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connaître les décrets du 10 août, par lesquels l’assemblée législative prononçait la déchéance du roi, et déclara avec fermeté qu’il était l’ennemi des factieux. Destitué par les commissaires de l’assemblée, il retourna dans sa patrie. Échappé aux prescriptions de 1795, après une arrestation de quatorze mois, il travailla d’abord dans les bureaux du comité militaire, et ses conseils contribuèrent beaucoup au succès des opérations ; bientôt il obtint d’être de nouveau employé aux armées, et il se distingua en septembre 1793, au passage du Rhin près de Dusseldorf, avec le général Kléber. Peu après, se trouvant à une affaire sur les bords de la Nahe, près de Creutznach, aux côtés du général Marceau, il fut atteint a la jambe d’un boulet de canon, qui nécessita l’amputation. Il souffrit cette opération avec le même calme qu’il avait souffert celle de la pierre, étant encore enfant. Il fut nommé, vers ce même temps, membre associé de l’institut national, qui se formait. D’excellents mémoires sur diverses branches d’administration, sur des matières de philosophie, et particulièrement sur l’instruction publique, objet le plus chéri de ses méditations et de ses travaux, l’avaient fait connaître avantageusement, bien qu’il ait toujours refusé de livrer ces écrits à l’impression. Ce fut en septembre 1798 qu’il eut le bonheur d’être connu et apprécié par Bonaparte, qui méditait à cette époque l’expédition d’Égypte. Il le seconda avec zèle dans ses préparatifs, et l’accompagna en qualité de général de division, et comme chef de l’arme du génie. Il eut une part honorable à la prise d’Alexandrie, et, en général, aux succès, tant militaires que scientifiques, de l’expédition. À Suez, il partages avec le général en chef le danger d’être englouti par la marée montante, et prouva, en s’oubliant lui-même, quel haut prix il attachait aux destinées de l’homme sur qui reposaient alors celles de la France. Une mort glorieuse l’attendait devant St-Jean-d’Acre, que l’armée française attaqua en mars 1799. Le 9 avril, étant à la tranchée, il eut le coude droit fracassé d’une balle, et par suite, le bras lui fut amputé ; malgré tous les secours de l’art, il mourut des suites de cette blessure, le 27 du même mois. L’ordre du jour du lendemain s’exprimait en ces termes :

« Il emporte au tombeau les regrets universels ; l’armée perd un de ses plus braves chefs, l’Égypte un de ses législateurs, la France un de ses meilleurs citoyens, les sciences, un homme qui y remplissait un rôle célèbre. »

De Gérando a fait imprimer la Vie du général L.-M.-J.-M. Caffarelli du Fulga, membre associé de l’Institut, etc. Paris, 1801, in-8o.

V-s.

CAFFARELLI (Charles-Ambroise), frère du précédent, comme lui naquit au Falga-Villefranche (Haute- Garonne), le 15 janvier 1758. Destiné à l’état ecclésiastique, il se livra à l’étude avec autant d’ardeur que de succès. Il était chanoine de Toul a l’époque de la révolution. Emprisonné pendant la terreur, il ne recouvra la liberté qu’après le 9 thermidor. L’amitié de Napoléon pour Caffarelli du Falga, qui en mourant lui avait recommandé sa famille, ne fut pas inutile à l’abbé Caffarelli. Dés le 2 mars 1800, lors de l’organisation des préfectures, il fut nommé préfet de l’Ardéche, puis du Calvados le 2 novembre 1801, et enfin de l’Aube, le 12 février 1810. Cette dernière nomination était une disgrâce occasionnée par la faiblesse reprochée au préfet dans l’exécution de quelques mesures de police. Préfet de l’Aube, Caffarelli montra, à la fin de 1813 et au commencement de 1814, peu de zèle pour seconder le gouvernement impérial qui penchait vers sa chute. Les alliés s’étant emparés de Troyes, le préfet s’éloigna de cette ville. Le sort des armes y ayant fait rentrer Napoléon peu de temps après, il se montra fort irrité que Caffarelli ne fut pas aussitôt revenu à son poste, et il prononça sa destitution. Après la restauration, une députation du département de l’Aube vint demander au roi son ancien préfet ; mais ce vœu ne fut point exaucé, et Charles Caffarelli continua de vivre dans la retraite, où il reprit l’habit et les pratiques de son premier état. Devenu membre du conseil général de la Haute-Garonne, il en fut élu secrétaire chaque année, jusqu’à sa mort, arrivée le 6 novembre 1826. C’était un homme de bien, fort humain, plein de zèle pour l’accomplissement de ses devoirs, intègre et judicieux, joignant à des connaissances littéraires fort étendues le goût de l’agriculture et des beaux-arts : il avait fait de Virgile une étude particulière. Il s’était occupé aussi d’économie politique. Il fit imprimer, à Caen, en prairial an 9, une notice sur son frère Caffarelli du Falga, in-8o de 18 p., et inséra dans le recueil de la société d’agriculture du département de la Seine (t. 13) une bonne traduction abrégée des géoponiques grecs, dont il fit tirer à part quelques exemplaires sous ce titre : Abrégé des Géoponiques, extrait d’un ouvrage grec, fait sur l’édition donnée par Jean-Nicolas Niclas à Leipsick, en 1781, par un amateur, Paris, 1812, in-8o de 147 p. Cet extrait traduit était fort difficile à faire, et Caffarelli s’en acquitta honorablement. Dans un tel travail il y a de grandes difficultés à vaincre, surtout pour les expressions techniques, les procédés et les recettes, la désignation des végétaux et des drogues. On attribue le recueil des géoponiques grecs à l’empereur Constantin Porphyrogénète, qui l’avait fait rédiger en grec par Cassianus Bassus. La meilleure édition que nous ayons de cette collection fort curieuse est celle que Niclas donna, en 1781, avec une version latine et des notes. Peut-être Caffarelli eût-il du ajouter à sa traduction quelques rapprochements avec l’agriculture des Romains et la nôtre ; il pouvait aussi tirer parti de quelques notes de Niclas. Sans doute les travaux de l’administration dont il était alors chargé ne lui permirent pas de se livrer à cette entreprise. La traduction des géoponiques n’est pas le seul service qu’il ait rendu à la science agronomique : il seconda la nouvelle et excellente édition (qui fut donnée, en 1801, par la société d’agriculture de Paris) du Théâtre d’agriculture et ménage des champs d’olivier de Serres, auquel il lit élever un monument dans le département de l’Ardeche. C’est à Caffarelli qu’on doit