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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 7.djvu/382

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bannes joignait à une naissance illustre un rang élevé dans l’État, et un grand mérite personnel. Il commanda expédition dont le roi le chargea contre le duc de Nemours, le sire d’Albret, les comtes de Foix et d’Armagnac. Jamais sujet ne reçut d’un souverain des pouvoirs plus étendus. Il pouvait disposer des biens des rebelles, les punir ou leur pardonner. Les princes effrayés se soumirent, et Chabannes pardonna. En 1411, la guerre étant de nouveau rallumée entre Louis et le duc de Bourgogne, Chabannes se distingua par d’audacieuses entreprises que le succès justifia. Charles le Téméraire se hâta de demander une trêve, dont Chabannes fut nommé l’un des conservateurs. Après l’expiration de la trêve, il se signala par divers exploits dans la Picardie et dans les Pays-Bas. Il pesait alors pour le modèle des guerriers. Pierre de Rohan, maréchal de France, son ami, lui fit un jour demander l’épée dont il se servait dans les combats : « Je veux garder, lui écrivit Chabannes, les statuts du défunt roi, qui ne voulait point qu’on donnât à son ami chose qui piquât ; mais je l’envoie à Bajaumont, qui vous la rendra ; » et il chargea Bajaumont de vendre, pour six blancs, cette épée à un pauvre, de faire dire, avec ce prix, une messe à monsieur St. George, de racheter ensuite l’épée, et de la remettre au maréchal de Rohan. Cbabannes devint enfin suspect au prince le plus sombre et le plus déliant qui ait régné sur la France. Il ne fut plus employé dans la guerre ; mais Louis lui conserva son office de grand maître, et il lui écrivit : « Je n’oublierai jamais les grands services que vous m’avez faits, pour quelque homme qui en veuille parler. » Chabannes, dans sa vieillesse, vivait retiré de la cour, lorsqu’en 1485, Charles VIII lui donna le gouvernement de l’île-de-France et de Paris. Il mourut le 25 décembre 1488, à l’âge de 71 ans. Duplessis, gentilhomme bourguignon, fit imprimer les Vies de Jacques et Antoine de Chabannes, Paris, 1617, in-8°. On trouve à la bibliothèque royale, sous le n° 8451, un manuscrit intitulé : Mémoires de la vie d’Antoine de Chabannes, extraits des titres et généalogie de sa maison, in-fol. On peut aussi consulter les mémoires sur la maison de Chabannes par l’abbé de Chabannes, Paris, 1759, 5 parties in-8°.

V-ve et B-g-t.


CHABANNES. Voyez Palice (de La).


CHABANNES (Jean de), seigneur de Vandenesse, surnommé le Petit Lion, digne frère de Jacques de Chabannes, seigneur de la Palice, fit prisonnier, à la journée d’Agnadel, le fameux général d’Alviano, et le présenta à Louis XII sur le champ de bataille. Il contribua beaucoup au succès de la journée de Marignan. En 1521, forcé de rendre à Pescaire la ville de Como, où il s’était renfermé a la hâte, et sans munitions, avec sa compagnie de cinquante lances et cinq cents aventuriers français, il obtint une capitulation honorable ; mais, au mépris des conditions signées, Como fut livrée au pillage, et la garnison perdit une partie de ses équipages.

Vandenesse écrivit à Pescaire pour lui offrir de le convaincre, en combat singulier, qu’il s’était comporté en perfide et en lâche. Pescaire rejeta tout ce qui s’était passé sur l’indocilité des troupes, et ajouta que si Vandenesse persistait à l'inculper, il mentirait méchamment, et qu’il l’en convaincrait les armes à la main. Vandenesse envoya jeter le gage de bataille ; Pescaire le releva. Cependant il fut convenu, de part et d’autre, que, pour vider leur querelle, ils attendraient que la paix ou une trêve entre leurs souverains les rendit libres de disposer de leurs vies ; mais Vandenesse mourut avant la fin de la guerre. Il se distingua, par de beaux faits d’armes, à la malheureuse journée de la Bicoque. Lors de la retraite de Rebec, en 1524, Bonivet lui confia la garde de l’artillerie. « Oui, dit-il, je vous la garderai, je vous en assure, tant que je vivrai, ou j’y mourrai. › Et il tint parole. Il soutenait, avec Bayart, tout l’effort des ennemis, lorsqu’ils tombèrent l’un et l’autre mortellement blessés en même temps. « Vandenesse, dit Brantôme, était fort petit de corsage, mais très-grand de courage ; de sorte que, dans les vieux romans, on l’appelait le Petit Lion. »


CHABANNES (Jean Baptiste-Marie-Frédéric, marquis de) pair de France, ne le 21 septembre 1770, entra de bonne heure dans la carrière militaire, émigra au commencement de la révolution, servit dans l’armée de Condé, et fut fait chevalier de St-Louis. Après le licenciement de cette armée, il passa en Angleterre, où il se livra à plusieurs spéculations commerciales, notamment à celle des charbons épurés et de l’éclairage de la ville de Londres. Rentré en France après le 18 brumaire, le marquis de Chabannes y organisa, avec le secours de Talleyrand son parent, un service de voitures publiques connues sous le nom de Vélocifères, a l’imitation des voitures publiques d’Angleterre ; mais il ne devait pas profiter de cette spéculation, qui depuis a eu tant de succès en d’autres mains. Il avait renoncé depuis longtemps aux entreprises industrielles, lorsque, dans le mois d’avril 1814, il se rendit à Londres au-devant de Louis XVIII, le précéda à Calais, disposa tout pour son débarquement, se rendit ensuite a Lille, avec le titre d’aide de camp du roi, et décida le lieutenant général liaison à venir avec son état-major faire sa soumission a ce monarque. Avant la journée du 31 mars, le marquis de Chabannes avait fait un appel aux royalistes dans les départements du Nord. Il se présenta, le 14 octobre suivant, devant le roi, à la tête d’une députation de Château-Chinon, pour le féliciter de son retour et l’assurer du dévouement des habitants de cette ville. Pendant les cent-jours, il se retira à Londres et publia des Lettres à H. de Blacas (avril 1815, broch. in-8°), dans lesquelles il lui adressait d’amers reproches, et déplorait avec beaucoup d’énergie et de vérité la faiblesse de Louis XVIII pour ce ministre inhabile. À la même époque, il fit paraître les brochures suivantes : Aperçu historique et politique des fautes commises depuis la bataille de Leipsick jusqu’à la nouvelle révolution qui vient de s’opérer ; —Aux Français : deux mots de vérité à chacun selon son état ; — Procès-verbal d’une assemblée tenue à