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à l’an 1512, et ce fut sans doute l’époque de sa mort. Un passage du privilège du troisième volume des Chroniques de St-Denys. Publiées en 1511, par le libraire Guillaume Eustace, établit qu’il n’existait plus en août 1514. Il eut pour successeurs Barthélemy Vérard, et plus tard Antoine Vérard, mais ils bornèrent leurs publications à quelques volumes. Parmi les ouvrages qui portent le nom et l’adresse de Vérard, nous mentionnerons les Grandes Chroniques de france, dites Chroniques de St-Denys, 1493, 3 vol. in-fol. ; le Mystère de la Passion, joué à Paris dernièrement, 1490 ; — le Mystère de la Résurrection de Nostre Seigneur, composé par maistre Jehan Michel, et ioue à Angiers triomphalement ; — Lomme pecheur, par personnages, ioué en la ville de Tours, vers 1494 — le roman et les prophécies de Merlin, 1498, 3 vol. in-fol. ; — Lancelot du lac, 1494, il vol. in-bI. ;—Gyron le courtois ;— Tristan, /ils du noble roy Meliadus de Leonnois, M86, in-fol. ; — Ogier le Danoys, qui fut l’un des douze pers de France ; — Milles et Amys. Tous ces volumes, lorsqu’il s’en présente de beaux exemplaires dans les ventes publiques, se payent fort cher ; il en est qui ont été adjugés à mille francs et plus. Vérard a fait tirer d’un grand nombre de ses éditions des exemplaires de choix. sur peau vélin, souvent ornés de miniatures ; ces exemplaires très-précieux, offerts à des rois, sont, pour la plupart. conservés à la bibliothèque de Paris. Un laborieux érudit, M. Francisque-ML chel, a réuni depuis longtemps des matériaux pour écrire l’histoire de la vie et des travaux de Yérard, mais ses recherches sont encore restées inédites. Un écrivain de mérite, M. Jules Renouvier (nog. ce nom), a publié, en 1859, une curieuse notice sur les gravures en bois dans les livres d’Antoine Vérard. Elles sont parfois assez négligées et moins satisfaisantes que celles qui décorent les publications de quelques autres éditeurs parisiens de cette époque. Les Heures, que multipliait alors la typographie, n’offrent généralement dans les volumes portant le nom de Vérard que des figures médiocres, des bordures

lourdement tracées et sans variété.

B—n—t.


VERAU (Augustin, dominicain, natif de l’île Ténériffe, et lecteur de philosophie au couvent des bénédictins d’Orotara, était un des humanistes les plus habiles de son temps. Aux îles Canaries, on le surnommait le Grec, à cause de la connaissance profonde qu’il avait de cette langue. En se faisant dominicain (1768), il changea son nom de Dominique en celui d’Augustin, sous lequel il est connu. Il se distingua particulièrement par le zèle qu’il mit à améliorer les méthodes d’enseignement, et introduisit dans les cours de philosophie une logique et une physique raisonnables, soutint des thèses sur le système de Copernic, et fit plusieurs expériences sur la pesanteur et l’élasticité de l’air. Dans ses dernières années, il devint fou. On a de lui, entre autres ouvrages, tant de grammaire que de poésie : 1° une grammaire latine (El arte pequeñio de grammatica latina), · 2° une prosodie latine (Arte metrica o poetica latina) ; 3° le Cicerone espagnol et latin (Nomenclator castellano y latino) ;

4° l’Alectoro-machiae (Alectoro-machia), poëme héroi-comique latin, composé à Ciudad de Laguna. en 1758. Il existe encore de lui beaucoup de poésies latines manuscrites, estimées des auteurs qui les ont connues. Aug. Verau imite le style d’Ovide et a beaucoup de sa facilité et de son esprit.

P—ot.


VERAZZANI ou VERAZZANO (Jean), navigateur florentin, né, vers la fin du 15e siècle, d’une famille noble, fut employé par François Ier à faire de nouvelles découvertes dans la partie septentrionale de l’Amérique. Les auteurs varient sur la date de son départ ; mais on voit, par une lettre qu’il écrivit au monarque français, qu’il était en mer avant le mois de juillet de l’année 1524, puisque, le 8 de ce mois, il avait déjà essuyé une tempête qui l’avait obligé de relâcher dans un port de Bretagne ; et en effet, le 17 janvier de la même année. il était parti, avec la frégate la Dauphine qu’il commandait, d’un roc désert sous lequel il avait jeté l’ancre proche de Madère. Après avoir essuyé une grande tempête, il aborda sur les côtes de quelques parties de l’Amérique septentrionale ; il les parcourut depuis le 30° degré de latitude jusqu’à Terre-Neuve, et eut même connaissance de la Nouvelle-France. Les plantes, les hommes et les animaux lui offrirent des beautés inconnues. Sa lettre renferme une description assez curieuse des sauvages qu’il trouva dans ces contrées. Ses découvertes pouvaient même passer pour très-importantes alors, puisqu’il visita plus de sept cents lieues de côtes. Les sentiments sont partagés sur la fin de cet homme habile et courageux. Les uns le font tomber au pouvoir de quelques sauvages cruels, qui le mirent à mort avec plusieurs de ses compagnons, et firent rôtir leurs cadavres pour les manger. D’autres. avec moins de vraisemblance, le font mener prisonnier à Madrid, où, selon eux, il fut pendu. On conserve à Florence, dans la bibliothèque de Strozzi, une description cosmographique des côtes et de toutes les contrées que Verazzani avait parcourues, et l’on y voit qu’il avait cherché un passage par le nord pour arriver aux Indes orientales. La relation de son

voyage, qu’il avait envoyée au roi de France, se trouve dans la collection de Ramusio et dans l’Histoire générale des voyages (voy. Cartier et Lescabot).

M—le.


VERBEECQ (Philippe), peintre et graveur à l’eau-forte dans le goût grignoté, naquit en Hollande, vers 1599. Ses ouvrages comme peintre sont pour ainsi dire inconnus. Il n’en est pas de même de ses gravures : comme il les exécutait dans un goût qui approchait de celui de Rembrandt, beaucoup d’amateurs ont rangé ses pro-