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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 40.djvu/584

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ville de Lyon, à Henri II et à Catherine de Médicis, réception dont le récit, imprimé la même année, se trouve dans les Mémoires de l’histoire de Lyon, par Guillaume Paradin, p. 320-351. Taillemont est auteur de deux ouvrages, dont les exemplaires, devenus extrêmement rares, ne se trouvent plus que dans le cabinet des bibliophiles. Le premier a pour titre : la Tricarite, Lyon. 1536, in-8° ; le second est intitulé Discours des champs faez, Lyon, 1553, petit in-8°. On en cite quatre réimpressions, y compris celle de Paris, 1557, aussi petit in-8°. L’abbé Goujet, t. 11, p. 454, de la Bibliothèque française, et Breghot du Lut, p. 115 de ses Nouveaux mélanges, sont entrés dans quelques détails sur ces deux ouvrages, dont l’orthographe bizarre a beaucoup d’analogie avec celle de Loys Meigret, son compatriote (nous y renvoyons le lecteur). On ignore la date de la mort de Taillemont, qui paraît avoir fui de Lyon, ainsi que Maurice Scève, pendant les troubles dont cette ville fut le théâtre durant la seconde période du 16e siècle.


TAILLEPIED (Noël), historien normand, né vers 1540, dans le diocèse de Rouen, prit jeune l’habit de cordelier, se fit recevoir docteur en théologie à la faculté de Paris et professa plusieurs années cette science à Pontoise et dans d’autres maisons de son ordre. Désirant mener une vie plus parfaite, il passa dans l’ordre des Capucins et mourut, en 1589, à Angers, où ses confrères venaient d’être reçus. Comme leur église n’était pas achevée, il fut inhumé dans la chapelle dite du St-Esprit, sous les murs de cette ville. C’était un homme savant et laborieux, mais crédule. Outre quelques livres théologiques, cités par nos anciens bibliothécaires Lacroix du Maine et Duverdier, mais qui ne peuvent plus offrir aucun intérêt (voy. Bunderen), on a de lui : 1° les Vies de Luther, de Carlostadt (André Bodestein) et de P. Martyr, Paris, 1577, in-8°. La vie de Luther a été réimprimée avec celles de Calvin et de Th. de Bèze, par Jérôme Bolsec, sous ce titre : Histoire des vies, mœurs, actes et morts des trois principaux hérétiques de notre temps, Douai, 1616, in 12, rare[1], 2° Commentarii in Threnos, sive lamentationes Hieremiæ prophetæ, ibid., 1582, in-8°, cité par Vogt, Cat. libror. rarior. ; 3° Abréqé de la philosophie d’Aristote, 1583, in-8° ; 4° Histoire de l’état et république des druides, Eubages, Sarouides, Bardes, Vacies, anciens Français, gouverneurs du pays des Gaules, depuis le déluge jusqu’à Jésus-Christ, ibid., 1585, in-8°, livre plein de fables et d’idées singulières, mais qui n’en est pas moins recherché des curieux. On en trouve l’analyse dans la Bibliothèque historique de France, t. 1er, n°3813. J.-Georg. Frick en a donné un extrait dans le commentar. de Druidis occidental. Popular. philosophis, 2e part. (voy. Frick). 5° Recueil des antiquités et singularités de la ville de Rouen. Rouen, 1587, in-8°, rare. Il y a des exemplaires avec un nouveau frontispice de 1610. 6° L’Antiquité de Pontoise, ibid., 1587, in-8° ; 7° Traité de l’apparition des esprits, à sa voir des âmes séparées, fantômes, etc., in-12, souvent réimprimé dans les premières années du 17e siècle. L’édition que préfèrent les curieux est celle de 1602, in-12, Paris. Cet ouvrage, dit Lenglet-Dufresnoy, n’a pas laissé d’avoir quelque cours. Voyez la table des auteurs, à la suite de son Recueil de dissertations sur les apparitions.


TAILLEVANT ou TAILLEVENT, personnage qualifié de à grand cuisinier du roy de France », est l’auteur du premier livre de cuisine qui ait été écrit en français. La plus ancienne édition datée que l’on connaisse de ce livre fut imprimée en 1515 ; mais il en existe plusieurs, sans date, qui parurent de 1490 à 1500, et l’ouvrage fut plusieurs fois réimprimé dans le courant du 16e siècle, et même en 1604. Les éditions les plus anciennes, devenues d’une rareté extrême, sont très-recherchées des bibliophiles, et elles se payent des prix excessifs. Elles sont décrites avec détail dans le Manuel du libraire de M. J.-C. Brunet. Il existe d’ailleurs à la bibliothèque de Paris et à la bibliothèque Mazarine des manuscrits différents entre eux, mais beaucoup plus complets que les imprimés. On a tout lieu de croire que Taillevant fut cuisinier de Charles V, et qu’il existait vers l’an 1380. C’est à lui sans doute que doit s’appliquer une pièce conservée au Trésor des chartes, et qui atteste qu’en 1362, le duc de Normandie donna à Guillaume Tirel, dit Taillevant, son queux (cuisinier, coquus), la somme de cent francs d’or pour ses bons et agréables services, et pour qu’il achetât une maison en la ville de Paris afin d’être plus près a servir le duc. Quant aux préceptes sur l’art culinaire rédigés par Taillevant, ils n’ont aujourd’hui d’intérêt que comme témoignages relatifs aux usages du 14e siècle : ils prouvent d’ailleurs que, dès cette époque, la science de la gueule (nous employons l’expression de Montaigne) avait fait des progrès réels. Renvoyons, pour plus amples détails, à l’Analecta biblion de M. du Roure, t. 1er, p. 167, et à une notice de M. Jérôme Pichon. dans le Bulletin du bibliophile, 1843, p. 253.

Z.


TAISAND (Pierre), jurisconsulte, né à Dijon le 7 janvier 1644, était fils d’un conseiller au bailliage de cette ville et parent de Bossuet. Après avoir fait ses études avec succès au collége des jésuites à Pont-à-Mousson, il alla faire son cours de droit à Toulouse et prit ensuite ses degrés à l’université d’Orléans. Il se plaça bientôt au premier rang des jeunes avocats qui fréquentaient le barreau de Dijon. Plusieurs de ses plaidoyers furent insérés dans les journaux du palais. Dans un voyage qu’il lit, en 1673, à Paris, il reçut des témoignages particuliers de l’estime du pre-

  1. C’est par erreur que dans les notes sur la Bibl. de Lacroix du Maine, Rigoley de Juvigny attribue à Taillepied la Vie de Th. de Bèze ; elle est de Bolsec