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coup de cette place, on ne saurait, sans injustice, lui refuser un véritable talent poétique. Plusieurs de ses compositions offrent des beautés ; et Crescimbeni le regarde comme un des poètes italiens qui se sont le plus approches d’Anacréon. (Voy. la Storia della volgar poesia.) Son recueil est intitulé : Sonetti, capitoli, canzone, sextine, stanze e strambotti, composte in laude di Clitia. La 4e édition est de Florence, Glunta, 1505, in-8°. Elle est très-rare, même en Italie. La réimpression faite en 1544 par le même imprimeur est presque aussi recherchée. Il en existe un magnifique exemplaire sur vélin à la bibliothèque de la Crusca. Van Praët en a donné la description dans son Catalogue des livres imprimés sur velin, 2e part., t. 8, p. 844. Quelques bibliographes citent une édit. du recueil de Cei, Florence, 1507, in-8°, mais on n’en connaît aucun exemplaire.


CEILLIER (Rémi), savant bénédictin, né en 1688, à Bar-le-Duc, entra fort jeune dans la congrégation de St-Vannes et de St-Hydulphe, y occupa divers emplois, devint prieur titulaire de Flavigny, et mourut le 17 novembre 1761, après avoir été président de sa congrégation. Barbeyrac ayant avancé dans la préface de sa traduction du Droit de la nature et des gens, de Puffendorff, que et presque tous les Pères des six premiers siècles sont « tombés, au sujet de la morale, dans des erreurs grossières,» D. Ceillier réfuta ce paradoxe dans son Apologie de la morale des Pères de l’Église contre les accusations de Jean Barbeyrac, Paris, 1748, in-4°. Ce livre est diffus, mais très-solide. Barbeyrac y répondit par son Traité de la morale des Pères de l’Église, Amsterdam, 1728, in-4°. L’ouvrage par lequel ce docte bénédictin est le plus connu est une Histoire générale des auteurs sacrés, ecclésiastiques et profanes, Paris, 1729-1765, 25 vol., in-4°, dont le dernier, publié deux ans après la mort de l’auteur, commençait l’histoire des scolastiques, et s’étend depuis Pierre Lombard jusqu’à Guillaume d’Auvergne (le 15e siècle). Il faut y joindre un 24e volume de tables, rédigées par Rondet et Drouet, d’après celles que D. Strohbol avait faites pour chaque volume particulier. Ce grand ouvrage, estimé pour son exactitude, plus complet que celui de Dupin en ce qu’il contient l’histoire de plusieurs écrivains omis par ce dernier, lui est peut-être inférieur du côté de l’analyse des ouvrages ; mais ce défaut est racheté par l’étendue que le bénédictin donne aux siennes, lesquelles peuvent en quelque sorte suppléer à la lecture des traités. L’auteur s’y attache surtout à donner une juste idée de la doctrine de chaque Père ; à bien faire connaître les dogmes, la morale et la discipline des premiers siècles. Il porte son jugement sur le mérite, le style, le génie des divers écrivains, et marque toutes les éditions selon l’ordre des temps où elles ont été données. Tout cela et beaucoup d’autres circonstances en rendent la lecture intéressante et instructive. Benoît XIV témoigne à l’auteur sa satisfaction par deux brefs, où il loue sa personne et son ouvrage.


CELER, architecte romain, vivait sous le règne de Néron. Ce fut par l’ordre de ce prince qu’il construisit, de concert avec Sévère, autre architecte renommé, ce palais devenu si fameux par son étendue et par les richesses qui y étaient prodiguées, et qu’on nomme la Maison dorée. Ces deux artistes y avaient réuni tout ce que l’orgueil, la mollesse et la magnificence peuvent exiger des derniers efforts de l’art. Sa vaste enceinte embrassait les mont Palatin et Esquilin. Le marbre, l’albâtre, le jaspe, la nacre, l’or, l’ivoire et les pierres précieuses enrichissaient les lambris, les voûtes et le pavé des appartements ; des galeries composées de plusieurs rangs de colonnes, et longues d’un mille, formaient un magnifique portique, au milieu duquel s’élevait la statue du tyran, haute de 120 pieds. Une des salles de cet édifice merveilleux était couverte par une voûte tournante, dont les ornements représentaient les astres et le firmament. On faisait tomber à volonté de ce ciel factice une pluie d’eaux parfumées et d’essences précieuses. Les jardins, d’une étendue prodigieuse, renfermaient une multitude de bâtiments de tout genre, des lacs immenses, et toutes sortes d’animaux sauvages et domestiques. La Maison dorée disparut avec le monstre qui l’avait construite. Vespasien rendit le terrain aux Romains, et bientôt, sur ses ruines, s’élevèrent le Colisée et le temple de la Paix, dont les débris majestueux subsistent encore.

CELERIN (Saint), lecteur de l’Église de Carthage, dans le 5e siècle, appartenait à une famille connue parmi les chrétiens par son zèle et son attachement à la foi. Sa grand-mère, Ste. Célerine, avait reçu la couronne du martyre ; deux de ses oncles, St. Laurentin, frère de son père, et St. Ignace, frère de sa mère, avaient également perdu la vie en confessant Jésus-Christ. St. Célerin était à Rome quand l’empereur Dèce suscita contre les chrétiens la persécution qui l’a rendu tristement célèbre (250). Il fut un des premiers arrêté, chargé de chaînes, et jeté dans un cachot où il eut beaucoup à souffrir. Conduit enfin devant l’empereur, il l’étonna par la hardiesse de ses réponses, et obtint sa liberté. Selon quelques hagiographes, Célerin, après avoir séjourné quelque temps en Afrique, fut envoyé par St. Cyprien vers les chrétiens de Rome, et a son arrivée dans cette ville, il apprit que sa sœur Lucérie avait eu la faiblesse de sacrifier aux idoles. Le saint exhala sa douleur dans deux lettres adressées à St. Cyprien, et qui se trouvent dans celles de cet évêque, publiées pour la première fois à Rome 1471, in-fol. De retour en Afrique, il alla trouver St. Cyprien dans sa retraite, et fut ordonné lecteur avec Aurèle, qui devint plus tard archidiacre de l’Église de Carthage. (Voy. Aurèle.) St. Célerin continua d’édifier le clergé et les fidèles par sa piété et ses vertus, jusqu’à sa mort, dont on ignore l’époque précise. L’Église célèbre sa fête le 5 février. (Voy. Bollandus ; St. Cyprien, Epist. ; Tillemont, Mémoires pour servir à l’hist. ecclésiast., et Baillet, Vies des saints, au mois de février.) — Il ne faut pas confondre St. Célerin avec un autre Célerin, ou Macaire, qui, se trouvant à Rome lors de l’élection du pape Corneille, abandonna le parti