Anglais se retirèrent dans le fort William ; mais,
après une courte résistance, le gouverneur et la
plus grande partie de la garnison ayant pris la
fuite, le reste se rendit le lendemain. La ville fut
livrée au pillage et le fort incendié. 146 hommes
furent renfermés provisoirement dans une chambre
basse de 18 pieds de long sur 14 de large,
nommé le Trou noir, qui ne recevait de jour que
deux petites fenêtres garnies de barreaux de fer.
Ils y furent tellement pressés qu’il n’en restait
plus que 23 respirant à peine lorsqu’on vint les
délivrer le lendemain matin (voy. Holwel). Au
reste, il est prouvé que cet horrible désastre ne
doit être attribué qu’à la négligence des officiers
subalternes du nabab et à leur crainte de réveiller
le prince pour en obtenir un ordre de transférer
les détenus dans un local plus spacieux.
Le 5 janvier 1757, les Anglais ayant repris Calcutta,
après la fuite de la garnison que Seradj-ed-Daulah
y avait laissée, le nabab reparut bientôt
avec son armée ; mais il fut repoussé et forcé
de signer, le 9 février, un traité par lequel il
ratifia les priviléges de la compagnie anglaise, la
maintint dans les districts qu’elle possédait et lui
accorda de nouvelles concessions. Quoique ce
traité eût été confirmé de part et d’autre par les
serments les plus forts, les Anglais le violèrent,
et, sous prétexte que le nabab avait entamé des
négociations avec les Français, leurs ennemis,
ils résolurent de renverser sa puissance et de
donner la nababie du Bengale à Mir-Djafar, qui
avait épousé une sœur d’Allah-Verdy-Khan ; Seradj-ed-Daulah,
trahi par Mir-Djafar, perdit la
bataille de Plassey le 23 juin (voy. Clive). Il s’enfuit
déguisé ; mais il fut découvert et envoyé
garrotté, le 4 juillet 1757, à Mourschad-Abad, où
le fils de son rival l’assassina dans sa prison. Si
le général français Law, dont il avait réclamé le
secours, eût pu arriver vingt-quatre heures plus
tôt, les résultats de la journée de Plassey auraient
été peut-être fort différents. Seradj-ed-Daulah
n’était âgé que de 22 ans. Il lut la première victime
de l’ambition britannique dans l’Inde. Après
lui, trois nababs gouvernèrent titulaire ment le
Bengale, par le choix et sous l’influence des Anglais,
qui, peu d’années après, écartèrent ce
fantôme de souveraineté et demeurèrent maîtres
absolus de cette riche contrée. A-’r.
SERAIN (P1aaaa- Euraova), médecin, né à Saintes en 1748, lit à Paris ses études médicales. Élie de Beaumont, qui avait fondé à Canon la /’ete des bonnes gens (voy. Eux ne Bssuuozvr), appela Serain dans ce pays pour donner des soins gratuits aux pauvres. Serain mourut à Canon, près Croissanville, dans le Calvados, en février 1821. Il était membre correspondant des sociétés d’agriculture de Lyon et de Caen. On a de lui : 1° Instruction pour les personnes qui gardent les malades, 1777, in-8° ; réimprimé à Lausanne en 1788, avec des notes du docteur d’Apples ; puis à Paris en 1790, dans la Bibliothèques physicoSER économique, et encore dans l’Eney¢-lopédie méthodique (Dictionnaire de médecine, t. 7). La huitième édition est de 1803, in-12. 2’ Noucelles Recherches sur la génération des êtres organisés, 1788, in-12 ; 3° Instruction sur la manière de gouverner les abeilles, 1802, in-8° ; 4° Idée d’une grande entreprise relative aux sciences, ans : arts et à l’industrie, qui qfrira au public, ainsi qu’aux personnes qui souhaiteront concourir à ce travail, des avantages extraordinaires, 1817, in-8°. C’est le prospectus d’une encyclopédie qui eût été intitulée Collection instructive, ou Recueil de toutes les vérités théoriques et pratiques. L’auteur appelait tout le monde indistinctement, depuis le savant jusqu’au laboureur, à concourir à son ouvrage, qui devait être divisé en huit sections. Les fonds de l’entreprise devaient se faite par actions et être remboursés à la fin de l’opération ; jusque-là on devait payer les intérêts. 5° Des mémoires dans les journaux de médecine et de physique. A. B-’r.
SERAN DE LA TOUR (l’abbé), littérateur estimable, mais peu connu, né vers le commencement du 18e siècle, a publié, sous le voile de l’anonyme, plusieurs ouvrages de critique et d’histoire ancienne, dont voici les titres : 1° Histoire de Scipion l’Africain, pour servir de suite aux Hommes illustres de Plutarque, avec les observations du chevalier Folard sur la bataille de Zama, Paris, 1732, in-12 ; 2° Histoire d’Epaminondas, Paris, 1739, in-12 ; 3° Histoire de Philippe, roi de Macédoine, père d’Alexandre, Paris, 1740, in-12 ; 4° Amusements de la raison, 1747 et 1748, 2 vol. in-12 ; 5° Mysis et Glaucé, poëme, prétendu traduit du grec, mais réellement composé par l’abbé Seran de la Tour, Genève (Paris), 1748, in-12 ; 6° Histoire de Catilina, Amsterdam (Paris), 1749, in-12 ; 7° Histoire de Mouley-Mahomet, fils de Mouley-Ismaël, roi de Maroc, Genève (Paris), 1749, in-12 ; 8° Parallèle de la conduite des Carthaginois à l’égard des Romains dans la seconde guerre punique, avec la conduite de l’Angleterre à l’égard de la France dans la guerre déclarée par ces deux puissances en 1756, Paris, 1757, in-12 ; 9° l’Art de sentir et de juger en matière de goût, Paris, 1762, 2 vol. in-12 ; réimprimé à Strasbourg, 1790, 1 vol. in-8° ; 10° Histoire du tribunat de Rome, depuis sa création jusqu’à la réunion de sa puissance à celle de l’empereur Auguste, Amsterdam (Paris), 1774, 2 vol. in-8°. L’esprit des différentes histoires de l’abbé Seran est excellent. Elles se distinguent par l’exactitude des faits et des citations, ainsi que par une intelligence rare des ressorts de la politique grecque et romaine. Ses Amusements de la raison obtinrent beaucoup de succès lorsqu’ils parurent (voy. Serent).
SERAO (François), médecin, naquit en 1702, à San-Cipriano, non loin d’Aversa, dans le royaume de Naples. À l’age de douze ans, il fréquenta les écoles des jésuites, que la mort de son père lui fit quitter pour rentrer au sein de sa