général, ambassadeur extraordinaire en Italie. Le maréchal et Servien négocièrent d’abord, avec le général Gallas, le premier traité de Cherasco, entre Louis XIII et l’empereur Ferdinand II, pour le rétablissement de la paix en Italie. Le 30 mai suivant, ils signèrent, avec Victor Amédée, la restitution à ce prince de toute la Savoie et des villes et châteaux de Saluces et de Villefranche. Le roi voulant s’assurer un passage en Italie et y conserver une place de guerre, les mêmes négociateurs conclurent, le 19 octobre 1631, un traité par lequel le duc mettait en dépôt, entre les mains de Louis XIII, la place de Pignerol et permettait le passage des troupes françaises, allant dans le Montferrat ; et enfin, le 5 mai 1632, cette même place de Pignerol fut cédée au roi par un traité que Thoyras et Servien signèrent à St-Germain en Laye. Ce dernier montra beaucoup d’habileté, mais il annonça, dès ce moment, un caractère difficile et impatient de toute supériorité. Il paraît que, jaloux du crédit de Thoyras auprès de la duchesse douairière de Savoie, sœur de Louis XIII, il nuisait à son collège dans l’esprit du roi et dans celui du cardinal de Richelieu. Le maréchal s’en plaignit dans un mémoire qu’il fit remettre au roi. Servien ne fut sans doute pas étranger à la perte que le maréchal fit, vers cette époque, du commandement de l’armée d’Italie. Quant à lui, il reprit les fonctions de sa charge après la conclusion des affaires d’Italie. Le cardinal de Richelieu chercha à lui ôter sa place. Servien donna sa démission et se retira dans sa terre de Sablé en Anjou, où il vécut dans une retraite absolue, jusqu’en 1643. À cette époque, Richelieu venait de mourir ; il fallut envoyer un plénipotentiaire à Munster avec le comte d’Avaux. Mazarin, qui avait été désigné, étant devenu premier ministre, fit choix de Servien pour le remplacer, sans doute à la sollicitation de Lyonne, qui avait toute sa confiance, et qui était fils d’une sœur de Servien. Mazarin vit en lui l’homme qu’il pouvait mettre dans la confidence de sa politique, de préférence au comte d’Avaux, dont ce ministre était jaloux. Les deux plénipotentiaires eurent d’abord ordre d’aller régler divers points en discussion avec les Provinces-Unies. Mais avant d’arriver à la Haye, ils annoncèrent qu’ils désiraient obtenir du prince d’orange le titre d’excellences. Ils prétendirent même que ce prince devait venir au devant d’eux, à leur approche de la Haye, et leur rendre la première visite, s’il se portait bien ; sinon, qu’il devait se faire remplacer par son fils. Le prince feignit une indisposition, et son fils alla au-devant des ambassadeurs, à une demi-