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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 4.djvu/145

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A40 BER et vous possédez injustement ? — Le pape, me direz vous, m’a donné la croix de sa main et je vais en a Palestine pour des âmes dont le salut m’est confié. «. Allez donc avec cette croix ; mais eussiez-vous celles a sur lesquelles St. Pierre et St. André sont morts ; eussiez-vous écrasé tous les infidèles, et reconquis la terre sainte ; eussiez-vous eu, après votre mort, a le bonheur d’être placé dans le tombeau de Jésusen Christ, ayant toutes vos croix et celle de votre rédempteur même sur la poitrine ; eussiez-vous Jésus-Christ àvotre tète, la Ste-Vierge a vos pieds, tous les a anges à votre droite et tous les saints à la gauche ; n et cela empêcherait-il le démon de venir, au moment de votre trépas, vous arracher l’àme du corps et " la trainer avec lui au fond des enfers, pour la punir et des injustices que’vous avez commises ? » — L’idiome dans lequel Berthold exprimait ses pensées, fortes, hardies, est celui de Mirmesinger, antique dialecte qui est à la langue allemande d’aujourd’hui ce que les chants de nos troubadours sont à la langue hançaise du 19e siècle. Le manuscrit dont Kling s’est servi appartient à cette bibliothèque Palatine qui, après avoir été transportée à Rome, est revenue à Heidelberg. La princesse Elisabeth le fit transcrire en 1570 ; la beauté du parchemin et la richesse des caractère attestent le soin que l’on a donné à cette copie. Kling, ne sachant comment son travail serait reçu, n’a publié qu’un tiers des sermons contenus dans le manuscrit. On espère que cette publication sera continuée, d’autant plus que la bibliothèque de Heidelberg possède encore un aut1·e manuscrit de Berthold. Fabricius, dans sa Bibi. lat. med. œtat., et d’autres bibliographes parlent de Sermones de tempore et de sanctis, et de Sermones rusticani de Berthold, que l’on trouve dans quelques bibliothèques d’Allemagne. Peut- être sont-ce des discours qu’il adressait aux religieux instruits dans la langue latine ; mais, en parlant au peuple, il se servait certainement de l’ancien dialecte teuton, alors en usage dans les contrées où il faisait ses missions. On pense que St. Bernard, l’orateur sacré qui a le plus de rapport avec Berthold, a préché, non-seulement en latin, mais aussi dans l’idiome en usage en France au milieu du 12e siècle. Il est à désirer que l’on retrouve les sermons de l’orateur français, comme on a découvert ceux du vieux prédicateur allemand. La comparaison entre les deux pourrait offrir des résultats curieux et utiles pour l’histoire des deux langues, celle du moyen âge et de ses mœurs. G-v.

BERTHOLD SCHWARTZ, ou LB NOIR. Voyez Scuwsarz.

BERTHOLDE. Voyez Bsxrronnns.

BERTHOLET (JEAN), jésuite, né à Salm, dans le duché de Luxembourg, mort à Liège en 1755, a laissé : l• Histoire de Pinrtitution de la Féte-Dieu, 1746, in-4o. 2°* Histoire ecclésiastique et civile du duché de Luxembourg et du comté de Chini, Luxembourg, 17·i5, 8 vol. in-4o, ce ouvrage peu estimé, dit si la Bibliothèque hist. de la France. La partie la a plus intéressante est le recueil des pièces justificatives pour servir de preuves. » — et L’auteur, édit M. Dewez, a entassé sans goût comme sans

BER ei méthode tous les miracles ridicules dont sont remplies les vieilles légendes... » 5° L’Ancienne tradition d’Arlon (sur Arlon, ville du Luxembourg) injustement attaquée, Luxembourg, 1744, in-8o. A. B-·r.

BERTHOLET-FLEMAEL, peintre, naquit à Liège, en 1614, dans une condition misérable. Pour l’y soustraire, ses parents avaient d’abord eu l’intention d’en faire un musicien ; mais, quoiqu’il fit de rapides progrès dans cet art, il témoigna un penchant si fort pour la peinture qu’ils lui permirent de la cultiver. Deux artistes peu cormus, dont l’un cependant arrivait de Rome, lui donnèrent des leçons. Il en profita bientôt assez pour être en état de tirer parti de son talent. Il voyagea à l’âge de vingt—quatre ans et parcourut l’Italie ; Rome surtout et les chefs-d’œuvrc qu’elle renferme fixèrent son attention ; et, quoique ses talents lui eussent ouvert plusieurs maisons où il trouvait de nombreux sujets de dissipation, il sut, par un bonheur très-rare, accorder l’étude et les plaisirs. Sa réputation s’étendit, et, malgré la prévention des Italiens contre tout talent ultramontain, on lui rendit justice, tant à Rome qu’à Flo1·ence, où le grand-duc l’appela, lui confia plusieurs travaux, et le récompensa magnifiquement. De Florence, il alla ti Paris, où son talent plut surtout au chancelier Séguier. Il peignit plusieurs tableaux, et entre autres le Prophète Élie enlevé au ciel sur un char de feu, à la coupole des Carmes déchaussés ; une Adoration des rois, aux y l grands Augustins ; un plafond, aux Tuileries, etc., Malgré les instances qu’on lui faisait pour le retenir à Paris, Bertholet-Flemaél sentit le désir de revoir sa patrie, dont il était absent depuis neuf ans. Il y revint vers la fin de 1647, et y exécuta un Crueifiement en petit, composé d’un très-grand nombre de figures. La ville de Liége ayant, il cette époque, été menacée d’un siège, Bertholet se retira à Bruxelles, où il peignit, pour le roi de Suède, la Pénitence d’Ezéchias. Quand la tranquillité fut rétablie à Liège, Bertholet y, revint, et, entre autres ouvrages, y composa une Epiphanie, que l’on regarde comme un morceau capital. Il retourna ensuite en France, où il fut reçu à l’académie de peinture et nommé professeur. Cette fois encore on fit pour le retenir des ef’f’orts inutiles 2 il retourna dans les Pays-Bas, où le grand nombre de ses ouvrages et les prix élevés qu’il en retirait le mirent en état de faire bâtir, à, St-Remi, sur les bords de la Meuse, une maison n qui lui coûta plus de 50,000 florins. Voué au célibat h par goût, il embrassa alors l’état ecclésiastique. A Quoiqu’il ne sût pas le latin, il fut reçu chanoine de la cathédrale de St-Paul, et obtint, pour être tonsuré, une dispense du pape. Tout à coup cet artiste, dont le caractère avait toujours été très-gai, et qui se trouvait dans une situation si heureuse, tomba dans une profonde mélancolie ; la peinture même n’eut plus de charmes pour lui, et il mourut bientôt, à 60 ans, en 1675. Cette singularité dans sa p conduite a été expliquée de deux manières. On dit que la marquise de Brinvilliers, alors réfugiée à Liége, exerça sur Bertholet-I·’lemaël, avec qui elle,