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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 6.djvu/6

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BIOGRAPHIE UNIVERSELLE.


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B


BRUN (Rodolphe), premier bourgmestre de Zurich, né vers la fin du 12e siècle, d’une famille riche et ancienne de cette ville, fut l’auteur d’une révolution qui en changea la constitution. L’empire germanique était tombé dans une espèce d’anarchie ; plusieurs princes s’en disputaient la couronne, et ces divisions avaient inspiré aux bourgeois des villes le courage nécessaire pour s’affranchir du joug des souverains et de la noblesse. L’administration de Zurich se trouvait en grande partie entre les mains d’un conseil choisi par la bourgeoisie, mais concentré depuis des siècles dans les anciennes familles. Le peuple, enrichi par son industrie, devenait peu à peu moins soumis à ses magistrats, et les accusait d'arrogance et de dilapidations. Brun, peu content du crédit et de l’influence que sa place au conseil lui donnait, accueillait et encourageait les mécontents; une insurrection éclata, et on demanda aux magistrats compte de leur conduite. Ceux-ci ne montrèrent ni union ni fermeté ; plusieurs s’enfuirent consternés ; le gouvernement fut dissous. L’assemblée générale confia une espèce de dictature à Rodolphe Brun, et, sur sa proposition, elle adopta en 1336 une forme de gouvernement nouvelle, dont la partie la plus essentielle a subsisté jusqu'en 1798, et qui fit passer le principal pouvoir de l’ancien conseil, où les nobles dominaient, à ces communautés d’artisans auxquelles la prospérité de leur profession particulière paraît toujours la mesure de la prospérité générale. La constitution de Brun établit les tribus, dont la première était formée par les nobles et ceux qui vivaient sans métier ; les gens de métier se trouvaient distribués dans les douze autres. Chacune avait son président ou tribun, élu pour six mois, par la tribu, dans son sein. Le conseil de la ville était composé de ces tribuns, des conseillers tirés de la tribu des nobles, et du bourgmestre, place qui avait été conférée pour la vie à Rodolphe Brun. L’empereur Louis de Bavière, qu'il avait prévenu contre les magistrats déposés, le confirma dans sa nouvelle autorité. Ceux-ci trouvèrent un protecteur dans la personne du comte Jean de Habsbourg, seigneur de Raperschwyl, qui combattait pour eux. Brun triompha de leurs efforts, et montra dès lors plus de rigueur contre ses adversaires ; on confisqua les biens des fugitifs, et on fit périr ceux qui étaient restés. Le ressentiment des familles abaissées augmenta en proportion, et, dans la quatorzième année de l’administration du bourgmestre (en 1350), un complot fut formé contre ses jours : les grands seigneurs du voisinage y entrèrent, et le jour fut fixé pour l’exécution. Une imprudence le fit découvrir. Le bourgmestre fit périr sur la roue et sur l’échafaud trente-sept des coujurés ; il alla ensuite assiéger, brûler et détruire la ville de Raperschwyl, dont les habitants avaient pris parti pour leur seigneur. Sa cruauté ne pouvait que lui attirer de nouveaux ennemis. Menacé de la vengeance des ducs d’Autriche, dont les comtes de Habsbourg, seigneurs de Raperschwyl, étaient les parents et les vassaux, il se vit dans la nécessité de demander aux quatre cantons confédérés leurs secours, et de rechercher leur alliance. Elle offrait de grands avantages aux uns et aux autres, et l’accession de Zurich à la confédération naissante, si faible encore, ne pouvait qu’augmenter sa force, et consolider son existence. L’alliance fut consommée et jurée à Zurich : elle s’étendit peu après sur Glaris et Zug. Le duc Albert d'Autriche faisait la guerre à la confédération, combattant pour ses droits lésés ; l’Empereur le soutenait ; ses ambassadeurs avaient su gagner le bourgmestre de Zurich, qui, moyennant une pension qu’on lui assurait, et une somme d’argent qu’on lui paya, souscrivit des engagements plus qu’équivoques, et que les confédérés trouvèrent contraires au serment que Zurich leur avait prêté. Le duc Albert mourut sur ces entrefaites, et Rodolphe Brun ne lui survécut que peu de temps. Il mourut le 18 octobre 1360. Sa veuve et ses fils furent bannis plusieurs années après, comme auteurs et complices d’assassinats et de meurtres. Sa famille n’existe plus depuis longtemps. Jean de Muller, dans son Histoire des Suisses (t. 2), a développé d'une manière très-intéressante le caractère révolutionnaire et violent de Rodolphe Brun.

BRUN, ou BRUEN (Antoine), d'une ancienne famille de Franche-Comté, naquit à Dôle, en 1600. 11 fit ses études à l'université de cette ville, où il se distingua par une grande application et une rare facilité. Il avait à peine dix-huit ans, qu'il s'était déjà fait connaître par quelques pièces de vers. Lorsqu'il eut achevé son cours de droit, il embrassa la profession d'avocat, où il acquit une grande réputation. En 1632, il fut nommé procureur général