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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 43.djvu/389

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église de St-André dans le voisinage. Le cardinal Farnèse lui confia la direction de la maison professe des jésuites, monument d’une grande importance, et les fondements furent jetés en 1568. La mort empêcha Vignole de l’élever plus haut que la corniche ; ce fut Jacques de la Porte qui l’acheva en 1576 ; mais ces édifices et beaucoup d’autres, qui furent faits par Barozzio dans une grande partie de l’Italie, ne peuvent se comparer au palais de Caprarola, que l’on doit regarder comme son chef-d’œuvre. Ce fut le cardinal Alexandre Farnèse qui l’en chargea, et ce magnifique édifice fut élevé sur le sommet d’une colline environnée de précipices. Rien de mieux entendu que son ensemble et le détail de toutes ses parties. La forme générale est celle d’un pentagone qui, flanqué dans le bas de cinq bastions, semblerait donner à l’édifice l’apparence d’une forteresse. De ce mélange d’architecture militaire et civile résulte un caractère particulier de force et de grandeur. Une sorte d’étage en talus sert comme de fondation au véritable soubassement, orné de refends et de fenêtres, et où la porte se trouve comprise. C’est au-dessus que s’élève le vrai corps du palais, décoré de deux ordres. L’intérieur est un ionique formant des portiques et au-dessus s’élève un ordre de pilastres corinthiens avec un double rang de fenêtres. Lintérieur de la cour est à deux étages sur un plan circulaire. L’étage supérieur se termine par une terrasse qui circule tout a l’entour. La réputation du château de Caprarola fut prodigieuse. Daniel Barbaio voulut se convaincre par lui-même de tout ce qu’on en disait, et lorsqu’il l’eut vu, il avoua que sa renommée était encore au-dessous de son mérite :

Imo magnopere vicit præsentia famem.

Sur l’immense réputation que lui fit cet édifice, Philippe II, roi d’Espagne, voulut attirer Vignole à son service ; mais l’architecte motiva son refus sur son grand âge et sur les travaux de l’église de St-Pièrre, dont il venait d’être chargé après la mort de Michel-Ange. Il donna les dessins du célèbre palais de l’Escurial et l’emporta, dans cette occasion, sur vingt-deux autres architectes les plus célèbres de son temps qui concoururent avec lui ; cependant il ne voulut pas se rendre en Espagne pour les faire exécuter. Vignole fut encore chargé d’une mission honorable et qui parait étrangère à ses talents, mais que lui valut sa réputation de probité : il s’agissait de régler les limites des États de Grégoire XIII et du grand-duc de Toscane, près de la ville de Castello. Vignole s’acquitta parfaitement de cette mission, et à son retour le pape lui en témoigna sa satisfaction. Ce grand artiste devait se rendre à Caprarola ; la fièvre le surprit dans la nuit même et l’enleva le septième jour de sa 66e année, en 1573. Il fut enterré en grande pompe au Panthéon. Vignole est le premier qui ait fixé pour ainsi dire les règles du goût en architecture ; il en a posé les bases avec une justesse et une harmonie dans les proportions, avec une pureté dans les détails qu’aucun architecte n’avait aussi bien réunies avant lui et dont aucun n’a osé s’écarter depuis. Le principe de ce beau réel qu’on admire dans ses ouvrages est fondé singulièrement sur cette méthode qu’il a indiquée de donner aux principales parties de l’ordonnance le double, le tiers ou le quart des hauteurs totales. Ces principes ont été scrupuleusement suivis par ans les élèves qu’il s’est spécialement occupé d’instruire, et ses ouvrages seront immortels parce qu’ils seront toujours la base des premières études de l’architecture. Blondel a parlé de lui comme de l’un des plus grands maîtres parmi les modernes, et il a rapporté son sentiment comme le meilleur guide sur chacun des ordres et sur les moyens de les mettre plus facilement en œuvre. Daviler a donné un cours d’architecture qui comprend ces ordres de Vignole, avec la description de ses plus beaux monuments, et une notice sur sa vie. Daviler n’en fait pas de moindres éloges dans son nouveau traité d’architecture. On peut consulter, pour plus de détails, la Vie de Vignole qui se trouve en tête du Cours d’architecture publié à Paris en 1738. grand in-4°, par l’imprimeur Mariette. Ch. Normand, architecte, a donné en 1827 le Vignole des architectes et des élèves en architecture, ou Nouvelle traduction des règles des cinq ordres d’architecture, Paris, in-4°, avec 42 planches. Il avait publié précédemment le Vignole des ouvriers. Q. Q.


VIGNOLES. Voyez Desvignoles et Lahire.


VIGNOLI (Jean), archéologue et numismate, était né vers 1680, à Petigliano, ville de Toscane, sur les confins de l’État romain. Après avoir terminé ses cours de philosophie et de théologie, il prit l’habit ecclésiastique, et consacra ses loisirs a l’étude approfondie des médailles et des monuments antiques. Philippe Colonne, connétable du royaume de Naples, l’ayant choisi pour secrétaire, lui facilita les moyens de satisfaire ses goûts studieux, et de perfectionner ses connaissances. Quelques opuscules pleins de recherches et d’érudition ne tardèrent pas à le placer au rang des plus savants antiquaires de l’ltalie. En 1720, à la mort de Zaccagni (voy. ce nom), il lui succéda dans la charge de bibliothécaire du Vatican. Les devoirs de cet emploi et une correspondance suivie avec les plus célèbres numismates de l’Europe partagèrent dès lors tous ses instants. Il trouva cependant le loisir de préparer une édition des Vies des papes, par Anastase (voy. ce nom). Il se disposait à publier un supplément à cet ouvrage, contenant variantes tirées d’un manuscrit de Lucques, des notes explicatives et des additions, quand il fut atteint d’une maladie mortelle. Ne se dissimulant pas le danger de son état, il remit tous ses papiers à son neveu Ugo-