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trouva en relation avec les royalistes qui s’occupaient de projets de descente en Bretagne, et se montra très-ardent à y participer. Les ministres du roi d’Angleterre prirent confiance en lui, etil fut chargé de commander la seconde division de l’armée destinée au débarquement. On mit sous ses ordres sept régiments, formant environ 4,000 hommes. Ils étaient encore dans le Hanovre ; et c’était avec eux que Sombreuil venait de faire la guerre en Hollande. Il retourna en Allemagne, afin de les passer en revue, et de tout disposer pour leur départ. Son mariage venait alors de se conclure avec mademoiselle de la Blache. Il quitta l’armée et revint à Londres. Tout était prét pour la cérémonie ; la fiancée revêtue de son habit de noces, il allait marcher it l’autel, lorsque tout à coup on vint lui annoncer que son armée était dans la rade de Spithead. que le vent était favorable, et qu’il n’y avait pas un moment à perdre. Scrupuleux comme il l’était dans tout ce qui touche au devoir et à l’honneur, il n’hésite pas, et s’éloigne d’un rivage où semblaient devoir l’attacher les liens d’un amour partagé. Le 7 juillet 1794, les bâtiments qui transportaient sa division arrivèrent dans la rade de Quiberon. Déjà depuis neuf jours, la première division, commandée par d’HervilIy (voy. Haaviu.r), avait pris terre sur cette même côte. Elle occupait la presqu’île et les forts qui la défendent. La prise du tort Penthièvre semblait surtout un événement décisif. Cette forteresse. placée sur la langue de terre qui sépare la presqu’île du continent, otïrait des moyens de débarquer avec sûreté, en même temps qu’elle était un excellent appui en cas de revers. Mais le plus complet désordre avait régné dans les opérations. Puisaye se prétendait général en chef de toute l’expédition. Il avait. ou semblait avoir la confiance des chefs de chouans qui arrivaient d’Angleterre avec lui, ou qui étaient accourus avec leurs troupes pour favoriser le débarquement. D’Hervilly maintenait qu’il n’était point sous les ordres de ll. de Puisaye ; et les troupes régulières, ainsi que les officiers supérieurs, ne reconnaissaient pas le commandement de celui-ci. Les uns vouaient qu’on avançåt rapidement dans l’intérieur des terres, qu’on profitât des dispositions des habitants, enfin qu’on appuyåt le mouvement des chouans. qui, dès le premier jour, avaient poussé jusqu’à Auray ; les autres pensaient que es ressources et les espérances de l’expédition ne devaient pas être compromises si légèrement. La facilité avec laquelle les républicains reprirent Auray et forcèrent les chouans à se replier vers Quiberon, fournissait des arguments à d’tlervilly et un sujet de reproches à Puisaye, qui se plaignait de n’avoir pas été secouru. Pendant que tout était ainsi dans l’hésitation. et qu’on allait savoir à Londres auquel des deux commandants il fallait obéir, le général Hoche rassemblait des forces ; les républicains étaient revenus de leur SOI

premier étonnement : la convention avait envoyé des commissaires : l’un d’eux était Tallien, qui, pour lors, jouait un assez grand rôle en France (voy. Tactics). Ainsi, lorsque la division de Sombreuil débarqua, les royalistes étaient sur la défensive, et déjà resserrés dans l’étroite presqu’île de Quiberon. Toutefois, à l’instant même où lui arrivait ce renfort, d’Hervilly se détermine il attaquer sur-le-champ le poste fortifié de Ste-Barbe, que les républicains occupaient, après l’avoir repris sur les émigrés. Cette affaire fut malheureuse ; les dispositions étaient mal prises : on comptait sur une attaque de la part des Bretons, sur les derrières de l’ennemi ; mais cette attaque n’eut pas lieu (voy. Tmrsxuc et Vauiuus). Après des efforts du courage le plus héroïque, d’Hervilly fut mortellement blessé ; sa valeur et celle de tous ses braves compagnons ne purent suppléer à la malhabileté, à l’impéritie qui présidaient à toute cette affaire. Encouragé r ce succès, Hoche conçut l’idée de surprendre lg fort Penthièvre. Ce projet lui fut suggéré par les déserteurs qui arrivaient de moment en moment, du camp de d’Hervilly. Les émigrés et le ministère anglais avaient recruté, avec une extrême imprudence, les troupes de l’expédition parmi les prisonniers français. Ces hommes, qui avaient servi sous les drapeaux de la France républicaine. étaient pénétrés contre l’invasion étrangère d’un sentiment d’horreur patriotique dont les émigrés ne connaissaient pas toute la force. Les mauvais traitements qu’ils avaient endurés en Angleterre les avaient excessivement aigris, et presque tous ne voyaient dans cet enrôlement qu’un moyen d’évasion. Ils racontèrent au général Hoche l’état intérieur de l’armée de d’Hervilly, et finirent par lui donner l’espoir de s’emparer, durant la nuit, du fort qui faisait l’unique défense des émigrés. Au milieu d’un orage épouvantable et d’une complète obscurité, deux colonnes républicaines s’avancèrent, l’une à droite l’autre à gauche. le long de la plage, tandis que le général avec son corps d’armée se présentait en face du fort. Au crépuscule du matin, les bâtiments anglais embossés dans la rade, virent filer le long des rochers comme une ligne noiråtre : c’était la colonne de gauche qui. marchant dans l’eau, se glissait vers le fort. Au même moment les batteries du fort commencèrent 'à tirer ; le trouble se mit dans l’armée républicaine, et une sorte de désordre l’entraîna loin du point d’attaque. Le général maintenait avec peine l’arrière-garde, lorsque aux premiers rayons du soleil, on aperçut sur le sommet du fort le drapeau tricolore remplaçant le drapeau blanc. La colonne de gauche avait eu pour guide un nommé David, prisonnier enrolé en Angleterre ; cet homme, qui donna le mot d’ordre aux républicains, avait manifesté au général une ardeur, un courage extrême, et surtout un profond ressentiment des soutïrances de sa captivité en Angleterre, mon-