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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 43.djvu/380

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d’Antioche, trois évêques, députés du patriarche de Jérusalem, et en tout cent cinquante et un évêques, au nombre desquels il y avait seulement cinq Africains ; ces cinq évêques étaient les seuls qui représentassent les Églises d’Occident ; et c’étaient, dit Fleury, les plus ignorants et les plus intéressés que le gouverneur d’Afrique avait pu choisir pour soutenir le parti de la cour. Ce fut néanmoins dans la troisième conférence que les évêques déclarèrent qu’ils soutenaient la foi des quatre conciles généraux, notamment de celui de Chalcédoine, et condamnaient tout ce qui pouvait lui être contraire. Dans la quatrième, on s’occupa enfin d’examiner la question des trois chapitres. Cependant, le pape, qui prévoyait avec chagrin les troubles qui allaient s’élever de la composition irrégulière et incomplète de ce concile, et de la mauvaise disposition des esprits, refusait obstinément d’assister aux conférences ; mais fidèle à la promesse qu’il avait faite de donner son avis isolément, il dressa un acte qu’il appela constitutum, et qui, à beaucoup d’égards, rappelait les décisions du judicatum, qu’il avait retiré. Il y examine les écrits de Théodore de Mopsueste, et sans dissimuler le mauvais sens qu’on peut leur donner, il les condamne avec anathème, en ajoutant toutefois des motifs pour s’empêcher de condamner la personne ; et l’un de ces motifs était qu’on ne devait pas mettre un mort en jugement. À l’égard de Théodoret, il s’étonne qu’on veuille condamner un écrivain qui, s’étant présenté, il y avait plus de cent ans, dans le concile de Chalcédoine, avait explicitement anathématisé Nestorius. Il observe que les erreurs qui déshonorent les écrits de Théodoret ont passé, même aux yeux du concile, pour y avoir été probablement insérées par ses ennemis ; et il les condamne de quelque part qu’elles puissent venir. Pour ce qui regarde le texte d’Ibas, Vigile rappelle que le concile de Chalcédoine n’y trouva de répréhensible que les injures adressées à St-Cyrille, qu’Ibas les rétracta, et que le concile en conséquence le reconnut comme orthodoxe. Vigile conclut à la confirmation entière du jugement du concile. Sa décision fut souscrite par seize évêques et trois diacres, entre lesquels on remarque Pélage, son successeur. « Elle n’eut a aucun effet, dit Fleury, quelque sage que paraisse la tempérament que le pape y avait pris, de condamner les erreurs, en épargnant les personnes. › Le concile de Constantinople continuait toujours. D’accord sur le fond de la doctrine avec les principes de Vigile, il condamna les erreurs contenues dans les écrits ; mais il montra la plus grande sévérité contre les écrivains. Il trancha la difficulté qui s’élevait sur le point de savoir si on pouvait juger les morts ; il n’examina point si les écrits n’étaient pas altérés ou faussement imputés à ces écrivains par leurs propres ennemis. Il prononça avec affectation les anathèmes contre Théodore de Mopsueste, ainsi que contre Théodoret et contre Ibas ; mais il renouvela l’expression de son respect et de son attachement à la doctrine des quatre grands conciles précédents, dont celui de Chalcédoine était le dernier. Cette décision fut souscrite par soixante-cinq évêques. Vigile, qui n’avait point assisté aux conférences du concile, ne tarda pas néanmoins à déclarer publiquement qu’il adhérait a sa décision, voulant éviter par là de donner le scandale d’une funeste division, et se contentant sans doute d’avoir, par sa persévérance, par sa fermeté, et par les persécutions les plus atroces, arraché à ses adversaires une profession solennelle de foi et d’attachement au concile de Chalcédoine. C’est sous ce dernier rapport que l’Église a reconnu constamment ce cinquième concile de Constantinople comme œcuménique ; car, ainsi que l’observe Fleury, on peut dire que ce concile jugea par défaut ; en effet, les écrivains accusés n’y furent point défendus par la voix de leurs défenseurs, et il ne parait pas qu’on y ait recueilli les votes en particulier ; d’où l’on peut conclure qu’un concile général n’est pas infaillible sur des faits particuliers, quoiqu’il le soit irrévocablement sur le dogme (voy. la Dissertation de l’abbé Racine, dans son Abrégé de l’Histoire ecclésiastique, t. 2, dans les additions et l’ouvrage du cardinal de la Luzerne sur la déclaration du clergé de France, au sujet des quatre articles de 1682) ; aussi, la dispute sur ces trois chapitres dura-t-elle plus de cent ans encore, même parmi les catholiques, et s’éteignit plutôt par lassitude des esprits que par la persuasion des cœurs.

Quant à Vigile, malgré son intrusion criminelle au saint-siège, malgré le traité simoniaque qui lui a été imputé, et dont nous avons de fortes raisons de douter, on peut dire qu’il rendit un grand service à la religion, en défendant avec tant de courage la sainteté de l’un des plus célèbres conciles, et la mémoire d’un des plus grands papes. Après son adhésion aux conférences de Constantinople, conçue dans les termes les plus humbles, il se mit en route pour retourner en Italie ; mais il mourut à Syracuse, le 15 janvier 555, après seize ans et sept mois de pontiñcat. Il eut pour successeur Pélage Ier.

D-s.


VIGILE, évêque de Tapse, en Afrique, fut enveloppé dans la persécution d’Himeric, roi des Vandales, vers l’an 484. Il composa plusieurs ouvrages contre les ariens, les nestoriens et les cutychéens ; mais comme il en publia la plupart sous le nom des Pères de l’Église qui avaient vécu avant lui, soit qu’il voulut par là se soustraire à la persécution, soit qu’il crut leur donner plus de poids, à la faveur de ces noms illustres, on fut embarrassé après sa mort pour distinguer les écrits qui étaient véritablement de lui ; et les efforts des critiques modernes n’ÿ ont pas encore dissipé tous les doutes sur l’authenticité de ceux qu’ils lui attribuent. Il donna, sous le mon de St-Athanase, douze livres de la Trinité, en