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fortune. Bureaux de Pusy exécute alors le projet qu’il avait formé depuis longtemps de passer en Amérique. Il fut parfaitement accueilli à Philadelphie, et le congrès le chargea de faire un plan de défense pour la côte de New-York. Ce travail, soumis à l’examen des hommes de l’art les plus éclairés, a reçu leur approbation ; mais les circonstances n’ont pas encore permis de l’exécuter. Rappelé en France par le premier consul, après le 18 brumaire Bureaux de Pusy fut successivement nommé préfet à Moulins, à Lyon et à Gènes. Dans le peu de temps qu’il occupa cette dernière place, il sut se concilier les esprits, éteindre les divisions, étouffer les haines. Il commença des réformes utiles, et il en préparait d’autres, lorsqu’il fut atteint d’une fièvre maligne, qui l’enleva le 2 février 1806. M. Guerre a publié : Éloge historique de J.-X. Bureaux de Pusy, 1807, in-8° ; on y apprend qu’il a laissé des mémoires sur les événements de la révolution, dont il avait été le témoin.


BURETTE (Pierre-Jean), naquit à Paris, le 21 novembre 1665. Son père, Claude, originaire de Nuits, devait le jour à un habile chirurgien ; mais il fut obligé d’abandonner la médecine et de quitter son pays, pour chercher une ressource dans l’état de musicien. Il avait pour la harpe un talent supérieur, et l’on possède de lui plusieurs pièces manuscrites. Le jeune Burette eut une enfance si valétudinaire, qu’on n’osa ni l’envoyer au collège, ni le fatiguer par des études sérieuses. Son père se contenta de lui apprendre la musique, dans laquelle il fit des progrès si rapides, qu'à l’age de huit ans, il parut à la cour de Louis XIV, touchant une petite épinette, que Claude accompagnait de sa harpe. À dix ans, il donnait des leçons de clavecin, et bientôt le père et le fils furent tellement en vogue, qu’ils ne pouvaient suffire au nombre de leurs écoliers. Les succès de Burette dans la musique ne purent néanmoins étouffer le goût dominant qu’il avait pour les lettres : il employait à acheter des livres une partie du produit de ses leçons. Deux ecclésiastiques, amis de sa famille, lui enseignèrent le latin ; ensuite, seul, et sans autre secours que la méthode de Lancelot, il parvint à se rendre familière la langue grecque, tant il mit d’application et d’assiduité dans son travail. Plus son esprit se développait, plus la sphère de ses connaissances si agrandissait, et moins la profession de musicien lui présentait une perspective agréable. Enfin, à force de prières, il obtint de ses parents la permission de quitter un état qui ne pouvait plus lui convenir, et d’embrasser la médecine. Mais, pour parvenir être membre de la faculté, il fallait d’abord faire un cours de philosophie, ensuite prendre ses degrés. Voilà donc Burette à dix-huit ans, et pour la première fois de sa vie, sur les bancs. Une persévérance peu commune â son âge lui fit surmonter tous ces degoûts, il obtint successivement le baccalauréat, la licence, et fut reçu docteur-régent en 1600, n’ayant encore que vingt-cinq ans. Le voisinage du collège Royal lui avait fait fréquenter cet asile des sciences : il apprit les langues orientales, et sut aussi se rendre familières plusieurs de selles de l’Europe. Au bout de deux ans de doctorat, on lui confia le soin des malades de la Charité (hommes), emploi qu’il remplit pendant trente-quatre ans. En 1698, il fut nommé professeur de matière médicale. Il composa, sur ce sujet, un traité latin, qui réunit les suffrages de tous ses confrères. Il traduisit aussi et réduisit en tables les Éléments de botanique de Tournefort, et son travail servit, dans la suite, à Tournefort lui-même : En 1701, il professa la chirurgie latine. Le cours qu’il dicta dans cette occasion fut adopté par ses successeurs. Ce fut à cette époque qu’il connut l’abbé Bignon, qui le fit nommer censeur royal, et lui ouvrit, en 1705, les portes de l’académie des inscriptions. D’abord élève de Dacier, il eut en 1711 le titre d’associé, et devint pensionnaire en 1718. Dès 1706, il était un des rédacteurs du Journal des Savants, auquel, pendant trente-trois ans, il ne cessa de coopérer. On évalue à huit volumes in-4° les extraits et autres pièces qu’il y inséra. En 1710, il obtint une chaire de médecine au collège Royal ; enfin, en 1718, l’abbé Bignon, devenu garde de la bibliothèque du roi, l’attacha à ce magnifique établissement, comme chargé de la recherche des livres d’histoire naturelle et de médecine. Il est temps de parler des travaux littéraires de Burette. Dès son entrée à l’académie, il s’occupa de payer à cette compagnie le tribut, qu’elle a droit d’exiger de ses membres, et, pour ne point s’écarter de l’art auquel il s’était spécialement consacré, il dirigea d’abord ses recherches sur la gymnastique des anciens, que l’on regarde comme une des parties de l’hygiène. On sait que cette branche importante de l’éducation des Grecs se compose de deux espèces d’exercices, les orchestiques et les pales triques. La danse et la paume ou sphéristique forment la première classe ; les palestres étaient consacrées au pentathlé, c’est-à-dire aux cinq exercices les plus violents, savoir : la lutte, le pugilat, le pancrace, compose des deux premiers ; le jet du disque et la course, soit à pied, soit à cheval, soit dans des chars. Burette approfondit toutes les parties de ce vaste sujet dans les mémoires suivants, insérés parmi ceux de l’académie des inscriptions : 1° de la Gymnastique des anciens (t. 1er, p. 89 de la partie historique) : il y recherche l’origine de cet art, en fait connaître les diverses branches, et s’étend en particulier sur les gymnases d’Athènes. 2° Des Bains, considérés dans leurs rapports avec les exercices du gymnase (même vol., p. 95). 3° De la Danse des anciens : ses recherches sur ce sujet furent deux mémoires (ibid., p. 93 et 117). 4° De la Sphéristique des anciens (ibid., p. 153). 5° Avant que de s’occuper du pentathlé, il crut devoir réunir en un seul corps tout ce qui concerne les athlètes, dont il donna l’histoire en trois mémoires (ibid., p. 211, %7, 858). 6° De ce qu’on nommait Pentathlé dans la gymnastique (t. 8. p. 818). 7° De la Lutte des anciens (ibid., p. 228). 8° Du Pugîlat et du Pancrace (ibid., p. 235). 0° De lExercice du dísque ou pa1et (p. 280). 10° De la Course à pied, à cheval et dans les chars (ibid., p. 280). Ces mémoires laissent peu de chose à désirer pour