Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 4.djvu/14

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l BER des hommes assez hardis pour oser parler encore a le langage de la législation, de la morale et de la nature !.. Non, non, cela ne sera pas ; on ne ment pas ainsi au monde entier ; on ne veut pas être accusé par toute la conscience du genre humain. La a convention remplira la sévère tache qui lui est et imposée, et tous ces spectres plaintifs que je a crois voir siéger à côté de chaque représentant, pour lui reprocher sa politique indulgente ou s sa honteuse faiblesse, rentrer ont consolés et venges dans leurs tombes. » Vadier fut sur-lechamp décrété d’accusation ; et Bergasse, dans les fers, fit ainsi dresser l’échafaud d’un des plus vils complices de Robespierre. Ce fut sous l’influence des impressions produites par ce discours, que l’on décréta la restitution des biens aux familles des condamnés.—Devenu libre sous le directoire, il se fut, comme publiciste, sous le consulat et sous l’empire ; il vécut dans la retraite chez son frère Alexandre, près de Lyon, et ne publia, dans cette période de quatorze ans, qu’un Fragment sur l’in/luence de la volonté sur l’intelligence (1807, in-8° ). La même année il rédigea, sur les notes qui lui furent fournies par le notaire Boileau, un Éloge historique du général d’Hautpoul (in-8° ) ; mais il n’attacha pas son nom à cet éloge. En 1808, il publia des Discours et Fragments, in-8° de 244 pages. C’est le seul volume qu’il ait fait imprimer, tous ses autres écrits n’étant que des brochures. Il contient, outre plusieurs discours déjà cités, des fragments sur la manière dont nous distinguons le bien et le mal ; sur la liberté des mœurs et des manières ; sur la parole et sur les athées ; sur Dieu ; sur l’éducation ; sur la vie champêtre. Ces fragments sont annoncés comme appartenant à un grand ouvrage dont l’auteur avait jeté les fondements à l’époque de notre révolution, et auquel, disait-il, des obstacles de plus d’un genre ne lui avaient pas permis de mettre encore la dernière main. En 1808, parurent aussi ses Observations préliminaires dans l’affaire de M. Lemercier, in-t°. Dans une fête donnée à l’hôtel de ville, madame Leme1·eier, à qui Napoléon avait adressé la parole, sembla affecter de ne lui donner que le titre de Monsieur. L’empereur lui tourna le dos : Quelle est cette femme ? demanda-t-il. — Sire, c’est la femme d’u-n fournisseur des années sous le directoire.-Ou’on examine ses comptes. Et les comptes furent si bien examinés, que le fournisseur crut avoir besoin de recourir à Bergasse pour prévenir sa ruine, qu’il ne put éviter. — Enfin, la restauration, si impatiemment attendue par Bergasse, arriva. Il se hâta de publier une petite brochure de 16 pages sous le titre de Réflexions sur l’acte constitutionnel du sénat. Cet écrit, plein de force et de raison, fournira quelques pages à l’histoire. Bergasse juge le sénat comme le jugera la postérité. On essaya de le réfuter ; mais on attaqua l’auteur et on ne lui répondit pas. Il eut, en 1811, de fréquentes entrevues avec l’empereur1· Alexandre chez madame de Krudner. Ce prince-lui accorde bientôt une grande estime ; il le consultait, il l’écoutait, le faisait asseoir à côté de lui : Mettezvous de ce côté, disait-il, c’est ma bonne oreille (il IVG

BER 9 était un peu so1u-d de l’autre). Bergasse influa sur l’entrée au ministère du duc de Richelieu, de Dubouchage et du marquis de Vaublanc. Il fut moins heureux quaml, réuni à la baronne de Krudner et à la duchesse de Polignac, il sollicita la grâce du maréchal Ney. Le duc de Richelieu, venant de prendre congé dktlexandre quand il partit pour retourner dans ses États, écrivit à Bergasse : tt Monsieur, S. M. l’empereur de Russie m’a beaucoup parlé de vous, et d’une manière qui me fait désirer vivement avoir le plaisir de vous connaître, etc. » — Bergasse devint bientôt comme l’avocat consultant de la restauration. En 1816, il publia une Défense de la Monarchie selon la Charte, ouvrage de M. Chateaubriand. C’est un petit écrit de 8 pages, dont la 5° édition parut en février 1820, sons ce tit1·e : Vues politiques arrachées ti un homme d’E’tat, augmentées d’une note et d’une lettre par M. Bergasse. En 1817 parut son Essai sur la loi, sur la souveraineté et sur la liberté de la presse. La 5° édition, qui est de 1822, est augmentée d’une Lettre sur lïndivisibilité du pouvoir législatif, in-8° de 126 p. M. de Chateaubriand écrivait à Bergasse le 6 août 1818 : «Nous avons grand besoin, monsieur, de vos a talents et se votre courage. Venez à notre secours. Les plus infâmes calomniateurs, les plus lâches et les plus pervers des hommes triomphent. Prenez. a votre plume, écrasez ces malheureux de toute l’éloquence de la vérité. Je suis resté seul sur le champ de bataille ; mais auprès de vous je me ranimerai. Vous devez aux hommes compte du génie que le ciel vous a donné. Vous vous repentiriez toute votre vie, si nous périssons, de n’avoir pas essayé de nous sauver. Je suis avec vérité votre plus dévoué serviteur et admirateur. Ds Crtsrnsunntsnn (1). » - Bergasse continuait de correspondre avec l’empereur Alexandre, qui lui écrivit de Pétersbourg, le 23 décembre 1819 : tt J’ai reçu, monsieur, votre lettre du 29 mai, durant mon et voyage dans l’intérieur de la Russie et en Pologne. En vous répondant maintenant, je me plais à vous témoigner la satisfaction que j’ai éprouvée it a lire les observations que votre grande expérience des hommes et des choses humaines vous suggère... a S’il est du devoir d’un citoyen dévoué aux intérêts légitimes de sa patrie de signaler le mal, il n’est pas toutefois en son pouvoir d’en indiquer et les remèdes, surtout lorsqu’il s’agit de trouver dans e leur application le salut du monde : il est entre les mains de Dieu (suivent des réflexions politiques sur la situation de l’Europe). Je vous saurai gré, monsieur, de la continuation de votre correspondance ; j’y attache un prix réel. Agréez l’assurance de mon estime. Annxsnons. » En 1821, Bergasse fit imprimer un Essai sur le rapport qui doit exister entre la loi religieuse et les lois politiques, in-8° de 12 pages. C’est un discours que l’auteur prouonça a la société des bonnes lettres. Le comte Achille de Joutfroy mandait à Bergasse, de Laybach, 25 avril (t)1’ontes les lettres citées dans set article ont été coptéesrnr l’auteur sur les originaux. S